Religions et société

« Nous sommes les handicapés d’une fausse croissance, qui laisse trop d’exclus sur le bord de la route »

À l’occasion de Noël, l’évêque de La Réunion prononce une homélie à forte

2 janvier 2004

Les circonstances ont fait que j’ai passé la soirée du 24 décembre à la case et que j’en ai donc profité pour suivre à la télévision une bonne partie de la messe de la nativité célébrée par Mgr Gilbert Aubry à la cathédrale de Saint-Denis et retransmise par Télé-Réunion. Cette célébration fut marquée par quelques gestes symboliques et par plusieurs passages de l’homélie de l’évêque de La Réunion portant sur les grands problèmes sociaux de notre temps à La Réunion et dans le monde.
Parmi ces gestes symboliques forts et émouvants, on a pu voir et entendre une personne mal-voyante, Jocelyne, lire avec ses mains un texte en braille du prophète Isaïe exaltant la marche des peuples vers la liberté.
« En cette Année internationale des personnes handicapées, a dit l’évêque, Jocelyne nous aide à comprendre que le handicap le plus fort, ce n’est point de ne pas voir ou de ne point entendre, ce n’est point de ne pas marcher ou de ne pas pouvoir se servir de ses mains ; le handicap le plus profond, c’est celui de ne pas être aimé, de ne pas pouvoir aimer, de ne pas être intégré dans une communauté humaine où vous êtes reconnu pour une personne et qui vous permet d’apporter quelque chose, de partager à la mesure de ce que vous êtes et non pas d’abord par le poids de votre puissance financière, sociale ou politique ».
Évoquant le texte d’Isaïe et ce « peuple qui marchait dans les ténèbres [et] a vu se lever une grande lumière », Mgr Gilbert Aubry a notamment déclaré : « Aujourd’hui encore, l’humanité marche dans les ténèbres parce que ses puissances techniques ne sont pas mises au service de l’intériorité, au service des relations humaines, au service de l’amour. Nous sommes les handicapés d’une fausse croissance, qui laisse trop d’exclus sur le bord de la route ».
Abordant une question politique d’actualité, l’évêque de La Réunion a prôné le dialogue et la coopération entre tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances : « Nous sommes d’égale dignité. Et c’est parce que nos diversités ne sont pas des menaces à l’unité, que nous pouvons ensemble apprendre à mieux nous connaître, nous convertir au meilleur de nous-même et construire ensemble notre unique "communauté de destin", où les uns ne peuvent pas exister sans les autres », a conclu Mgr Aubry.


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