Une contribution d’Ankraké —1—

Nyabou An Kréol

20 février 2009

Ce soir à Saint-Pierre, à l’Esplanade de la Liberté à Terre-Sainte, Ankraké organise un débat relatif au mouvement social et aux changements qu’il est en train de provoquer. Ankraké a fait parvenir à ’Témoignages’ une contribution à ce débat, en voici la première partie.

« Nous disons que le temps est venu de considérer notre potentiel et de nous battre pour assumer nos devoirs. Nous disons qu’il faut que cesse la peur, que cesse le chantage au largage, mais que soit renouvelé le contenu d’une vraie collaboration choisie et partagée. Nous disons que pour réussir une telle entreprise, il est primordial que chaque Réunionnais soit développé, encouragé dans sa fierté d’être Réunionnais, incité à prendre des risques calculés, à innover et à ouvrir des chantiers nouveaux » affirme Ankraké qui invite toutes les personnes qui veulent un vrai changement à venir le dire lors du débat public ce soir de 18h à 20h sur le parvis de l’Esplanade de la Liberté à Terre-Sainte (Saint-Pierre).

Nous sommes solidaires des collectifs guadeloupéens, martiniquais et réunionnais qui protestent contre la vie chère. Nous respectons l’initiative de dénonciation, de revendication et d’engagement des syndicats et des associations pour trouver des solutions face à la gravité de la situation sociale, économique et politique de nos territoires. Nous condamnons la répression qui a commencé à se manifester en Guadeloupe. La force publique ne peut pas être la réponse à la souffrance et à la détermination des populations devant les difficultés qui les touchent dans leur chair.

Pour autant, La Réunion n’est ni la Guadeloupe, ni la Martinique, ni aucune des terres sur lesquelles a été pratiqué le système esclavagiste. Elle n’est pas davantage la Nouvelle-Calédonie, Saint-Pierre et Miquelon, Mayotte ou toute autre terre française de l’Outre-mer.

Nous sommes Réunionnais

Pour autant également, nous disons que la crise de société qui est en mouvement dans ces territoires d’Outre-mer a besoin, en complément de la démarche de revendication, d’une réflexion qui nous inscrit dans le long terme. Ce qui se passe aujourd’hui est la suite logique de ce que nous entretenons depuis plusieurs années, c’est-à-dire les conséquences d’une politique de colonisation et d’assimilation. Cette politique ne permet pas de libérer les marges de manœuvre, la créativité, la responsabilité et de s’engager réellement dans une stratégie de développement basée sur nos réalités.

Revendiquer nous place dans la position de remettre les solutions dans la volonté exclusive de l’Etat. Or, c’est bien avec ce mécanisme qu’il nous faut avoir la lucidité et le courage de rompre. Revendiquer nous met devant le risque de l’enlisement et de l’échec, car tant bien même l’Etat s’y risquerait, la situation économique ne permet plus de tenir la politique de la manne. Que ferons-nous demain, en admettant que les demandes immédiates soient satisfaites ? Les réponses qui en découleraient sont-elles de nature à résoudre les problèmes de fond qui tuent notre société : pauvreté, injustice, mal développement, violence, chômage, illettrisme…

(à suivre)

Lutter contre la vie chèreGuadeloupeMartinique

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Messages

  • Que veut dire cette affirmation malheureuse selon laquelle La Réunion n’aurait pas été une terre esclavagiste ? Faire la balance entre les océans Atlantique et Pacifique c’est bien mais que faut-il penser de notre océan ?


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