Déjà plus de 1.300 signatures à La Réunion pour l’abrogation de la “loi de la honte”

’Oserait-on prôner l’enseignement du “nazisme positif”...?’

21 décembre 2005

À l’occasion du 20 décembre, Huguette Bello et Sudel Fuma ont invité les Réunionnais à continuer à signer la pétition demandant l’abrogation de la “loi de la honte” qui prône l’enseignement du “rôle positif” de la colonisation.

La veille du 20 décembre, Huguette Bello, députée de La Réunion et présidente de l’Union des femmes réunionnaises (UFR), et Sudel Fuma, professeur d’histoire à l’Université et responsable de l’Union des démocrates et socialistes réunionnais (UDSR), ont tenu une conférence de presse dans les ruines du Lazaret à la Grande Chaloupe - un haut lieu de la mémoire historique réunionnaise - au sujet de la loi du 23 février 2005 et en particulier de son article 4. "En effet, commémorer l’abolition de l’esclavage, c’est aussi se souvenir de tout ce qui a résisté à cette monstruosité et raviver cet esprit de résistance contre ceux qui aujourd’hui veulent nier les méfaits de la colonisation".
Pour Huguette Bello, "cet article doit être impérativement abrogé car il n’appartient pas au Parlement d’écrire l’Histoire. Il symbolise une volonté d’enseigner une histoire officielle. Il remet en cause l’indépendance des historiens par rapport au pouvoir politique et entrave la liberté de recherche scientifique et la liberté de penser elle-même. Enfin, il doit être abrogé car le contenu des programme scolaire ne saurait être l’otage de parti pris ou d’opinions particulières".
L’élue réunionnaise a signalé que la pétition lancée à La Réunion à cette fin "a déjà recueilli environ 1.300 signatures à La Réunion, dont celles de plusieurs personnalités politiques, religieuses, socioculturelles et de nombreux jeunes". Elle appelle les Réunionnais à continuer la mobilisation "afin de recueillir le maximum de signatures d’ici la fin de la mission confiée par le président de la République au président de l’Assemblée nationale pour évaluer l’action du Parlement dans le domaine de la mémoire et de l’histoire". Rendez-vous d’ici trois mois environ.

"On ne peut pas marcher sur notre histoire"

Pour Sudel Fuma, "nous ne pouvons pas accepter une loi qui prône l’enseignement de la “colonisation positive”. Oserait-on prôner l’enseignement du “nazisme positif”...?". Et l’historien de rappeler tous les crimes qui ont marqué l’histoire du colonialisme français, comme par exemple le massacre de 100.000 Malgaches en 1947.
"Parler de colonisation positive est une insulte à la mémoire des peuples colonisés, à nos ancêtres, à nous-mêmes. L’étude et l’enseignement de l’histoire relèvent des historiens et non du Parlement. On ne peut pas marcher sur notre histoire", a conclu l’universitaire réunionnais.
À l’occasion de cette conférence de presse, Huguette Bello et Sudel Fuma étaient entourés de deux jeunes représentants de “la relève” des chercheurs à l’Université de La Réunion : le géographe Thierry Caligaris et Frédéric Payet, doctorant en histoire contemporaine. Selon ce dernier, "dans les écoles, nous ne devons pas faire une présentation positive ou négative mais objective de la colonisation. D’ailleurs celle-ci n’est pas assez enseignée. Et la loi n’a pas à dire que les enseignants doivent enseigner dans tel ou tel sens".

L. B.


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