Succès du 4e Congrès dravidien

Résistance et développement d’une religion populaire réunionnaise

29 avril 2019, par Manuel Marchal

Organisé par l’Association culturelle des descendants dravidiens pratiquants la religion hindoue populaire à La Réunion, présidée par Daniel Singainy, le 4e Congrès dravidien s’est tenu ce dimanche 28 avril à Saint-Paul. Il était question du vivre ensemble et du réchauffement climatique.

Ce 28 avril, le vivre ensemble et le réchauffement climatique étaient les thèmes du 4e Congrès dravidien organisé cette année à Saint-Paul.

C’est au son des tambours malbars que s’est effectuée l’ouverture du Congrès, au cours de laquelle une brève cérémonie religieuse a eu lieu. Organisé par l’Association culturelle des descendants dravidiens pratiquants la religion hindoue populaire à La Réunion, présidé par Daniel Singainy, ce Congrès vise à donner un coup de projecteur sur une religion apportée par des ancêtres indiens, qui est devenue réunionnaise car différente de celle pratiquée maintenant en Inde.

Autour de Maurice Singainy, les différents orateurs.

Alain Cataye a été le premier à prendre la parole sur le thème de l’unité. Une unité qui ne peut exister sur le plan physique car tous les formes sont différentes, mais qui peut devenir réalité : « l’unité est dans le coeur, c’est l’amour ».

Des Indiens découvrirent « l’île de feu »

Bruno Cellier est ensuite intervenu pour définir ce qu’est un Dravidien. C’est un peuple de l’Inde qui compte 270 millions de personnes et qui a donc contribué fortement au peuplement de La Réunion. Bruno Cellier a notamment indiqué que des navigateurs indiens avaient découvert La Réunion aux alentours de 1100, et l’avaient nommée « l’île de feu ». Il a aussi signalée que l’unité est fragilisée par une volonté manifestée par certains d’un retour aux sources.
Joseph Sinimalé, maire de Saint-Paul, s’est ensuite exprimé sur les thèmes du Congrès. Il a notamment signalé que la communauté d’agglomération qu’il préside est une des premières collectivités à avoir signé un contrat de transition écologique avec le gouvernement.
Max Banon est intervenu sur le thème de la lutte syndicale. Il a insisté sur ce que doivent les Réunionnais aux combats menés par les engagés qui revendiquaient de meilleures conditions de vie. Il a mis en évidence un vivre ensemble à reconstruire, miné par la course à la consommation, les crédits et l’individualisme. Il a souligné que les Réunionnais n’ont pas à être des mendiants, surtout pas envers la France qui, sans les outre-mer, ne serait qu’une petite nation : « n’ayons pas peur de revendiquer les moyens pour se développer, prenons nos responsabilités ». Il conclut en lançant un appel à la mobilisation pour le 1er mai.

Le Traité de Paris remet tout en cause

Saluant ceux qui ont réussi à créer une religion réunionnaise, Ary Yée Chong Tchi Kan est intervenu sur le thème du changement climatique. Il a mis en exergue tout le travail de Paul Vergès dans ce domaine, qui permit de passer de l’expertise scientifique à la décision politique. Un travail qui n’a pas été reconnu par les médias qui ne l’ont jamais interrogé sur ce sujet. Il a ensuite évoqué les conséquences du Traité de Paris sur le climat. Opposable aux Etats, collectivités, associations et entreprises, il vise à limiter la hausse de la température moyenne sur Terre à 2 degrés. La Réunion a à sa disposition des énergies renouvelables pour relever ce défi, a-t-il rappelé, il est donc « égoïste et irresponsable de continuer à importer du charbon et du pétrole ».
Thierry Araye a rappelé son combat pour qu’une télévision dirigée par un Réunionnais puisse émettre sur la TNT. Selvam Chanemougame, de l’association Tamij Sangam, a également apporté sa contribution à la réussite de ce Congrès. Stéphane Nicaise, prêtre catholique qui a marché dans le feu, s’est ensuite exprimé. Yolan Veleyen a pour sa part insisté sur l’esprit de résistance, symbolisé par un lieu comme Mafate. Cette résistance a permis de faire émerger la solidarité.

Aux origines du créole

Daniel Singainy a conclu les discours. Il a rappelé que les premiers Indiens arrivés à La Réunion ne se comprenaient pas, car parlant des langues différentes en fonction de leur région d’origine. Ils ont alors tenté d’imaginer un langage commun. « Dès le départ, la population malgache et indienne ont forgé une langue pour se comprendre », c’est devenu le créole.
Daniel Singainy a également souligné pourquoi ces Indiens sont arrivés à La Réunion : « le système brahmanique les ont vendus comme esclaves aux Français, qui les ont ensuite revendus aux acteurs économiques de La Réunion ». Ce sont les descendants de ces brahmanes qui viennent aujourd’hui de l’Inde en disant que la religion populaire hindoue n’est pas bien. Comment l’accepter ? Et cela d’autant plus que c’est une religion réunionnaise, qui appartient aux Réunionnais.

« Notre cause est juste »

Ce combat que Daniel Singainy a commencé en 1961 est illustré par une citation d’Ho Chi Min : « vous avez construit plus de prisons que d’écoles, vous noyez la révolte dans le sang, nous triompherons toujours car notre cause est juste ». « Nous sommes des résistants, nous avons lutté contre l’oppression coloniale et aujourd’hui il y a plus de chapelles que d’églises ». Il conclut son discours en appelant la jeunesse à reprendre le flambeau et à faire avancer la cause.
Après ces discours, les stands ont été inaugurés par Danyel Waro. Outre des associations culturelles, M. Thermidor exposait ses meubles réalisés avec du bois produit à La Réunion.
Un repas partage végétarien a suivi avant la présentation du début d’un bal tamoul.

M.M.

Bal tamoul.
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