Hommage à Gramoun Baba

Rèspé pou nout zansèt

25 octobre 2004

On a retrouvé, samedi soir à la Balance Coco, l’ambiance des grands kabars militants et fraternels. Au-delà de la musique, ce qui a surtout compté, en présence de Gramoun Baba tout juste sorti de l’hôpital, c’était de dire ’rèspé pou tout zansèt Larényion, sirtou pou sak la gaingn koudkongn’.

"Li té tynbo la tradisyon. Mé li la souèt déyèr bann zène i kontinyé". Il est près de minuit sur la Balance Coco et Fabrice Coupama du groupe Zarlor rend ainsi hommage à Gramoun Baba. Depuis quatre heures, ceux qui ont puisé dans le fonds culturel transmis par Gramoun Baba pour faire vivre la culture réunionnaise se succèdent sur le podium pour lui rendre un hommage empreinte d’un grand respect. Dans “gramoun”, il y a à la fois comme le souligne Dédé Payet le respect, l’admiration et puis sans doute de l’affection.
C’est ce que disent toutes celles et tous ceux qui défilent sur le podium décoré de portraits de Gramoun Baba et de son épouse peints par Florence Félix. Dédé Payet, Danyèl Waro, Zanfan Nasyon, Lao, les percussions de Shaolin, Mélanz Nasyon, Maryline Dijoux, Isabelle Testa, Milo Manent de la génération de Gramoun Baba, Patrick Manent qualifié de “voix d’or” venu en coup de vent parce que ce soir "la kaz mon monmon néna servis kabaré", les petits-enfants de Gramoun Bébé retenu lui au “servis kabaré”, Zarlor, Ti Fred, Thierry Gauliris dont l’enfance a été bercé par les “servis kabaré”, etc. Des inconnus aussi qui viennent spontanément.
Les groupes se décomposent et se recomposent en fonction des besoins. Et puis viennent aussi les amis martiniquais avec un gospel, guadeloupéen avec son groka, comorien qui s’exprime dans sa langue natale et en créole. Ils viennent dire qu’ils sont dans le même combat. Celui de la résistance culturelle incarnée ce soir par Gramoun Baba

Rouvèr pou toulmoun

Cela correspond bien à l’esprit qu’a toujours donné Gramoun Baba à son “servis kabaré”. "La kaz Baba, kabaré lété rouvèr pou toulmoun", indique Dédé Payet. C’est sans doute aussi pour cela que les “fonnkézèr” ont chanté Gramoun Baba dans “Baba priyèr maloya” (Ziskakan), “Servis kabaré”(Bastèr), “Baba kabaré”(Lansor), “Fonnkèr kozman maloya” (Patrice Treuthard), “Galé” (Danyèl Waro). Ce qui était rappelé dans l’exposition proposée par les organisateurs. Ces derniers, outre ces “fonnkèr”, avaient rassemblé des photos, des articles de presse, des extraits de livres... et au milieu un buste de Gramoun Baba de très bonne facture signé Danyèl Waro. Un excellent travail de recherche dans les archives. Mais comme la veille à Saint-Benoît s’impose l’idée d’entamer des recherches sur le “servis kabaré”. Car, comme nous, a glissé un des organisateurs, "on n’a pas fini de découvrir la signification profonde" de ce rituel et son impact sur la société réunionnaise. De ce point de vue, la présence samedi soir à Bois de Nèfles Coco de Sudel Fuma, vice-président de l’Université de La Réunion chargé de la recherche et de responsables de l’association pour la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise peut laisser espérer un approfondissement de la réflexion sur cet apport culturel fondamental à la culture réunionnaise.
Des recherches existent. Notamment l’excellente thèse de Baptiste Payet qui a assuré le commentaire d’un documentaire de RFO projeté avant le kabar. Un film qui a tourné quasiment en boucle une grand partie de la nuit pour un public attentionné.
L’hommage à Gramoun Baba a été fort et émouvant. Et à travers lui, les participants ont aussi affirmé leur "rèspé pou nout zansèt". Et particulièrement, comme il a été souligné au micro, "rèspé pou tout zansèt Larényion, sirtou pou sak la gaingn koudkongn".

Y.V.D.E.


Zot la di

Danyèl Waro
"Kan moin lariv servis kabaré la sézi amoin. Gramoun Baba la fé viv amoin lo servis kabaré. Ali minm lo rézistans kiltirèl. Aprésa la roganizé dann mouvman sosyal (...) I fo nétoiy la pèr dan nout péi. Servis kabaré sé manzé pou lo kèr. Vni la kaz Baba la pasé. I fo nou batay pou mont nout bann kamarad servis kabaré sét inn risès. Tousak bann gramoun la pas anou i fo nou fé viv".

Dédé Payet
"Gramoun Baba sét in moun la travay dir konm kolon si la tèr Bénard. Li té osi koni konm pésèr bisik (...) Servis kabaré lé intéresan konèt. Souvandfoi lé inpé kashé. Sat Gramoun Baba té rouvèr si lo kartyé".

Éric Alendroit
"Mèrsi Gramoun. Ou la done anou bokou. Sak lé an zé sé lo patrimoin vivan. Gramoun Baba, sét un boug la été kapab fé viv servis kabaré dann somin malizé. Astèr, nou néna lo rèsponsabilité mèt sa an partaz ant nou, épi èk lézot".


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