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par le Dr Raymond Vergès

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’Sacatove’,
de Leconte de Lisle — 1 —

Nout mémwar

lundi 17 septembre 2012

Depuis le début de l’année 2012, dans la continuité de la célébration de "l’année d’Élie" en hommage à nos ancêtres esclaves qui ont organisé une grande révolte en 1811 dans la région de Saint-Leu, "Témoignages" publie chaque vendredi une chronique "Nout mémwar". De janvier à mars, nous avons publié à cet effet un récit de l’historien, poète, écrivain et militant culturel réunionnais Jean-Claude Legros, intitulé : "La guerre Cilaos, in zistoire vrai".

Ensuite, nous avons publié jusque la semaine dernière un autre document historique, que nous a également transmis Jean-Claude Legros ; il s’agit d’"Une chasse aux nègres-marrons", une œuvre de Théodore Pavie parue en 1845 et consacrée notamment au combat pour la liberté mené par l’esclave marron Quinola.

Grâce à Jean-Claude Legros, qui nous a aussi remis encore un autre texte, nous pouvons à présent commencer la publication d’un autre ouvrage consacré au marronnage et qui fait partie des trésors de la littérature réunionnaise du 19ème siècle. Il s’agit d’un récit de Charles Marie René Leconte de Lisle (1818-1894) intitulé : "Sacatove" et paru en 1846, soit deux ans avant l’abolition de l’esclavage à La Réunion.

"Témoignages" remercie notre ami Jean-Claude. Voici le début de ce récit, dont un extrait paraîtra chaque vendredi dans cette chronique "Nout mémwar".

Il n’appartient qu’aux oeuvres vraiment belles de donner lieu aux imitations heureuses ou maladroites. Ce sont autant d’hommages indirects rendus au génie, et qui n’ont pas fait défaut au plus gracieux comme au plus émouvant des poèmes, Paul et Virginie, que Bernardin de Saint-Pierre appelait modestement une pastorale.

Pastorale immortelle à coup sûr, où l’exactitude du paysage et des coutumes créoles ne le cède qu’au charme indicible qui s’en exhale. Les quelques lignes qui suivent n’ont aucun rapport, quant au fond, avec l’histoire touchante des deux Mauriciens.

La scène se passe cette fois à Bourbon et l’époque n’est plus la même. Cependant le voisinage des deux îles, que trente-cinq lieues séparent à peine, amènera entre le poème de Bernardin et ce récit de la mort romanesque d’un noir célèbre par son adresse, son courage et son originalité, quelques analogies nécessaires de description — sauf les différences du sol, différences souvent essentielles, comme on en peut juger.

L’île Bourbon est plus grande et plus élevée que l’île Maurice. Ses cimes extrêmes sont de dix-sept à dix-huit cents toises au-dessus du niveau de la mer ; et les hauteurs environnantes sont encore couvertes de forêts vierges où le pied de l’homme a bien rarement pénétré.

(à suivre)


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