Fonnkèr bitasion à Grand-Coude

Pour un tourisme ... agricole

5 mai 2004

Samedi dernier, à Grand-Coude, l’association Les Théiers organisait une journée de rencontre, de partage et de débat sur le thème du tourisme agricole. Le chantre du maloya, Danyèl Waro, participait à la manifestation. Il effectue une tournée dans les Hauts de l’île, placée sous le thème de ’Fonnkèr Bitasion’, en soutien aux petits planteurs réunionnais.

Ibrahim, de Grand-Coude, vice-président de l’association Les Théiers, dresse un bilan positif de la journée "Fonnkèr Bitasion" de samedi dernier. "Les gens ont vu l’âme même de Grand-Coude", dit-il, "il y a eu un véritable échange avec les gens extérieurs. Et ensemble, nous avons établi une réflexion sur le tourisme que nous voulons".
Au terme de cette réflexion, la question de la diversité d’activités s’imposait, ainsi que de l’implication des habitants du village. "Il faut que nous créions de l’activité, que nous en soyons acteurs", déclare-t-il. Toutefois, il propose un tourisme raisonné, porté sur la rencontre avec l’autre ; un tourisme attentif, à l’écoute des attentes des hôtes.
"Nous voulons montrer une autre facette de La Réunion. Un tourisme basé sur le partage. Et puis, nous pouvons faire découvrir les zistwar lontan, faire visiter le Trou Cicia, du nom d’une dame qui habitait Grand-Coude", poursuit-il. Mais, il n’oublie pas de préciser l’importance de l’activité agricole. "Quelle diversification pour notre production agricole ? Nous avons goyaviers, chouchous, cerfs, bœuf. Nous produisons du lait", ajoute-t-il. "Akoz parnoumèm nou gingn’ré pa ?".
Il souhaite que les habitants du quartier puissent participer au développement durable : être à l’initiative de l’économie du village, acteurs de leur devenir. L’association Les Théiers souhaite encore sensibiliser sur les opportunités de création d’activités et d’emplois. D’autant que l’association de Grand-Coude a vu sa candidature retenue pour les rendez-vous du développement durable, avec la DIREN, du 16 au 27 juin prochain.

Bitasion fonn kèr, fonnkèr bitasion

Il semblait aussi important, lors de cette action, de faire prendre conscience de la valeur du travail manuel. Danyèl Waro tenait en effet un atelier de fabrication d’instruments traditionnels. "Koman i fabrik bann z’instrùman ?", noré di lamontrèr, "bin ! m’a fé pou zot". Les enfants, avec leurs parents, étaient fascinés par la fabrication du roulèr, "gros tambour cylindrique, fabriqué jadis dans un tronc évidé, aujourd’hui avec une barrique dont on défonce les deux côtés. Une peau de bœuf est clouée sur l’un de ces côtés", trouve-t-on pour définition dans le Dictionnaire Kréol/Français, d’Alain Armand.
La journée s’est terminée en beauté dans la soirée. Le maloya tonnait dans la petite salle d’animation de Grand-Coude. Danyèl Waro, égal à lui-même, a épluché son répertoire, soutenu par un public plus que mélomane... et vaillant choriste. Maloya, romance, fonnkèr, c’est une vraie prestation qu’a offert l’artiste. Les gens ont découvert un personnage, artisan, artiste, joueur, danseur, animateur, médiateur aussi. Un Danyèl Waro, au mieux de sa forme, qui a tout de même donné plus de 3 heures de concert... gratuit, en solidarité au monde agricole des Hauts de l’île.
Il déplore cependant que cette fête du partage et de la solidarité se soit terminée fâcheusement, avec une somme toute banale histoire de “batay gèl larak”. "O proshin kabar, zéro léfé", a-t-il dit au public. Cependant, il se disait satisfait de ce moment de partage et de solidarité. Hier, il parcourait Mafate pour se rendre à Aurère. Une même déclamation, un autre fonnkèr bitasion.

Bbj


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