Journée internationale de rencontre poétique à Salazie

Oui à la poésie pour décoloniser l’Indianocéanie

11 février 2014

La 5ème édition de la Journée de rencontre poétique, organisée chaque année depuis 2010 par l’Association des Amis d’Auguste Lacaussade (AAAL), s’est déroulée samedi dernier au collège Auguste Lacaussade de Mare-à-Citrons (Salazie). Une journée qui a toujours eu une dimension internationale, en étant ouverte aux poésies de tous les peuples de notre région, comme ce fut déjà le cas lors des précédentes éditions, avec notamment des représentants de Maurice, des Seychelles, de Madagascar et de l’Inde.

Cette année, la journée fut consacrée aux œuvres poétiques des Comores, de Rodrigue et de La Réunion, avec des contributions très intéressantes d’intervenants fort compétents et des échanges très riches avec le public, composé de plusieurs dizaines de personnes. Avant l’ouverture des travaux au collège, plusieurs d’entre elles se sont rendues au cimetière d’Hell-Bourg devant la tombe d’Auguste Lacaussade pour rendre hommage à ce grand poète réunionnais anti-esclavagiste.
Ensuite, la rencontre a été ouverte au collège par Prosper Ève, président de l’AAAL, qui a évoqué la célébration du 199ème anniversaire d’Auguste Lacaussade et le 8ème anniversaire du retour de ses restes au pays. Puis l’historien, professeur à l’Université de La Réunion, a évoqué de façon passionnante la vie et l’œuvre d’Évariste de Parny, né en 1753 à La Réunion et décédé en 1814 à Paris, qui « a fait le lien entre la philosophie et la poésie » en s’engageant avec détermination comme « anti-esclavagiste et révolutionnaire ».

« Un développement harmonieux par l’autonomie »

La commissaire de la jeunesse et de la culture de Rodrigue, ce pays autonome de la République de Maurice depuis 12 ans, est intervenue pour prôner « la fraternité indianocéanienne dans l’unité de nos peuples » et le respect de l’identité de chacun. À ce sujet, Rose de Lima Édouard a présenté les combats menés par le peuple rodriguais « pour un développement harmonieux par l’autonomie pour préserver son identité ».
Puis la parole a été donnée à un grand poète comorien, qui a notamment évoqué de façon très émouvante les tragédies vécues par nos sœurs et frères de l’archipel des Comores, victimes de la politique néocoloniale menée par l’État français dans son pays. Soeuf El Badawi a cité le cas des 20.000 personnes migrantes dans les kwassa-kwassa mortes en mer depuis 1995, suite à la publication du « visa Balladur ». Il a également rappelé que l’Organisation des Nations Unies a déjà voté 22 résolutions contre l’occupation française de l’île comorienne de Mayotte, en déclarant que « la relation coloniale nous empêche d’être sereins dans l’Indianocéanie ».

« Une île d’union, une île d’amour »

La poétesse réunionnaise Céliane Séry a plaidé pour la valorisation de l’identité du peuple réunionnais, en exaltant « une île d’union, une île d’amour », puis « un peuple martyr et peuple de gloire ». D’autres poètes réunionnais sont intervenus dans le même sens, comme Monique Séverin et Freddy Lafable, ainsi que les poètes rodriguais Arlette Perrine-Bégué et Bernardin Moutien.
Chaque intervention était suivie d’un débat et à cette occasion, un grand nombre de personnes ont pris la parole pour souligner que la poésie peut et doit contribuer à enrichir notre interculturalité, faire respecter les droits humains dans nos pays et décoloniser l’Indianocéanie. Ce fut le cas notamment du journaliste réunionnais Paul Hoarau, qui a exprimé sa solidarité avec les peuples frères de notre région, en souhaitant « que les barrières, les murailles et les fossés qui nous séparent encore disparaissent ; allons bâtir une coopération solidaire, où chacun contribue à un développement commun, renforce le cousinage de nos peuples et la libération de l’Indianocéanie ».


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