La musique Toirab et Mohammed Hassani invités au Musée de Stella

Rencontre avec un patrimoine vivant de l’archipel des Comores

5 octobre 2005

Samedi après-midi, le Musée Stella raisonnait des sons de la musique Toirab. Cette dernière nous vient de l’archipel des Comores, et c’est un des interprètes les plus célèbres, Mohammed Hassani, qui était l’invité de Stella.

Le Muséum de Stella Matutina a accueilli samedi Mohammed Hassani, chanteur toirab de la Grande Comore dans le cadre de l’exposition temporaire “Instruments de musique traditionnels, une histoire de familles dans l’océan Indien”. Cette manifestation se tient dans le cadre des rendez-vous culturels Musico-musée.
Yu-Sion Live, socio-anthropologue de l’Université de La Réunion, a présenté Mohammed Hassani et la musique traditionnelle Toirab. L’après-midi culturel s’est terminé par d’une animation dans les jardins de Stella, en partenariat avec l’Association musicale et culturelle comorienne de La Réunion. Cette journée était l’occasion de rendre hommage à l’interprète d’un art qui nous vient de l’archipel des Comores : Mohammed Hassani, chanteur toirab.
Mohammed Hassani est né en 1932, à Ntsaoueni, une petite ville située au Nord-Ouest de Ngazidja, la Grande Comore.
Ntsaoueni était auparavant un village entouré de remparts (ngomé) qui le protégeaient des agressions extérieures surtout du côté de la mer.

Depuis l’âge de 12 ans

Aujourd’hui, on y trouve encore quelques traces de la grande muraille.
Mohammed Hassani est le descendant d’une lignée de lettrés musulmans. Il est issu d’une famille musulmane très pieuse. Sa mère était réputée pour son interprétation du Coran. Il est lui-même “Iman et Hatwib” de la Grande Mosquée de vendredi.
Autodidacte en musique, il hérite de la belle voix de son père, qui fut agriculteur et chanteur.
Dès l’âge de 12 ans, il se fait remarquer pour la qualité de son chant et de ses danses religieuses. En 1943, il chantait déjà, accompagnant les danses traditionnelles comoriennes.
En 1945, un groupe de musiciens d’un village voisin est venu jouer à Ntsaoueni, dans sa ville natale. Ce groupe était composé d’un violoniste et de 2 joueurs engoma (tambours locaux). Il était tellement impressionné par les sonorités du violon que le jour suivant, il a essayé de reproduire un instrument similaire à l’aide de noix de coco.
Mohammed Hassani s’initie au violon et à l’Oud.
Et c’est en 1948 qu’il joue la première fois de l’oud devant un public avec des musiciens de l’Association de son village. Le concert fut un tel succès, qu’il a ensuite monté un petit groupe de musique populaire. Avec ses musiciens, il répétait tous les soirs. Ils jouaient surtout à l’occasion des mariages. Le groupe interprétait des chansons que les voyageurs ramenaient de Zanzibar, et il reprenait en arabe et en swahiti les succès d’Oum Kalsoum ou de Farid El Atrache.

De Madagascar à Marseille

En 1961, il compose sa première chanson. Puis Mohammed Hassani a l’idée de chanter en shingazida, la langue de la Grande Comore. Aussitôt, il rencontre un grand succès, les spectateurs affluent de toute l’île pour l’écouter. Il devient un chanteur à la mode et enregistre régulièrement pour Radio Comores.
En 1970, Mohammed Hassani fonde l’orchestre Mablaghou Sourou, et l’année suivante, il voyage 2 fois à Madagascar, pour aller chanter et à Diégo-Suarez.
Son dernier voyage remonte en 1998 à Marseille où ses 3 concerts furent couronnés de succès.
En 1975 et 1978, le Toirab “comorien” est jugé trop conservateur dans la nouvelle République. Les vieux enregistrements sont alors censurés, et Mohammed Hassani, comme d’autres musiciens, retourne dans son village natal.

Patrimoine vivant

Aux débuts des années 80, il décide de revenir à la musique, mais il est passé de mode. Le vieux musicien fait figure d’antiquité et sombre dans l’oubli.
Mohammed Hassani a à son actif 6 albums dont 4 est du twarab et 2 de lecture du Coran.
Il est l’un des derniers grands maîtres du Oud. Il est aussi l’un des vestiges d’une tradition qui est en train de se perdre.
Le 25 mai 2000, il a obtenu le Gabussi d’Or, qui est la plus haute distinction nationale des Arts de la Culture aux Comores.
Sa dernière récompense le 6 juillet 2004, l’a élevé au grade d’Officier du Croissant Vert des Comores pour la promotion de la musique comorienne.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus