Kabar des “enfants de la Creuse” au Barachois

Pour la reconnaissance d’une enfance brisée

20 octobre 2004

Ce dimanche, les associations Rasine Anlèr, Génération brisée, Rasine Kaf et Ankraké organisent une après-midi de dialogue et de rencontre culturelle et musicale avec des déportés de la Creuse.

L’initiative part d’un constat : les Réunionnais gardent une grande distance avec cette affaire, déplore Ghislaine Bessière (Rasine Kaf). Les Réunionnais connaissent encore peu l’histoire des enfants de la Creuse, arrachés à leur famille, à leur terre réunionnaise dans les années 1960 et 1970, pour repeupler les départements vieillissants de France. Merci Debré !
À l’époque, 1.600 enfants (chiffres officiels) ont été déportés, mais "on peut supposer beaucoup plus de déportés, puisque l’ordonnance Debré visait un quart de la population enfantine réunionnaise", déclare Jean-Marie Jean-Philippe, lui-même enfant “réunionnais” de la Creuse.
Aujourd’hui, tous cachent ou fuient simplement leur responsabilité dans ce dossier, si bien que cette période de l’histoire réunionnaise reste dans un fénoir accablant et honteux. L’État lui se désengage totalement, optant pour la solution facile de retarder les procédures.

Réparation : aux oubliettes

Il "n’a pas de défense, car toutes les preuves sont contre lui. Il ne cherche qu’à gagner du temps", explique Jean-Marie Jean-Philippe. Et de poursuivre "officiellement, l’État nous dit qu’on ne vaut pas plus que 7.000 euros, ce qui veut dire que notre vie ne coûte que ça. Ce n’est qu’une question de coût pour eux".
À l’heure d’aujourd’hui, seul Jean-Jacques B., auteur du troublant ouvrage “Une enfance volée”, a pu quelque peu rétablir le courant de la justice en récupérant son vrai nom de Jean-Jacques Martial. La question de la réparation demeure quant à elle aux oubliettes, ou du moins croule sous une épaisse couche de poussière.
À l’île de La Réunion, maître Damayantee Goburdhun a en charge 11 plaintes contre l’État, et c’est un véritable combat que livrent les déportés de la Creuse. En tout, une quarantaine de plaintes ont été déposées pour que soit reconnu ce qu’ils considèrent comme un crime contre l’humanité. Et on espère une issue favorable devant la Cour européenne.
Reste que ces enfants déportés se reconstruisent difficilement sur leur île retrouvée. Le moment est maintenant propice pour que nous allions à la rencontre de ses enfants réunionnais expatriés de force, comme l’ont été nos ancêtres esclaves. L’Histoire est parfois tristement redondante.

Aide juridique

C’est pour rétablir le dialogue, entre ces enfants réunionnais déportés et la population réunionnaise, qu’est organisé ce kabar grankèr rouvèr “des enfants de la Creuse”, par les associations Rasine Anlèr, Génération brisée, Rasine Kaf et Ankraké. Ce kabar est dédié à Alix Kaï, un enfant de la Creuse aujourd’hui hospitalisé, suite aux nombreuses séquelles infligées par sa déportation.
C’est également l’occasion de montrer que les Réunionnais, avec leurs artistes, souhaitent accueillir ces enfants que l’Histoire a injustement séparés de leur pays. Dimanche, les associations organisatrices rendront publiques leurs démarches déjà effectuées. Maître Goburdhun sera présente, annoncent les organisateurs.
Par ailleurs, les instances sociales, telles que la direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS), et des assistantes sociales du Conseil général, répondront aux questions de familles désireuses d’entreprendre des recherches. Ils apporteront leur aide du point de vue juridique, familial et social.
Les artistes apporteront leur soutien à cette manifestation. On retrouvera les groupes Natty Rouge, Ti Source, Zangun, 7Po et z’enfants pépé 400. Une comédie théâtrale et musicale intitulée “Renaissance” sera également proposée aux spectateurs. N’hésitez vraiment pas à venir nombreux...

Bbj


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