Festival International Kreol de Maurice : “Gran Konser All Night”

Plus de 70.000 Mauriciens « réunis pour fêter la créolité »

Un reportage de nos envoyés spéciaux Stéphanie Longeras et Toniox

11 décembre 2007

Ils étaient là pour fêter la créolité. Plus de 70.000 Mauriciens venus des quatre coins de l’île ont assisté samedi soir au “Gran Konser All Night” à Port-Louis qui a marqué la fin de cette seconde édition du Festival International Kreol de Maurice. Un final grandiose mis en musique par une pléiade d’artistes locaux et internationaux, porte-voix d’une créolité à affirmer avec fierté.

Les Mauriciens sont venus des quatre coins de l’île pour vivre le Gran Konser All Night qui a clôturé samedi la seconde édition du Festival International Kreol de Maurice. Au même titre que les artistes, le public s’est donné à fond dans cette fête.
(photo Toniox)

De 19 à 6 heures du matin, des groupes de Maurice, de La Réunion, des Antilles, de Rodrigues et des Seychelles ont enflammé la scène live face à un public déchaîné, fidèle à ce second rendez-vous de la créolité. Une nouvelle fois, cette touche colorée du patchwork culturel créole qu’est la musique s’affirme comme un lien unificateur fort entre les peuples créoles du monde.

« Revendiquer (sa) créolité pour se faire respecter »

Menwar, Tambour Sacré, Groupe Chagos, Cassiya parmi les artistes locaux ; Baster, Ziskakan, Dominique Barret pour représenter La Réunion ; le jeune et très populaire groupe dans son pays Dezil, venu des Seychelles ; la soul reggae antillaise de Perle Lama ; les éternels refrains de la Compagnie Créole... un plateau d’artistes hétéroclite à l’image de leur univers musical qui a fait bouger et chanter la foule toute la nuit. Comme l’année dernière, le groupe OSB, toujours en pôle position au hit parade des musiciens mauriciens, a enflammé le public pendant 45 minutes. Depuis 15 ans qu’il sévit sur les scènes locales, précurseur du reggae-muffin dans la zone, OSB est devenu un véritable phénomène musical à Maurice. Bruno Raya, son leader, nous confie au sortir de la scène que même si la prise de conscience de la richesse de la créolité et du métissage à Maurice prendra du temps, les artistes ont un rôle majeur à jouer dans ce sens. « Les gens sont là ce soir, ensemble, réunis pour fêter la créolité, autour d’un message d’unité, c’est ça qui est important. Les Créoles ne doivent pas se refermer sur eux, avoir honte de leurs origines, mais au contraire, lever la tête, être fiers et revendiquer leur créolité pour se faire respecter ». Une revendication pacifique dans le sens d’une unité, loin des discriminations liées à la religion, à la couleur de peau, au statut social : tel était le message de cette soirée, repris par les artistes créoles d’ici et d’ailleurs.

« Créole dans la peau, le sang, l’os et dans l’âme... »

Pour sa première invitation sur une scène mauricienne, le groupe Zanfan Loséan Agaléga a tout donné et le public lui a bien rendu. Pour Zino Alfred, le chanteur du groupe, le Festival International Kreol de Maurice était attendu depuis longtemps et doit dès lors s’inscrire dans le paysage culturel mauricien. « Qu’importe le gouvernement qui viendra dans 2 ou dans 10 ans, mais le festival créole doit être reconduit chaque année à Maurice. C’est une façon de montrer aux Créoles, de leur prouver qu’ils ont une identité, la créolité dans le sang. Je suis Créole dans la peau, dans le sang, dans l’os et dans l’âme, et je serai créole jusqu’à la mort. Vive la créolité ! », s’enthousiasme Zino. Dans la petite île d’Agaléga qui compte juste 300 habitants, il explique que la culture créole, la tradition orale, la langue ont pu y être préservées. Il faut, selon lui, que dans chaque société créole, il en soit de même et que les peuples créoles du monde s’unissent dans ce sens, quelque soient leurs spécificités. « Y’a pas de créole "ti féy", "gro sévé", de créole blanc, noir. Y’a créole un point c’est tout. Il faut affirmer sa créolité, et c’est ensemble qu’on sera plus fort pour le faire ». Et c’est ensemble que les Mauriciens, certes principalement des afro-mauriciens, ont levé bien haut les mains pour répondre à l’appel de la créolité, de l’unité dans une île qui n’a que trop souffert et souffre encore du communalisme. « Ti pa ti pa narivé ». L’on peut faire confiance au gouvernement mauricien pour faire évoluer ce Festival qui a le grand mérite d’exister et celui de prétendre évoluer en faisant participer les autres pays créoles. Un exemple pour ceux qui tardent encore à se lancer dans l’aventure qui, sur le plan humain, culturel, est une expérience très enrichissante et à enrichir encore pour que tous les Mauriciens s’approprient et participent à ce grand projet.


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