Lu dans “Témoignages” du 12 janvier 1978

Racines d’Alex Haley

12 janvier 2007

Une photo légendée « Dans les cages des navires négriers, vers la souffrance et l’humiliation de l’esclavage » venait illustrer un article consacré à la sortie sur le petit écran de “Racines”.

Bientôt, à La Réunion, nous aurons sans doute l’occasion de voir à la télévision un feuilleton américain de 8 épisodes de 2 heures chacun, réalisé à partir du roman “Racines” écrit par un Noir américain, Alex Haley.

Plus d’un million d’exemplaires vendus

Ce feuilleton a retenu l’attention de centaines de milliers d’Américains lors sa diffusion aux Etats-Unis. L’“Humanité” du 9 août 1977 nous apprend que près de la moitié de la population américaine a suivi pendant 6 semaines la diffusion des différents épisodes. Neuf mois plus tard, le livre était mis en vente en librairie et, bien que ce soit un livre épais de plus de 500 pages, plus d’un million d’exemplaires étaient vendus dès le premier mois. Puis, il a été traduit en français, en chinois, en espagnol, en swahili, en arabe, en allemand et vendu partout avec le même succès. Quelle est donc la raison d’un tel succès ? Pourquoi tant de curiosité, d’intérêt ?

Ces générations broyées

Tout simplement parce qu’il y a un peu plus d’un siècle, l’esclavage a été aboli et qu’aussitôt, ceux qui en avaient largement profité étant les mêmes qui disposaient de l’écriture, de la presse, ils s’empressèrent de jeter le voile le plus obscur possible sur une période de l’Histoire qui n’était pas à l’honneur des Blancs. Ce que purent ressentir et ressentent encore ceux qui, pendant des générations, furent et sont encore coupés ainsi de leurs “racines”, on avait décidé de le passer aux profits et pertes. Et les quelques écrivains blancs qui se penchèrent sur ces générations broyées le firent soit larme à l’œil, “La case de l’oncle Tom”, soit avec un cynisme tranquille “Madingo”, mais toujours en mettant en avant un personnage de “bon blanc” qui, par son action charitable, rachetait les fautes de ses frères blancs.

Capturés et réduits à l’esclavage

“Racines” montre ce que fut cette vie d’êtres humains qui cessaient de l’être aux yeux de leurs exploiteurs dès qu’ils étaient capturés et réduits à l’esclavage, et ces souffrances, cette négation des êtres, cette exploitation impitoyable d’hommes par d’autres hommes, ce que furent leurs luttes pour retrouver leur statut d’êtres humains et pour, aujourd’hui, retrouver leur identité. Mais au contraire, des œuvres évoquées plus haut, pour la première fois, cette démonstration, cette recherche de ses racines par tout un peuple, nous sont montrées par quelqu’un qui la vit de l’intérieur et dont les grands-parents furent justement des esclaves noirs. C’est cela la raison principale du choc qu’a reçu l’Amérique en regardant ce feuilleton. La population blanche regardant pour la première fois ses ancêtres édifier l’Amérique moderne à coups de “chabouk” tandis que la population noire retrouvait une partie de son Histoire et, dans la première partie du moins, identifiait sa quête et ses origines avec celle de l’auteur.

Nul doute qu’à La Réunion, ce feuilleton sera suivi avec un intérêt passionné par l’ensemble de notre peuple. Nous y reviendrons donc.


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Messages

  • Ce qui s’est passé il y a près d’un siècle se passe toujours de nos jours. Nous les noirs on nous traite toujours mal, le complexe de l’homme blanc fasse à nous subsiste, rien qu’à voir dans les universités et autres ou on considèrent l’Africain comme un idiot. Rien qu’à voir les problèmes de l’immigration là encore on nous traite comme des enfants, des grands enfants coe ils disent, qui ne peuvent pas prendre de décisions, on décident tout pour eux, on pille leurs ressources et on les empêche de venir chez nous, on doit toujours garder un oeil sur eux car ce sont des sous-hommes,ils doivent d’entretuer quand on le décide, qu’ils meurent de maladies de toute façon ce ne sont que des animaux. voila ce qu’on pense de l’Africain.
    Mais Dieu veille sur nous, il nous voit, il nous aime tel que nous sommes et nous comprends, un jour ils rendront des comptes pas chez nous mais chez Dieu pour le mal qu’ils nous ont fait et qu’ils continuent de nous faire.


Témoignages - 80e année


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