Révolte d’Elie

10 novembre 2006

Unique révolte des esclaves sur l’Ile de La Réunion, on s’étonne que l’on ne confère pas plus d’honneur à la révolte des esclaves de Saint-Leu, déroulée du 5 au 11 novembre 1811. Réprimés, massacrés, des résistants pour la Liberté ont fait le choix de donner leur vie pour faire valoir un droit sacro-saint : celui de l’Homme libre, et donc de l’abolition de l’esclavage, 37 ans avant l’arrivée de Sarda Garriga sur notre bout de terre.

Saint-Leu ne peut se satisfaire de ses seules manifestations sportives, aquatiques ou dans les airs. Pourquoi un tel reniement de son histoire ? Si la Mairie ne cherche pas à rendre hommage à ces esclaves révoltés, heureusement qu’un collectif s’est chargé de restituer intègrement cet événement. L’association Rasine Kaf, avec un nombre conséquent d’associations culturelles, a entrepris comme chaque année d’honorer ces résistants, même sans le soutien des pouvoirs publics, encore moins de la Mairie qui faillit à tous ses devoirs “de mémoire”. Le week-end dernier, une manifestation se déroulait sur 2 jours. D’abord dans le kartié maron d’Art Sénik, puis sur la Cafrine Saint-Leu, kabar et sobatkoz n’ont pas manqué de nous rappeler à l’Histoire. En effet, du 5 au 11 novembre 1811, alors que notre île était sous gouvernance anglaise, des hommes se battaient pour devenir libres, mais seront dénoncés par un des leurs, par l’esclave Figaro, à qui le pouvoir de l’époque concèdera une concession à l’Ilet à corde. Maigre terrain pour une telle affaire, il paraît que l’esclave délateur ne prendra même pas la peine de l’occuper. Et puis, on le sait, la délation reste vive aujourd’hui. Imaginez pourquoi !

Pour l’Histoire...

Le 8 novembre 1811, date avancée par l’historien réunionnais Prosper Eve, près de 200 esclaves descendent avec à leur tête un esclave créole nommé Elie. Ils ne sont presque pas armés, mais fermement déterminés à en découdre avec l’oppresseur, les oppresseurs. Ils brandissent un étendard à leur couleur, une croix et 3 sagaies sur un fond bleu. Se battre, mourir pour la liberté, tel est le prix. D’habitation en habitation, ils appellent les esclaves à venir les rejoindre, sans grand succès notable. Cette nuit, on enregistrera une altercation avec les hommes armés réunis par les propriétaires d’esclaves. 52 esclaves seront ainsi arrêtés pour être transférés à Saint-Paul. Les autres insurgés seront traqués pendant plusieurs jours encore. Une trentaine de condamnations à mort sera prononcé. N’allons pas réécrire l’Histoire, mais nous pouvons dire “scientifiquement” que c’est la seule révolte aboutie, comparée aux autres projets de soulèvement vite étouffés, toujours par délation. Jean, le premier chef de cette révolte, sera en effet vite mis au fer, mais cela n’aura pas d’incidence sur la suite de la révolte. Elie, le nouveau chef désigné, assisté de ses 2 frères, Gilles et Prudent, mène les insurgés. Le mouvement de résistance est particulièrement organisé. Le gouverneur anglais Farhquar, dans une proclamation adressée au roi Georges V, mais aussi les 11 procès verbaux des interrogatoires des esclaves capturés le 8 novembre 1811 peuvent attester de cette histoire aujourd’hui encore occultée. Regrettera-t-on que plusieurs procès verbaux aient été égarés, par malveillance sûrement. Mais l’Histoire est là, sous nos yeux, revendiquée par des associations soucieuses du devoir de mémoire. Pourquoi ne pas donner plus d’honneur à la lutte d’esclaves ? Monsieur le Maire de Saint-Leu, sachez que l’intégrité historique est appréciable, peut-être même un plus pour un tourisme entier.

Combat pour la reconnaissance de la révolte d’Elie

Constituées au sein du Comité Elie, les associations culturelles menées par Rasine Kaf luttent depuis 1999 pour que Saint-Leu ait sa place Elie, symbole d’une reconnaissance historique. Arrêtons avec le misérabilisme de la cause des descendants d’esclaves, revendiquons le rôle des résistants de la liberté dans la bataille pour l’abolition de l’Esclavage. Pourquoi seulement les abolitionnistes “blancs” ? Les Lacaussade, Leconte De Lisle... Ne peuvent-ils concéder un peu de place aux esclaves eux-mêmes, au moins ceux qui se sont battus pour leur liberté ? Ne sont-ce pas là les premiers concernés ? Encore devrions-nous rendre hommage au marron inconnu, et ceux plus célèbres ? Il nous reste encore beaucoup à faire pour faire valoir la résistance de nos aïeux ? Ne sommes-nous libres que grâce à Sarda Garriga ? « Po moin, maloya, kivi maron, bann zélindor Elie, la pa atann in Sarda ni déliv azot sanm tout son bann fransézi », chante Danyèl Waro. N’a-t-il pas raison ? Rendons hommage aux nôtres. A nos esclaves insurgés, à nos marrons en quête de liberté.
Ce samedi, rendez-vous devant le Parc 20 décembre, en face de la Mairie de Saint-Leu. Un bus vous attend pour une marche au Piton Rouge, dans les sillons de notre mémoire.

Bbj


Des résistances à faire tomber (dans notre édition du 15 novembre 2004)

Le Comité Elie dont font notamment partie Rasine Kaf, l’association de quartier Georges Thenor et Art Sénik voudrait faire du 5 novembre (ou peut-être du 8 novembre après les précisions de l’historien Prosper Eve) une date forte de commémoration. L’action lancée en 1999 piétine. « Pourquoi ce refus qui n’est plus celui du régime colonial ? », se demande Philippe Bessière de Rasine Kaf. Il fait état « de résistances très difficiles à faire tomber au niveau politique, social, psychologique... ou même des familles impliquées ». Mais en même temps, il se félicite de voir dans le public « de nombreux artistes et responsables d’associations » ; dont le swami Prémananda Puri, Président de l’association pour la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise (MCUR). Autant de raisons d’espérer. Philippe Bessière souhaite que les personnes présentes « fassent passer le message ».


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Messages

  • bonzour,mwin lé prézidan l’asosiasyon kabar la kour,nou sobat po la kiltir kréol,é osi lésanz sanm bann z’asosiasyon kiltirél, é nou néna kom prozé organiz bann voyaz sanm domoum po fé konét a zot in pé bann plas ousa nout bann zansét la pasé ousa zot la résté, pas ké mwin na lo mém manir war ké zot, i fo nou koné so bann zandrwa la, é nou lidé sé zistoman améne bann domoun a rann in lomaz nout bann zansét. éské zot i pé done a mwin zot niméro tél sanm zot ladrés ? po ké nou giny pran rdv po kozé. mérsi

  • ou parle nout banbe zansét ,mi vé bien dabord sat ki le tamoul le chinois le yab ou bien kaffe tou seul ?zot mémé la dit créole force rode son racine va fini dann branche a méditer car le blanc des hauts ,le metis dans toute sa splendeur est tout aussi réunionnais méme s’il a fait une croix sur le passé esclavage (noirs commandeurs) pour regarder son avenir noir voire trop noir sans pour autant oublier son passé, mais peut étre qu’il est temps de laisser les morts enterrer les morts

    • SI MI KONPRAN BIYN OUT KOZMAN,LA OU VE DIA NOU KONM SALA, LE LER PO BLIE PASS INNOT ZAFER PO AVANSE !
      OU NANA KOZE IN MOUNE I KILPABILIZ MI KONE PA OUT LORIZINE NI OUT BIT
      AMWIN TIKOK LAKOUR MI KONSTAT YINK IN ZAFER,SE KE TOUT PEP DSI LA TER LA, I ROD OSSA LI SORT PO KONET OSSA LI SAVA. ME ANOU SAKFWA NOU ROD PO AVENSE NANA TOUZOUR IN BAT ARYER PO KASS NOUT ZEL !
      lISTWAR LE SAT LILE E NOU GINY PA SANZ ALI.
      MWIN PA VIV LESCLAV DOK MARPWIN SANTIMAN VANZANS-I FO ARET SANM KILPABILTE OSI !
      IN PROFET RASTA LA DI IN PEPE I VIV SAN KONET SON PASE SON LORIZINE EK SON KILTIR LE KONM IN PIEDBWA SAN RASINE !
      kit anou rod nou lorizine po nou avanse ! anou si no la drwa fet nout bann martir èk not éro ! konm bann swif-konm tout pep san ont
      ARET RAL DEYER MON FRER,SE EK BANN MANTALITE KONM OU KE NOU BAT ARYER


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