Les richesses du monde associatif réunionnais illustrées au Marché des Associations au Port

Non seulement le peuple réunionnais existe, mais il doit aussi détenir le pouvoir de construire lui-même le développement durable de son pays

10 septembre 2013

La 9ème édition du Marché des Associations s’est déroulée avec un grand succès samedi dernier au Complexe sportif municipal du Port. Pas moins d’une cinquantaine d’associations socioculturelles et sportives ont contribué à la réussite de cette journée, organisée par la Maison des Associations, où le public a apprécié l’ambiance chaleureuse, amicale et riche en échange d’idées, mais aussi en prestations artistiques. Elle a montré la richesse créative du mouvement associatif réunionnais et sa dynamique, qu’elle peut continuer à renforcer en unissant ses forces dans le respect de sa diversité afin de changer notre société et permettre au peuple réunionnais d’entrer dans l’ère de la responsabilité.

L’ouverture de la journée avec le maire du Port, Jean-Yves Langenier, Julienne Célesti, présidente de la Maison des Associations, et Maïté Carpanin, présidente de l’Association Portoise de Solidarité et d’Amitié (APSA).
(photos A.D. et L.B.)

Le Marché des Associations — édition 2013 — a été ouvert en début de matinée par Julienne Célesti, présidente de la Maison des Associations, qui a remercié les nombreuses associations ayant participé à cet événement sur le thème du "Défi Handicap" et dans le cadre du 350ème anniversaire du peuple réunionnais. Elle était entourée par Maïté Carpanin, présidente de l’Association Portoise de Solidarité et d’Amitié (APSA), et par le maire du Port, Jean-Yves Langenier, qui a souligné l’importance de continuer à renforcer les liens du monde associatif pour transformer notre société.

Tout au long de la journée, les militants des associations ont pu se rencontrer, échanger des informations et des idées sur leurs actions et organiser des activités ensemble pour le public présent. Ces activités ont été marquées notamment par la qualité des prestations artistiques, musicales, sportives et autres des nombreux intervenants bénévoles, à la fois dans le gymnase et à l’extérieur de cette grande salle.

Une rando-vélo-mémoire

Le public a beaucoup apprécié la quantité, la qualité et la diversité de ces actions socio-éducatives, sportives et culturelles ainsi que l’ambiance au parfum de fraternité réunionnaise qu’elles ont dégagée. Cette ambiance était également présente dans les différentes rencontres organisées par diverses associations en guise de "tables rondes", comme par exemple : "Quelle égalité pour les personnes handicapées ?", "Pour des transports en commun adaptés aux besoins d’un million d’habitants", "La colonisation israélienne des territoires palestiniens occupés"…

Autre exemple : la rando-vélo-mémoire organisée par le Comité Réunionnais de Promotion du Vélo avec l’Office municipal du Sport pour faire connaître les avantages du vélo à la fois comme moyen de déplacement et comme moyen de mieux connaître l’Histoire du peuple réunionnais. Cette balade s’est faite autour du Port pendant une heure et demie, avec cinq petites pauses sur des lieux de mémoire : le rond-point des Danseuses, avec un regard sur le piton Cimendef, en hommage à Tsimandefitra, cet esclave marron dont le nom signifie "Celui qui ne courbe pas la tête" ; le rond-point du Sacré Cœur, où fut assassiné en 1978 le jeune Rico Carpaye, un des sept martyrs réunionnais de la violence électorale menée par le pouvoir néocolonial depuis les années 40 ; l’espace de l’ancien aéroport réunionnais entre le cimetière de La Possession et l’avenue Raymond Mondon au Port (appelée autrefois la rue de l’Aéroport) ; le sentier du littoral Nord, avec les signes des érosions côtières au cours des dernières décennies ; enfin, le square Jean XXIII, à côté du siège du Territoire de la Côte Ouest, cette zone cultuelle unique au monde, réalisée par Paul Vergès, et qui symbolise l’interculturalité réunionnaise.

Un peuple menacé de disparition

Dernier exemple des actions menées au cours de cette belle journée ; il s’agit de la table ronde animée par Henri Diogo, le vice-président du Cercle philosophique réunionnais, sur le thème : "Existe-t-il un peuple réunionnais ?". Plus d’une vingtaine de personnes — dont plusieurs experts — ont participé à cette rencontre très riche en idées, en particulier la philosophe Brigitte Croisier, l’historien Sudel Fuma et l’artiste, président du Komité Éli, Maximin Boyer.

Ce qui fut particulièrement intéressant, c’est que tous les participants à la table ronde ont souligné avec force face aux négationnistes et assimilationnistes que le peuple réunionnais, né il y a 350 ans, existe bel et bien, n’ayant cessé de grandir non seulement en nombre bien sûr, mais aussi et surtout dans la construction de son identité spécifique ainsi que ses combats face au système colonial. À partir de là, un autre large accord s’est exprimé entre les divers intervenants sur les nouveaux défis à relever par ce peuple : que va-t-il faire pour assumer ses responsabilités dans la construction de son avenir, pour continuer à résister aux amalgames, oppressions et injustices du système néocolonial et pour faire respecter le droit à une gouvernance démocratique réunionnaise ? Autrement dit, non seulement le peuple réunionnais existe, mais il doit aussi détenir le pouvoir de construire lui-même le développement durable de son pays, sinon il est menacé de disparition, comme l’humanité elle-même.

Correspondant

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