La pose de la première pierre du Lycée Saint-Paul 4 - 3ème Lycée Haute qualité environnementale (HQE)- par Paul Vergès, hier matin à la Plaine Saint-Paul, coïncide avec la première célébration nationale de la journée des “Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions”. Il suggère évidemment de nommer cet établissement scolaire “le Lycée du 10 mai”. Cette annonce n’a pas surpris Alain Bénard, le maire de Saint-Paul, ni Alain Mancini, le sous-préfet de Saint-Paul et encore moins Huguette Bello, députée et signataire de loi de l’esclavage comme crime contre l’humanité.

"La fin d’un cycle et le début d’un autre"

Pour Paul Vergès, "la pose de cette pierre le 10 mai n’est pas due au hasard". Cette inauguration symbolise "la fin d’un cycle et le début d’un autre". Il considère que "nous entrons dans une période où nous devons prendre conscience de la réalité". Le prix du pétrole ne cessera d’augmenter dans les années à venir. Ces hausses annoncent sur une période plus ou moins longue la fin du règne de l’or noir.

Bâtir La Réunion de demain

Sur quelles sources d’énergies devons-nous bâtir La Réunion de demain ? Paul Vergès a invité le public, mais au-delà l’ensemble des Réunionnais, à porter leurs réflexions sur cette préoccupation essentielle. Il y va de la vie des hommes et de la Terre. "Nous devons trouver nos propres solutions et changer nos modèles de valeurs", glisse-t-il à l’assistance. "Nous avons une responsabilité vis-à-vis des générations futures", se soucie-t-il.

250.000 habitants de plus

Très rapidement aussi, La Réunion comptera 250.000 habitants de plus. Ils devront bénéficier obligatoirement d’une solide éducation et surtout d’un emploi. La réalisation de ce lycée arrive au moment même où notre île est sollicitée par les pays de la Zone océan Indien. Les diplômés(es) réunionnais(es) sont dotés(es) de compétences variées. Ils apportent déjà leur savoir-faire et leur savoir-être à ces pays par le biais des Volontaires du progrès. C’est une démarche de co-développement.

De 1 à 42 lycées

Ce prochain lycée - fin des travaux juin 2007 - accueillera 1.120 élèves (voir encadré). "Il y a 50 ans, La Réunion disposait d’un unique lycée. Avant la décentralisation, elle comptait 16 lycées en service. Depuis le transfert des compétences, et pour faire face aux besoins, la Région Réunion a construit 26 lycées. À la rentrée de 2005, on comptabilise 42 lycées publics", relève Paul Vergès. Aujourd’hui insiste-t-il, "la collectivité doit livrer un lycée tous les 18 mois". Cette préoccupation répond à un besoin de croissance démographique.

Ces ouvriers ont là aussi une lourde responsabilité

Les nombreux ouvriers qualifiés œuvrant à la sortie de terre de ce lycée "vont créer des conditions pour des jeunes hautement qualifiés", dit-il en les regardant. Ces ouvriers ont là aussi une lourde responsabilité. Ils bâtissent le futur de la jeunesse réunionnaise. Pour Alain Bénard, le maire de Saint-Paul, les élèves de cette structure devront "apprendre et se former dans et à la diversité". Mais pour le premier magistrat de la ville qui a accueilli les premiers habitants, "nous devons nous préserver d’une certaine forme de mondialisation. Celle qui est relayée par les séries américaines". Elles crèvent le petit écran réunionnais.

Jean-Fabrice Nativel

"Nous portons en nous le signe de l’égalité des êtres humains"

La première pierre du Lycée Saint-Paul 4 est posée un 10 mai. L’occasion pour Paul Vergès de souligner l’empreinte laissée à La Réunion par la pire des choses mises en place par des hommes : l’esclavage. Récemment, la France l’a reconnu comme crime contre l’humanité. Aujourd’hui, elle célèbre la journée des “Mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions”. La Réunion honore la mémoire de milliers et de milliers d’esclaves tous les 20 décembre depuis peu d’années.
Selon Paul Vergès, "nous sommes tous Réunionnais, des filles et des fils d’immigrés". Ils viennent "de Madagascar, d’Afrique, de la Chine, de l’Inde, de l’Europe, sans oublier les engagés vietnamiens, rodriguais et des Îles Salomon". Tous les Réunionnais sont "des Malgaches, des Africains, des Chinois, des Indiens", observe-t-il. Pour lui, "nous portons en nous le signe de l’égalité des êtres humains". Maintenant, il s’agit de savoir "si nous en sommes dignes".

"Enseignements général et professionnel à dominante biochimie de l’environnement"

À la rentrée 2007, le Lycée Saint-Paul 4 accueillera 1.120 élèves. Le Conseil régional a investi dans cet outil de professionnalisation "36 millions 822.220 euros TTC avec un cofinancement du FEDER de 11 millions 683.000 euros. Le lycée a vocation d’être un établissement public d’enseignements général et professionnel à dominante biochimie de l’environnement". Les enseignements formeront des conducteurs machine automatisée de conditionnement, des employés technique de laboratoire, des gestionnaires des déchets et propreté urbaine (CAP). En BEP, une spécialisation à l’industrie chimique biologique et traitement des eaux leur est proposée. En Bac-pro à l’hygiène et environnement, à la bio-industrie de transformation. Les élèves peuvent s’inscrire au Bac général ou en BTS biochimie.

Le label Haute qualité environnementale

Ce lycée porte le label Haute qualité environnementale (HQE). Pour sa sortie de terre, Jean-François Delcourt, l’architecte mandataire de l’équipe de maîtrise d’œuvre, a apporté une attention particulière à divers aspects. Grâce à une bonne orientation, cet établissement scolaire bénéficiera "d’une ventilation naturelle traversante et des espaces verts. Les dispositions des plans de masse mettent à l’écart les locaux émetteurs de nuisance. Les eaux pluviales seront traitées de manière spécifique. Ce projet favorise le drainage des eaux de pluies. Il a été conçu pour accueillir une ferme photovoltaïque. L’eau chaude sanitaire est assurée par une production d’eau chaude solaire".

J.-F. N.

Sources : dossier de presse du Conseil régional