
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
Daniel Honoré
7 octobre 2013
Depuis quelque temps, en tant que militant culturel, je me pose une série de questions telles que les suivantes :
- Qu’entend-on par « littérature réunionnaise » ?
- Quels genres littéraires y rencontre-t-on ? (Dans une île où tant de problèmes, et en particulier identitaires, s’accumulent, pourquoi se désintéresse-t-on de plus en plus du genre poétique, genre qui permet de rêver, d’idéaliser, de poétiser la réalité ?)
- Si cette littérature existe, à qui s’adresse-t-elle ? De qui, de quoi parle-t-elle ? Quelle(s) langue(s) y est(sont) utilisée(s) ?
- Qui sont les écrivains réunionnais ? Quelles sont leurs préoccupations ?
- Qui sont les consommateurs de cette littérature ? Qu’attendent-ils des écrits qui leur sont proposés ?
Ce qui m’amène à me poser de telles questions, c’est ce que j’entends autour de moi dans un milieu qui se veut culturel ; c’est l’impression que le vœu principal de la majorité de ces gens est que les écrivains réunionnais focalisent leur énergie et leur capacité de rêver sur un seul but : se faire éditer par les grandes maisons parisiennes et se faire connaître à l’extérieur, comme si le critère de qualité de notre littérature, le seul, ne peut être que celui retenu par les critiques ou par les comités de lecture de l’Hexagone. Or, vouloir à tout prix faire accepter ses œuvres par les grands éditeurs — les locaux étant, bien sûr, des “petits” — exige au moins que la langue utilisée dans lesdites œuvres soit le français, avec peut-être de temps en temps quelques expressions-couleur locale pour servir de faire-valoir ! J’en déduis que si les écrits réunionnais veulent accéder aux hautes marches de l’édition française, ils se doivent de n’être qu’en français, pas en créole. Sinon il leur faut passer par la traduction, c’est-à-dire évacuer l’originalité, rejeter la nouveauté d’une syntaxe naturelle, un rien poétique parfois.
Dans ces cas, on refuse à des « zékrivèr » potentiels le temps nécessaire au travail à faire SUR leur langue pour amener celle-ci à la hauteur des solides instruments de communication que sont le français, l’arabe, l’espagnol, le tamoul, etc. Cela peut sans doute se comprendre à l’heure présente, mais comment accepter l’idée que l’écriture de notre langue maternelle n’ait jamais les moyens de se hisser jusqu’à une esthétique littéraire pouvant lui valoir la possibilité d’être présente sur les rayons des bibliothèques et des librairies des “péï déor” ? Comment accepter l’idée que nos livres, tous nos livres, ne soient que le miroitement d’un paysage extérieur, ne serait-ce que par leur langue ? Comment accepter l’idée que l’écrivain réunionnais ne soit que le “porte-reflet” de ce qui s’écrit ailleurs ? S’il suffit de pouvoir “bien” écrire en français, quand donc le Réunionnais aura-t-il la possibilité d’essayer de faire la même chose dans sa langue maternelle ? Il faut se donner le temps.
Essayons de pousser notre réflexion plus loin et abordons le problème de la lecture publique puisque c’est l’autre point important qui interpelle le milieu culturel local…
Il est malheureusement notoire que le Réunionnais ne lit pas beaucoup. Il suffit de le comparer au Mauricien pour s’en convaincre alors que tous les deux ont vécu à peu près la même histoire et que sur le plan socio-économique, le Réunionnais semble avoir plus de facilité que son voisin. Ce dernier achète et lit plusieurs journaux ; nous, nous nous contentons d’un seul en général. Il y a à Maurice un lectorat attiré par les langues anglaise et française parallèlement à un autre lectorat attiré, lui, par les parutions en créole. Force est de reconnaître que l’usage du créole ouvre de nouvelles portes dans le domaine de la lecture publique. En ce qui concerne La Réunion, il y a eu à une certaine époque de grands noms de la littérature édités à Paris (les poètes Dierx, Lacaussade, Leconte de Lisle… les romanciers Marius-Ary Leblond…) qui ont connu les honneurs de la presse française et ont contribué à nourrir un public de lecteurs dans l’île ; une lecture publique acquise au français, élitiste et partant, plus conséquente que celle amusée par les quelques textes parus alors en créole réunionnais. Mais aujourd’hui, je me demande si tel est toujours le cas. Malgré le fait que tous nos écoliers, collégiens, lycéens et étudiants cultivent un rapport étroit avec la langue française tout au long de leur cursus, il n’est pas certain que la lecture publique dans notre île ait encore beaucoup d’attaches avec les poèmes de Parny, Dierx ou même Leconte de Lisle. Quel écolier, collégien ou lycéen de Sainte-Suzanne emprunte un recueil de Bertin — poète né à Sainte-Suzanne — à la médiathèque Aimé Césaire ? Ressent-on d’ailleurs la nécessité de doter les rayons de nos bibliothèques de ces ouvrages de nos poètes disparus ?
Malgré la haute estime dans laquelle nous devons tenir les œuvres de nos grands auteurs du passé, nous sommes obligés de reconnaître que celles-ci n’exercent que peu d’attrait, à l’heure actuelle, sur le lecteur réunionnais moyen. En revanche, le succès remporté par la traduction en créole des BD relatant les aventures déjà connues pourtant de “Tintin” ou “Lucky Luke” est incontestable et fait le bonheur des jeunes et moins jeunes lecteurs. On peut également saluer le succès des textes en créole d’un Axel Gauvin, d’un Jean Albany ou encore des recueils de contes traditionnels parus ces dernières années. Les registres de prêt des bibliothèques montrent un certain engouement pour les œuvres en créole et pour d’autres parlant de l’île.
Qu’on l’accepte ou non, il y a là un public à conquérir et à fidéliser pour élargir le domaine de la lecture. Je crois que l’on peut dire qu’il y a chez nos lecteurs potentiels le désir — le besoin ? — de retrouver l’île et l’homme réunionnais à travers sa langue et sa culture en général, dans les textes qui leur sont offerts. Le constat est aisé à faire, la raison facile à trouver, car trop longtemps le petit peuple a été ignoré, voire carrément “négativé” : il a besoin d’exister, et l’écrivain d’aujourd’hui, souvent issu de la même couche sociale, est susceptible de faire ce travail de justice.
Cela n’a rien à voir avec une quelconque volonté d’enfermer nos lecteurs dans un ghetto culturel, mais doit être, au contraire, perçu comme l’illustration d’un principe pédagogique qui veut que l’on parte du connu pour s’ouvrir à l’inconnu…
Développer la lecture publique passe AUSSI par la prise en compte de cette partie de notre population. Mais, bien sûr, ce n’est pas la seule nécessité pour réussir une telle entreprise.
Il faut agir énergiquement en direction de l’Education nationale, des élus et des municipalités et des médias… Ces derniers peuvent être dénoncés pour leur mutisme dans le domaine de la lecture et de la littérature : ils ne nous proposent aucune émission littéraire, aucune rubrique, aucune présentation d’ouvrage ; qu’attendent-ils pour adjoindre à leur personnel des journalistes amoureux de la critique littéraire par exemple ?
Il faut inciter l’Education nationale et ses enseignants à multiplier les interventions d’écrivains locaux dans leurs classes. Il faut faire parvenir aux élus une information régulière concernant l’édition locale en relation avec les éditeurs de l’île. Il faut aider ceux-ci pour que le coût du livre ne soit pas un obstacle à leur achat.
Il faut multiplier les manifestations autour du livre, créer des Prix littéraires, relancer des concours littéraires dans les deux langues…
Il faut surtout prendre conscience que notre île et ses habitants, comme toutes les régions et tous les peuples du monde, sont susceptibles d’être à la base d’une inspiration pour une création littérature honorable ; que la langue créole mérite qu’on lui accorde autant d’intérêt qu’à n’importe quelle autre langue ; que l’on considère que le créole est capable d’évoluer, de se développer et d’être porteur d’esthétique et de valeur littéraire.
Daniel Honoré
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