Festival du film d’Afrique et des Îles

Plaidoyer poétique pour un cinéma différent

7 octobre 2004

On connaît la ténacité des associations de cinéphiles réunionnais (Perspectives du cinéma, Abel Gance...) à faire partager leur goût d’un cinéma différent et de bonne qualité. C’est le moment d’en profiter pendant ces quelques jours au Port.

L’Afrique essaime sur grand écran. Déclaré ouvert mardi soir au Port, en présence des invités, des membres des jurys et d’un petit public de cinéphiles, le deuxième Festival du film d’Afrique et des Îles a emporté le public dans un monde fantasque et enfantin d’une grande poésie, avec le court-métrage “Petite Lumière”, du Sénégalais Alain Gomis et une fiction sud-africaine de toute beauté, “la caméra de bois”, de Ntsahaweni Wa Luruli, co-produite par Richard Green - l’un des invités de cette 2e édition - avec l’appui de financeurs français et britanniques. Le rôle de touche-à-tout attentif et tendre tenu par Jean-Pierre Cassel ajoute une note inattendue et drôle à l’atmosphère de tension poétique du film, où les enfants - à commencer par Madiba, l’œil insolite de la caméra - évoluent avec beaucoup de conviction.

Avec ces premiers films, ce 2e Festival annonce une programmation d’une grande richesse et diversité. Comme l’année dernière, les choix des organisateurs ont été très éclectiques. Courts-métrages et longs-métrages font l’objet de deux compétitions distinctes, confiées à deux jurys de sept membres chacun.
Organisateurs, membres des jurys et invités se sont retrouvés mardi soir pour l’inauguration officielle du festival. Marie-Paule Fanchin, adjointe au maire, a rappelé au nom de Jean-Yves Langenier les efforts déployés par la ville pour promouvoir une “filière de l’image”, à laquelle la tenue de Festivals et Rencontres proposée par les associations Village Titan et Abel Gance depuis plus de dix ans, apporte des bouffées d’oxygène en provenance du monde entier.

Les invités de cette année viennent d’Afrique du Sud, de Mayotte, de Maurice et Madagascar, de Sao Tomé e Príncipe ou encore de Martinique-sur-Seine, avec Christian Grandman, tête d’affiche de la soirée de vendredi, salle Roussin (21h).
Alain Gili et Nicol M’Couezou ont présenté au public une jeune réalisatrice sud-africaine, Akiedah Mohammed, dont le documentaire est programmé vendredi à 17h15 (Freedom is a personal journey), parmi les séances gratuites de la médiathèque Benoîte-Boulard.
Katy Lena N’Diaye vient de Belgique avec un documentaire de 52 minutes sur le Burkina Faso (Traces, empreintes de femmes) co-produit par le CIRTEF (association internationale de la radio-télévision d’expression française, émanée de l’AIEF) et la radio-télévision belge.
Tsilavina Ralaindimby, qui fut ministre de la Culture de la Grande Ile, où il dirige une entreprise de communication, participe au jury “fiction”. David Constantin est un réalisateur mauricien dont le film “Diego l’interdite” était projeté samedi dernier dans le cadre de la rétrospective “Afrique, îles et diasporas”.
Il est venu participer au jury “fiction” également. Quant au jury “documentaire”, il accueille entre autres Izéquiel Batista de Souza (Sao Tomé e Principe), Richard Green (Afrique du Sud) et Christian Grandman (Martiniquais, Paris).

“Aïcha” à la Mostra de Venise

Tous étaient présents mardi soir dans les jardins du Hangar, où les organisateurs ont présenté le cadre de la manifestation, soutenue par un grand nombre de partenaires, dont les deux collectivités territoriales, le Comité du Tourisme (CTR) - et les élèves de BTS-tourisme du lycée de Plateau-Caillou, enrôlées comme hôtesses - ainsi que de nombreux sponsors.
La plupart des films sélectionnés, courts ou longs métrages, sont difficiles à voir dans les circuits “commerciaux” même lorsqu’ils ont été sélectionnés précédemment dans de grands Festivals, comme “Aïcha”, une fiction de 20 minutes de Newton Aduaka (Nigéria), invitée cette année à la Mostra de Venise.
On connaît la ténacité des associations de cinéphiles réunionnais (Perspectives du cinéma, Abel Gance...) à faire partager leur goût d’un cinéma différent et de bonne qualité. Ils travaillent du reste à un prochain Festival régional des films d’art et d’essai.
Cette semaine est l’occasion d’en découvrir quelques-uns : les après-midi de la médiathèque Benoîte-Boulard présentent les courts et moyens métrages en compétition ; de trois à six projections par après-midi, entre 13 h 30 ou 14h et 17 h à 17 h 30.
Ces séances finissent juste à temps pour permettre la découverte de la première séance du soir, invariablement à 18h15 au cinéma Casino. La suite de la soirée se passe à la salle Roussin, à partir de 21 h (voir le programme ci-dessous).

Les programmes sont disponibles un peu partout en ville du Port, et notamment à Village Titan (0262.434.785) ou à la salle Roussin (0262. 431.280). Et même sans programme, il ne faut pas hésiter à aller au-devant de ces films rares, qui œuvrent pour "la différence culturelle sous tous ses aspects" comme l’ont souligné les organisateurs.
Ils sont dédiés cette année à la découverte de la nouvelle génération de cinéastes africains et de la diaspora : pas de grosses locomotives à l’affiche, à l’exception notable d’Idrissa Ouedraogo (Burkina-Faso) dont “la Colère des dieux” était projetée hier après-midi, exceptionnellement à la salle Roussin (16h), journée des enfants oblige.
Encore trois jours de découvertes et d’ouverture au monde : c’est au Port, jusqu’à samedi.

P. David


Les projections du soir

Deux films sont projetés par soirée, en deux lieux, sauf samedi 9 octobre, jour du palmarès.

Jeudi 7 octobre
18 h 15 : Na cidade vazia ( Hollow city - La ville vide, C)
de Maria Joao Ganga, fiction, Angola, 90 min.

21 h : Sominn kèr (C) de Thierry Hoareau, court-métrage documentaire, Ile de La Réunion, 26 min en présence du réalisateur.
L’Afrance (C) d’Alain Gomis, fiction, 9O min. Première à La Réunion

Vendredi 8 octobre
18 h 15 : Le costard (C) d’Alberto Rodriguez. Comédie espagnole, 1h 42 min., (VO-sous-titrée). Première à La Réunion.

21 h : Chaussée glissante, court-métrage de fiction de Christian Grandman, en présence du réalisateur.
Tèt grenné (C) de Christian Granman, fiction de 85 min., Martinique, en présence du réalisateur.

Samedi 9 octobre
18 h 15 - Cinéma CASINO : Soirée palmarès, animations et projections.

Lieux : Ciné Casino : séance de 18 h15. Salle Roussin : 21 heures.
(C) désigne les films en compétition.


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