Rencontre avec un ambassadeur d’une technique et d’un art trois fois millénaire à la 5ème Foire des Masacareignes : Jing-wen Hu, grand maître céramiste, expose ses œuvres internationalement reconnues et parle de son art. Depuis vendredi dernier et jusqu’à dimanche, la Halle des manifestations abrite un village culturel chinois. À travers cette manifestation, les Réunionnais peuvent en apprendre davantage sur un pays qui a contribué à notre peuplement, à la construction de notre identité. C’est l’occasion de s’ouvrir sur la culture d’un géant démographique qui progressivement s’installe dans un rôle de superpuissance économique du 21ème siècle tout en valorisant son identité, et avec lequel s’élabore des perspectives de co-développement matérialisées par des accords de coopération économique entre la Région Réunion et la mégapole portuaire de Tianjin, dans l’esprit de respect mutuel inscrit dans la logique “gagnant-gagnant”.

3.000 années de recherches

En Chine, l’art de la céramique est l’aboutissement de 3.000 années de recherches et il est en évolution constante. C’est que souligne Jing-wen Hu, grand maître céramiste, qui pense d’ailleurs que les matériaux de la terre réunionnaise peuvent permettre de réaliser de très belles choses.
Arrivé dans notre île voici 40 jours, M. Hu est invité par l’École des Beaux-Arts. Pendant 10 mois, il accompagne une formation aux techniques et à la création design en céramique. Le maître indique aussi que des élèves réunionnais partiront 3 mois en Chine pour se perfectionner dans un art très apprécié par nos amis chinois. Car au-delà de l’esthétique, la céramique est considérée comme inusable, difficile à casser, par rapport à d’autres matériaux tels que l’argile. Elle sert de base à des objets aussi divers et utiles que des lampes, des vases, des assiettes...
Ailleurs dans le monde, elle est aussi exposée dans les musées et trouve sa place auprès des collectionneurs d’art. Si la céramique est appréciée par tous les Chinois, son principal lieu de production est la région du Tiansin, à l’Ouest de Shanghai et au Nord de Canton, c’est à dire dans le Sud-Est de la Chine.
Jing-wen Hu précise le but de son séjour dans notre île : transmettre aux Réunionnais sa passion et ses compétences. Il est un des plus illustres représentants d’un art qu’il estime vieux de 3.000 ans, et qui ne cesse d’évoluer, en particulier depuis la dernière décennie du 20ème siècle. C’est ce que Jing-wen Hu appelle la céramique moderne. Et il est un des ambassadeurs dans le monde de cet aspect de la civilisation chinoise, à travers des expositions dans de grands musées et des prix. (voir encadré).

Deux écoles dans le monde

Dans ses bagages, il a amené ses outils et ses matériaux. Un four a été installé au Port, car, précise-t-il, la céramique a besoin de précision. Il est nécessaire d’obtenir la température de 1.350 degrés. Mais il pense qu’à terme, il sera possible d’intégrer la pierre réunionnaise avec laquelle il imagine de belles réalisations.
Jing-wen Hu nous explique enfin que dans son pays, la céramique est enseignée aux Beaux-Arts. Il est lui-même diplômé. En Chine, le cursus peut déboucher sur deux diplômes : la maîtrise (6 années d’étude) et le doctorat (9 années d’étude). En Chine, une seule école forme à cet art, celle de Jiangxi dans laquelle il enseigne. Dans le monde, une autre existe aux États-Unis, et quand on demande à Jing-wen Hu s’il imagine qu’une troisième école puisse exister à La Réunion, il trouve la question intéressante et a de l’espoir pour que cela se réalise.

Manuel Marchal

Un des plus célèbres céramistes d’art chinois

Jing-wen Hu

Membre de l’Institut d’artistes chinois, de l’Association de design industriel chinois, de l’Association internationale de céramistes d’art, professeur de l’École d’art céramique de Jiangxi, Maître Hu a accepté l’invitation de l’École des Beaux-Arts de La Réunion en vue d’une formation aux techniques et à la création design en céramique.
“Le charme de l’automne”, une de ses œuvres les plus appréciées, a gagné le Premier prix dans le concours de l’art céramique chinois et également dans la compétition de Grandes pièces céramiques internationales en 1990.
D’autres œuvres, “L’âme du poète”, “La forêt”, ont eu l’une après l’autre le Premier prix dans la Coupe de Jingdezhen-capitale de la porcelaine.
D’autre part, “La mélodie”, ainsi que “Le temps et l’espace” ont participé à la compétition internationale de Meirong au Japon.
De nombreux musées tels que le Musée des Beaux-Arts et Techniques chinois, le Musée des Beaux-Arts de Enba au Japon, le Musée des arts chinois mondiaux en France, le Musée des Beaux-Arts contemporains de New-York aux États-Unis, accueillent également plusieurs de ses œuvres comme “La célébration”, “Le charme de l’automne”, “La cigale”, “La racine”...
Des publications connues : “Œuvres complètes des Beaux-Arts contemporains chinois”, “Découverte des emaux”, “Jade violet et grès d’or”, “Art céramique de Jingdezhen”, “Analyse des objets d’art céramique chinois”, “Artistes de Jingdezhen”... présentent aussi un grand nombre de ces œuvres les plus remarquables.
De 1996 à 2003, Shanghai, Yantai, Dalian, le Japon, Singapour, Hongkong et la Corée ont déjà vu successivement ses expositions personnelles. Ses œuvres gagnent souvent des collections publiques et privées.

(Source École des Beaux-Arts de La Réunion)