Il y a quelques jours, REAGIES se replongea dans l’histoire malgacho-réunionnaise pour aborder avec vous un événement trop souvent oublié de notre histoire. Il s’agit des 358 ans de la naissance du peuplement de la Réunion. La date exacte diverge entre les historiens, mais entre le 7 et 14 novembre 1663, un bateau nommé « Saint-Charles » venant de Madagascar, arrive dans la baie de Saint-Paul à La Réunion.

De ce dernier, débarquent 10 Malgaches – dont trois jeunes filles – et 2 Français. Parmi les 7 hommes malgaches, se trouvent notamment Jean Mousso et Étienne Lambouquiti. Les 3 jeunes filles s’appellent Anne, Marguerite et Marie Caze (ou Racazo). Ces trois sœurs sont âgées respectivement d’environ 13 ans, 10 ans et 8 ans.

Les 2 Français se nomment Louis Payen et Paul Cauzan (ou Pierre Pau). Ces deux colons ont décidé de venir à La Réunion, appelée à l’époque Ile Bourbon. La révolte des Malgaches contre leur présence dans le Sud de la Grande île en est la raison.

Cette île était présentée au début comme un endroit difficilement atteignable. Les navigateurs arabes la décrivent comme « une haute montagne qui brûle tous ceux qui s’en approche ». A l’aube du XVIe siècle, que l’île est située sur une carte et réellement évoquée. Toutefois, elle tombe rapidement dans l’oubli pendant plus d’un siècle. En effet, elle n’offre rien aux navigateurs venus d’Europe : pas d’or, pas d’épices, pas de population à évangéliser. Elle ne sert même pas d’escale sur la route des Indes, car on préfère à l’époque la route du canal de Mozambique.

Par la suite, les premiers récits naissent sur cette île mystérieuse, ils ont été réunis par l’historien Albert Lougnon dans son précieux ouvrage « Sous le signe de la Tortue » :

Plusieurs similitudes reviennent, pour les résumer, l’île est comparée à un paradis terrestre, avec une forte abondance de ses eaux, la multitude d’oiseaux, de poissons, d’anguilles, de tortues, la salubrité de l’air, l’absence d’animaux dangereux, etc. L’île est surtout perçue comme un grand garde-manger pour les navigateurs venant reprendre des forces. Très peu de chose est dite sur son paysage, mis à part son côté rocailleux et escarpé.

La naissance du peuple réunionnais : les premiers marrons

Les 12 arrivants de novembre 1663 s’installent au pied des falaises de Saint-Paul sur le littoral, près de la grotte appelée plus tard celle des premiers Réunionnais. Mais très vite des conflits surgissent entre les Français et les Malgaches. Ces derniers ne voulant plus d’injustice, mais leur simple liberté, s’enfuient alors dans les hauts de l’île. Ils pouvaient facilement s’y cacher tant la végétation était verdoyante et devenaient ainsi, les premiers marrons.

En août 1665, la nouvelle Compagnie des Indes Orientales, chargée par la monarchie française de coloniser l’île, envoie une vingtaine de Français à La Réunion, sous la direction d’Étienne Regnault, nommé gouverneur. Selon plusieurs sources, les Malgaches réfugiés dans les Hauts reviennent sur le littoral, car on leur promet qu’ils ne seront pas punis.

Étienne Lambouquiti épouse Marguerite Caze. Jean Mousso épouse la sœur de Marguerite, Marie Caze, qui donne naissance à Anne Mousso (Anne Mousse) le 14 avril 1668 à Saint-Paul. Ce sera la première Réunionnaise.

Les deux Français ont des conflits entre eux et Louis Payen quitte le pays en février 1666. Pierre Pau aura un premier enfant nommé Étienne, baptisé le 7 août 1667. Paul Cauzan épouse Anne Caze, qui donne naissance à leur fils François vers 1671.

C’est ainsi qu’a commencé le peuplement de La Réunion. En 2021, cela fait 358 ans qu’a eu lieu cette naissance.

Renforçons l’union et la solidarité par l’apprentissage de notre culture

C’est l’occasion de se remémorer, les liens fraternels qui nous unissent. C’est aussi le moment, de repenser à notre identité unique et multiple. L’association REAGIES invite l’ensemble de la population réunionnaise à se mobiliser pour que notre histoire soit enseignée à l’école. Comment apprendre à nos enfants ce que signifie être réunionnais, leur apprendre LEUR identité, s’ils ne savent même pas d’où ils viennent ?

Faire cet apprentissage culturel permettra à nos enfants de comprendre leurs origines et l’importance de maintenir et renforcer leurs liens avec les peuples frères aux alentours, afin de co-développer ensemble et de façon solidaire notre belle région.