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Menace sur un cimetière d’esclaves à La Rivière des Pluies - I -
24 avril 2004
Mercredi dernier, une étudiante en anthropologie alertait le GRAHTER sur la « destruction d’un cimetière d’esclaves d’enfants » à La Rivière des Pluies. Elle pensait que le petit cimetière d’esclaves allait être rasé par un bulldozer, au vu de la construction qui se prépare sur une parcelle mitoyenne de ce site historique. Le GRAHTER et l’association Rasine Kaf, qui se sont saisis de l’affaire, mettent le doigt sur le manque de protection des sites patrimoniaux liés à l’esclavage.
Jeudi dernier, Marc Kichenapanaïdou, président du GRAHTER, tirait la sonnette d’alarme sur la perspective de voir « détruire un cimetière d’enfants d’esclaves », à La Rivière des Pluies. Il avait tôt fait d’alerter les forces de l’ordre pour empêcher une catastrophe historique. Enquête sur une fausse-vraie alerte...
Un cimetière d’esclaves redécouvert inopinément à La Rivière des Pluies, à Sainte-Marie. Le GRAHTER et l’association Rasine Kaf, membre du Kolèktif respèk nout mémwar, demandent la préservation et la réhabilitation de ce site historique. (photo Bbj)
Jeudi, la presse se faisait l’écho de l’inquiétude de passionnés d’archéologie. En effet, alerté par une étudiante en anthropologie, le GRAHTER (Groupe de recherche sur l’archéologie et l’Histoire de la terre réunionnaise) avait averti les gendarmes de la "destruction d’un cimetière pour enfants d’esclaves", situé derrière le supermarché Skal de La Rivières des Pluies, à Sainte-Marie. Ces derniers, après constatation sur le terrain, se rendent compte que les travaux ne concernent pas la parcelle (N°428, section AV, service cadastral de la Mairie de Saine-Marie, terrain communal) abritant ledit cimetière.
Les bulldozers gagnaient la parcelle de Dominique Fontaine (N°499, section AV, service cadastral de la Mairie de Sainte-Marie), qui y construit une maison d’habitation selon les règles d’usage, sans altération visible du site historique. Un permis de construire lui a été délivré, en date du 4 mars dernier, selon toutes formalités habituelles, nous garantissent les services cadastraux de la Mairie de Sainte-Marie. Qui, par ailleurs, ne semblait pas au courant de l’existence d’un tel cimetière sur le terrain communal voisin.
Marc Kichenapanaïdou, président du GRAHTER, rappelle que ce site "servait à l’inhumation d’enfants d’esclaves". Il daterait donc de l’époque de l’esclavage. Selon lui, par application de la loi sur l’archéologie préventive, il faudrait stopper tout simplement les travaux, le temps qu’une étude archéologique révèle l’histoire de cet ossuaire. Du moment qu’une suspicion demeure sur la présence d’un site historique, il est de circonstance d’appliquer le principe de précaution, de vigilance... C’est la loi sur l’archéologie préventive qui oblige une telle circonspection.
Nous n’avons pas plus d’éléments sur ce lieu historique. Que contient exactement ce cimetière ? Est-il vraiment un cimetière d’enfants d’esclaves ?
Ghislaine Bessière, de l’association Rasine Kaf, venue hier matin constater l’état de ce vestige historique, s’interroge également : Pourquoi aurait-on enterré des enfants d’esclaves séparément des leurs ? Rien ne nous permet de nous prononcer avec précision sur ce sujet. Seule une recherche consciencieuse sur les lieux nous permettrait de révéler avec exactitude son histoire. Et toute la lumière doit pouvoir être faite sur ce lieu de sépulture.
Une croix sous un manguier, des bouteilles, des roches empilées et organisées sur un court espace encombré par des broussailles et des ordures, le tout entouré par un mur en pierres empilées, figurent isolément la présence d’un cimetière. Ou plutôt d’une fosse commune.
En fait, une chose est sûre, c’est qu’aucune recherche n’a été effectuée sur ce site. D’ailleurs, le cimetière n’est pas référencé au catalogue du "Patrimoine des communes de La Réunion" publié aux éditions Flohic (2000).
La section océan Indien de l’Université de La Réunion ne semble pas détenir d’ouvrages donnant plus d’explications sur l’endroit. Encore moins la Médiathèque de Sainte-Marie.
Seule, la Cure de La Rivière des Pluies disposerait d’archives intéressantes. Selon Marc Kichenapanaïdou, le père Rigollet, qui a œuvré auprès de cette cure, pourrait être détenteur d’explications.
Selon Ida Latchimy, présidente de l’association Rasine Kaf, "on ne sait pas très bien s’il s’agit de Mozambicains ou de Malgaches". Elle connaît le lieu pour l’avoir nettoyé trois mois durant, laissant après son labeur un site propre, pour le 20 décembre 2003.
C’est au cours d’une visite organisée sur des sites historiques relevant de la période esclavagiste qu’elle a connu cette nécropole. Elle s’était attachée à "réhabiliter" ce lieu envahi par la végétation et les ordures.
Il est ainsi des initiatives citoyennes qui devraient servir de modèles aux institutions, dont le rôle premier consiste à préserver et restaurer les sites patrimoniaux.
Claude Fontaine, père du propriétaire du terrain en construction, jouxtant le cimetière, connaît ce lieu sous le nom de "cimetière païen". Ce qui donne encore plus de soupçons quant à la richesse avérée de ce lieu.
Marc Kichenapanaïdou se dit déterminé à percevoir cette richesse. Et l’association Rasine Kaf souhaite s’unir à cette initiative. Le président du GRAHTER envisage de faire appel à un archéologue pour faire parler ce bout de terre sur l’époque de l’esclavage, partie intégrante de notre Histoire réunionnaise. Mais d’abord, il ambitionne de faire constater l’espace pour authentifier ce site d’inhumation.
On sait également que Paul Vergès, sénateur et président du Conseil régional, a soulevé à juste titre à plusieurs reprises le problème du manque de traces, à La Réunion, de sépultures d’esclaves. S’il s’avérait que l’authenticité de ce cimetière d’esclaves soit vérifiée, ce serait un pas sur le chemin de la mémoire, de l’appropriation de l’histoire réunionnaise.
Ghislaine Bessière et Ida Latchimy se sont rendues à la mairie de Sainte-Marie pour prendre toutes les mesures de préservation du cimetière. Elles souhaitent soumettre la question de la réhabilitation de ce lieu au "Kolèktif Respèk nout mémwar", qui œuvre pour le respect du devoir de mémoire sur les faits d’esclavage et de marronnage.
La Rivière des Pluies est riche d’Histoire, du moins pour une large période de l’ère sucrière, et par extension à l’Histoire de l’esclavage à La Réunion. Les frères Charles et Joseph Desbassayns peuvent être considérés à juste titre comme les pères fondateurs de l’industrie sucrière réunionnaise, lorsque Bourbon s’ouvre à l’opportunité de la canne à sucre en 1815.
"Les sucreries qu’ils établissent sur leurs propriétés du Chaudron (Saint-Denis) et de Rivière des Pluies (Sainte-Marie), pour le premier, de Bel-Air (Sainte-Suzanne), pour le second, constituent des références pour les autres planteurs de l’île. Le ministre de la Marine et des Colonies désire que ces exemples soient suivis dans les autres colonies françaises et demande au gouverneur Louis de Saulces de Freycinet - capitaine de vaisseau, commandant et administrateur pour le roi à l’île Bourbon - de lui envoyer les plans de ces usines", nous révèle l’ouvrage "Regards croisés sur l’esclavage, Île de la Réunion, 1794-1848", publié par l’association Les cahiers de notre Histoire, en 1998.
Ainsi, une partie de notre Histoire a été conservée, puisqu’un certain Gaudin, ingénieur colonial, s’attacha à dessiner le plan du grand établissement de sucrerie de Charles Desbassayns à La Rivière des Pluies.
Mais qui se serait intéressé à relever faits de vie et iconographies sur ces “peuplades” vouées à la traite, la captivité, la servitude ? Qui se serait occupé de rendre hommage à l’œuvre d’une population noire asservie ? Dès lors que la conscience collective de la société bourbonnaise esclavagiste s’accordait à y voir un fait établi.
"Le Noir est un meuble, un bien, selon l’article 39 du code noir". En 1848, 76,57% de la population sainte-marienne seraient esclaves. Ce qui laisse présager que des traces "historiques", et donc patrimoniales, peuvent être trouvées sur la commune de Sainte-Marie.
Cela nous interpelle sur certaines problématiques actuelles : aujourd’hui, quelle politique mènent les institutions compétentes quant à la recherche sur l’Histoire réunionnaise, dans toutes ses données et ses apports ? Quand va-t-on penser véritablement à réhabiliter les sites liés à l’Histoire de l’esclavage, à les restaurer et protéger ?
Mais, face au déni flagrant de cette part Kaf - acteur central de ce passé que nous impose l’esclavage - ne doit-on pas s’interroger sur la nécessité de restituer ce "kotpar", cette part Kaf, qui reste, quoi que l’on dise, en nous ?
Bbj
(À suivre dans notre prochaine édition)
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