Commémoration de l’abolition de l’esclavage

Nou va tienbo flanbo-là

22 décembre 2004

Les festivités du 20 désanm ont été marquées par la pluie, le week-end dernier. Les Réunionnais ont quand même tenu à célébrer cet événement incontournable de notre histoire.

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Cette année, les festivités ont été marquées par la reconnaissance officielle des acteurs culturels, notamment du Rwa Kaf, décédé en juillet dernier. Il a été honoré lundi du titre de “zarboutan nout kiltir”, en présence du ministre malgache de la Culture, Jean-Jacques Rabenirina, et du secrétaire général de la commission nationale française à l’UNESCO, Jean-Pierre Boyer.
Vendredi dernier, chez la famille Barivoitse, cela avait été largement souligné, particulièrement lors de la projection de films donnant la parole à Granmoun Lélé, Gérose Barivoitse dit “Rwa Kaf” et Firmin Viry.
Le maloya n’est pas mort. Notre culture n’est pas vouée à une mort certaine. Il faut simplement la transmettre aux générations futures. La plupart des maloyèr ont joué le jeu, et ont participé de concert à la transmission de cette culture.
Les passeurs culturels, qu’ont été Granmoun Baba, Granmoun Lélé et le Rwa Kaf, ont permis à plusieurs générations de Réunionnais de connaître cet héritage, qu’il faudra maintenant savoir conserver. Nous pouvons dire fièrement que cela se fait.

"Tenir la rasine nout kiltir"

Nous ne connaissons plus l’oppression coloniale, comme elle s’exprimait dans les années 1960 et 1970. Le maloya était alors interdit. "Zot [les esclaves et leurs descendants] lavé la liberté, mé zot mizik té interdi" explique alors Gramoun Lélé, dans un documentaire de Georges Teillay. Ce qui a eu pour conséquence directe la non-reconnaissance de cette musique traditionnelle auprès de la population réunionnaise, qui heureusement a survécu grâce à la transmission familiale et orale.
C’est dans les années 1980 qu’enfin le maloya sort du fénoir. Firmin Viry notait à juste raison le rôle du Parti communiste réunionnais qui, en 1976, éditait un 33 tours, avec une place de choix pour le maloya. Enfin il rencontrait son public.
En 1981, l’interdit était levé. Le maloya sortait du champ de cannes pour se livrer sur les scènes de l’île. Aujourd’hui, les principaux gardiens de cette musique souhaitent que la jeunesse réunionnaise profite de cette liberté d’expression pour faire valoir ce mode d’expression.
"I fo tenir la rasine nout kiltir", explique Firmin Viry dans le documentaire. Le Rwa Kaf et Granmoun Lélé partageaient quant à eux la même vision des choses. Ils déclaraient que leurs enfants respectifs tiendraient le flambeau. Nous en sommes convaincus, mais restons vigilants. Tous doivent veiller à la transmission de notre culture réunionnaise, issue de cultures millénaires. Cela devrait permettre de mettre notre pays en valeur, car c’est le fruit du travail, du combat, du sacrifice de nos ancêtres.

Bbj


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