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1er février 2008, par
Samedi 19 janvier, à la Ligne-Paradis dans la cour Oscar Lagarigue, le Kabar Fonnkèr autour de Reynolds Michel et de son livre “Au cœur des conflits, itinéraire d’un chrétien engagé” a commencé par un sobatkoz. Les expulsions subies par l’auteur dans les années 1970 ont été évoquées en alternance avec des écrits d’Alain Lorraine, d’Anne Cheynet, de Claude Prudhomme, et la lecture de quelques passages du livre. Puis, parole a été donnée à l’assistance.
J’ai tenté alors de soutenir la thèse de la réconciliation des points de vue : plus de 30 ans ont passé depuis les conflits exacerbés des années 60, à cette distance des événements, les prises de position des uns et des autres me semblent moins discordantes qu’elles ont pu le paraître à l’époque. Cette thèse implique de distinguer clairement la question sociale de la question politique.
Du côté de la question sociale, l’engagement de l’Eglise catholique pour lutter contre la pauvreté qui était massive à La Réunion est attesté. Citons les œuvres créées au tournant des années 1950 et 1960 par des congrégations religieuses : l’hôpital d’enfants par les Sœurs Franciscaines missionnaires de Marie, le Centre de la Ressource par les Sœurs de Marie Immaculée, le Centre de formation de travailleuses familiales par les Sœurs dominicaines de Grammond, etc... (Prudhomme, 1984, “Histoire religieuse de La Réunion”, p. 270). Rappelons aussi la création de l’AREP (Association Réunionnaise d’Education Populaire) en 1962, à l’initiative du Père Jean de Puybaudet, avec le concours du Père René Payet, tous deux à la Rédaction de “Croix Sud”, l’hebdomadaire catholique de La Réunion.
Du côté de la question politique, l’Eglise n’est pas davantage en retrait. Dès 1963, Mgr Guibert dénonce la fraude électorale dans sa Lettre Pastorale, appelant les chrétiens à une « honnêteté intransigeante à l’occasion des élections ». En 1965, la Rédaction de “Croix Sud” (les Pères Jean de Puybaudet et René Payet) fait l’objet d’une campagne de dénigrement pour avoir vigoureusement dénoncé la falsification des votes aux élections présidentielles de décembre (dossier complet : Nicaise, 2006, Jean de Puybaudet sj, Etre Jésuite dans les décolonisations de Madagascar et de La Réunion, pp. 167-177).
Reynolds Michel a rappelé samedi soir que sa prise de conscience des inégalités et des injustices date de 1965 alors qu’il exerce son ministère sacerdotal au Port. Elle se situe donc dans la période où la question politique recouvre la question sociale, jusqu’à constituer des oppositions frontales dans la société et au sein du clergé catholique. D’ailleurs, les prises de parole suite à mon intervention ont porté sur la politisation des prêtres qui diabolisaient dans leurs sermons les militants communistes. Cette dénonciation, qui n’est pas nouvelle, a été appuyée samedi pour revendiquer une réparation de la part de l’Eglise. Cette dénonciation ne prouve-t-elle pas surtout que les tensions de l’époque radicalisaient les débats et rendaient impossible le dialogue ? Je voudrais éclairer cette question en repartant d’une intervention de samedi.
Un monsieur s’est étonné du conflit ouvert entre l’Eglise diocésaine et le PCR car à la même époque en Métropole, rappelait-il, un rapprochement s’était opéré entre des chrétiens et des militants de gauche. Toutes ces personnes s’étaient côtoyées pendant les heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, au sein des réseaux de la Résistance ou dans les camps de prisonniers. Les luttes menées ensemble avaient fécondé un dialogue et une recherche commune de la justice sociale. Néanmoins, de Pie XII à Paul VI, les papes ont officiellement condamné la doctrine marxiste et les régimes communistes jugés anti-religieux, tout comme le fascisme et le nazisme.
Le contexte réunionnais est tout autre, marqué par la fièvre des décolonisations, véritable course aux influences au plan mondial. L’auto-détermination des peuples est un leurre que deux camps utilisent pour assurer leur hégémonie sur des régions entières : d’un côté le monde dit “libre” constitué des anciennes puissances coloniales et des Etats-Unis, de l’autre, l’URSS et ses “satellites” formant une “internationale communiste”. Ces deux camps mènent la même stratégie : profiter de la redistribution des cartes de la domination mondiale pour en acquérir le plus grand nombre.
Avec ces données historiques, nous pouvons renvoyer dos-à-dos les deux camps dans le domaine politique. C’est ce qui me permet de soutenir la thèse du rapprochement des points de vue, dans le domaine social, car nous pouvons faire crédit à de nombreux acteurs des deux camps d’avoir été habités par une préoccupation vraie des pauvres et de tous ceux qui subissaient les injustices entretenues par le contexte de décolonisation. Cette motivation admirable se retrouve dans le combat mené par Reynolds Michel et ses amis. Ce n’est pas diminuer leur engagement que de rappeler qu’au même moment, au sein de l’institution ecclésiale, des hommes et des femmes étaient animés du même souffle prophétique. Reste à blâmer la politisation excessive du contexte qui a exacerbé les oppositions.
La réflexion conduit alors à s’interroger sur l’autonomie du religieux par rapport au politique. L’appartenance confessionnelle est, en effet, le troisième terme du débat, car plusieurs interventions ont établi le parallèle entre diabolisation de la religion malbare et diabolisation du communisme. Positions religieuse et politique se sont mutuellement renforcées pour des raisons historiques.
Avant le Concile Vatican II (1963-1965), une affirmation dominait le discours théologique : hors de l’Eglise, point de salut ! Toute l’épopée missionnaire s’était construite sur le postulat de l’ignorance du vrai Dieu par toutes les autres traditions religieuses. Deux initiatives caractérisent la révolution conciliaire : l’œcuménisme avec les Eglises chrétiennes séparées de Rome, et le dialogue interreligieux avec les confessions non chrétiennes, religions traditionnelles et animismes compris. Développer à La Réunion une attitude pastorale confiante à l’égard des familles qui se reconnaissent une ascendance indienne et hindoue et qui ,simultanément, sont attachées à la pratique du catholicisme prendra plusieurs décennies. Un long chemin reste à faire, marqué déjà d’une pierre blanche par la création en 2000 du Groupe de dialogue interreligieux.
Mais la méfiance suscitée par la religion malbare au sein du clergé a redoublé à l’égard des fidèles liés au PCR. Les diabolisations de l’une et de l’autre ont été alors associées à travers les préjugés coloniaux qui, pour simplifier, opposaient le Blanc et le Noir, le dominant et le dominé. Reynolds Michel a rappelé qu’il a subi de plein fouet, à Maurice, l’interdiction non-écrite faite à un homme de couleur d’accéder au sacerdoce. La Réunion a connu un rythme plus rapide d’évolution grâce à l’ouverture dès 1947 d’un grand séminaire où les premiers prêtres créoles de couleur suivront leur formation. De même que la création de la congrégation des Filles de Marie, un siècle plus tôt, a encouragé d’une manière prophétique le mélange au sein de l’Eglise et de la société.
Mais l’utilisation politique de l’héritage colonial a stratifié l’identification de couleur de peau au statut social : indépendamment de l’épiderme réel, la montée dans l’échelle sociale était un “blanchiment”. La bipolarisation de la vie politique à La Réunion s’est appuyée sur cette stratification à l’encontre de la réalité du métissage de la population. Etre de droite assimilait aux grands propriétaires, oubliant que tous n’étaient pas issus des grandes familles blanches. Etre de gauche marquait la solidarité avec les couches sociales les plus exposées aux inégalités du système post-colonial, et composées majoritairement de la population de couleur, Cafres et Malbars. Le clivage s’est imposé comme une évidence, alors même que l’analyse précise des hiérarchies sociales le dénonce.
La question finalement n’est-elle pas dans l’usage du rétroviseur ? La succession des brefs coups d’œil que nous lui portons s’avère, à l’expérience, la meilleure garantie d’une manœuvre réussie. Le fixer trop longtemps peut au contraire produire l’accident ou l’erreur de direction. Reste à qualifier ce véhicule métaphorisé. N’est-il pas notre vivre ensemble qui nous a transportés jusqu’à présent ? Si oui, c’est reconnaître dans quoi nous sommes embarqués, et admettre que le quitter comporte de grands risques. Donnons-nous toutes les chances de poursuivre l’expérience grâce au dialogue fécondé par la distinction du social, du politique et du religieux. Ces trois réalités bien distinguées s’articuleraient alors dans une pratique commune que le modèle d’initiative pris par les organisateurs de la soirée du samedi 19 janvier favorise. La réconciliation des points de vue est ce carrefour de l’histoire au-devant de nous.
Père Stéphane, jésuite
Réponse au Père Stéphane
« Pour une réconciliation »... ? Top-là lo frèr... !
Dimanche dernier, “Le Quotidien” a publié une tribune libre du Père Stéphane Nicaise, jésuite, concernant le kabar-fonnkèr organisé le samedi 19 janvier à Saint-Pierre autour de Reynolds Michel et de son livre “Au cœur des conflits. Itinéraire d’un chrétien engagé”. (voir “Témoignages” du mercredi 23 janvier 2008). Plus de 200 personnes, solidaires de cet ancien prêtre victime de multiples répressions et injustices graves de la part des autorités administratives et religieuses au cours des années 60-80, ont participé à cette soirée.
Lors du sobatkoz, plusieurs participants ont témoigné avec peine et parfois avec colère au sujet des comportements répressifs de la hiérarchie catholique dans ces années-là, contre les fidèles accusés d’être des militants ou des électeurs communistes et contre les catholiques adeptes de la religion hindoue.
Soulignant la « pratique commune que le modèle d’initiative pris par les organisateurs de cette soirée favorise », le Père Stéphane prône une « réconciliation des points de vue » entre les acteurs de ces événements qui ont marqué l’Histoire contemporaine de La Réunion. Et il écrit : « Donnons-nous toutes les chances de poursuivre l’expérience grâce au dialogue (...) ».
Suite à la publication de tels propos, j’exprime d’abord mes remerciements à Stéphane d’être venu participer à cette soirée militante marquée par des échanges fraternels.
Ensuite, même si je ne partage pas plusieurs éléments de son analyse, je lui dis : “tope-là, lo frèr”, en réponse à sa proposition de réconciliation entre les différentes parties de ces conflits.
Cette réconciliation - qui concerne donc plutôt les personnes que les « points de vue » - passe bien sûr notamment par la reconnaissance de la vérité historique. C’est pourquoi, j’apprécie particulièrement cette interrogation pertinente de Stéphane : « La question finalement n’est-elle pas dans l’usage du rétroviseur ? ». Absolument !
Encore convient-il de ne pas mettre sur le même plan et « renvoyer dos-à-dos », comme le voudrait Stéphane, les victimes de la répression et les auteurs ou les complices de ces abus.
Certes, le Père Stéphane reconnaît que des fautes graves ont été commises par certains représentants de la hiérarchie catholique à l’égard de certains fidèles. Et il rappelle notamment qu’au kabar, « plusieurs interventions ont établi le parallèle entre diabolisation de la religion malbare et diabolisation du communisme ».
Mais pourquoi faudrait-il expliquer cet ostracisme vis-à-vis de certains Réunionnais par la puerre froide, qu’a toujours récusée le PCR ? Et pourquoi faudrait-il « distinguer clairement la question sociale de la question politique », alors que la première est - au moins en partie - conditionnée par la seconde ?
Pour le Père Stéphane, « les tensions de l’époque radicalisaient les débats et rendaient impossible le dialogue ». Cela peut paraître réducteur, mais la question se pose : aujourd’hui, qu’est-ce qui rendrait le dialogue impossible ? Rien.
Alors, allons-y ! Allons partager nos mémoires. Allons jusqu’au bout du dialogue et de ses exigences, en n’ayant pas peur des faits historiques. À partir de là, on pourra construire un avenir meilleur pour les plus pauvres, car les défis à relever ensemble sont immenses.
Lucien Biedinger, ancien Directeur de “Témoignage Chrétien de La Réunion”, expulsé de La Réunion en 1970 pour avoir participé à la fondation du Groupe TCR.
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