Valoriser les plasticiens de La Réunion

Sensibilités à fleur de toile

27 mai 2004

Rachell Goubet, présidente de l’UDAR (Union des artistes amateurs de La Réunion), est une militante associative acharnée qui met toute son énergie pour encourager les plasticiens créateurs de notre île. Débutants, amateurs et même professionnels, l’UDAR fédère les expressions artistiques, va à la rencontre de tous les publics pour mettre en exergue la richesse de l’identité culturelle réunionnaise, ici, dans la zone et au-delà.

Rachell Goubet, aujourd’hui retraitée, n’est pas une adepte du farniente, au contraire. À chaque jour son lot de rendez-vous, de démarchages pour faire avancer ce pour quoi, et ceux pour qui, elle milite : l’UDAR et les plasticiens créateurs. Grâce au soutien des structures institutionnelles, à l’action des bénévoles de l’association, une exposition est organisée chaque mois. Partout dans l’île, la centaine d’adhérents de l’UDAR a l’opportunité de présenter ses créations au plus grand nombre, de faire connaître son travail pour qu’il ne soit pas relayé comme "œuvre morte".
Chaque année, des artistes plasticiens de la zone sont également conviés à venir participer au "Carrefour des créateurs" qui se tient à la mairie de Saint-Denis en octobre. L’occasion de rencontres et d’échanges entre les artistes de Mayotte, Maurice, des Comores et nos talents réunionnais. "Il est bien d’apporter à La Réunion des œuvres ou de faire connaître des artistes internationaux", confie Rachell Goubet, "mais il est mieux encore de mettre d’abord en avant les artistes locaux, comme ceux de la zone".
Bien que beaucoup de plasticiens confirmés restent très critiques envers les amateurs, Rachell Goubet estime pour sa part que "les grands talents se trouvent dans ce monde amateur qui fonctionne au coup de cœur (...). Ils font de gros efforts et mettent tout leur cœur, toute leur âme pour refléter et faire partager ce qui les a touchés". "Il faut être solidaire, avoir une grande générosité et l’esprit associatif" pour que, selon sa présidente, la mission de l’UDAR prenne tout son sens.

Une fonction sociale

Cette reconnaissance de son travail que l’UDAR peut offrir aux plasticiens de l’île est d’autant plus importante qu’elle a une valeur sociale. Dans une société où l’expression est souvent bâillonnée, la création a valeur d’exutoire. "Aujourd’hui, alors que nombreux sont ceux qui souffrent du chômage, de l’inactivité, la peinture leur permet d’aller au fond d’eux-mêmes, de retrouver leur personnalité, leur identité. La rencontre avec d’autres artistes est également est vecteur d’épanouissement". L’expression artistique est un moyen d’aller à la rencontre des autres, "on tend la main avec un tableau", ajoute Rachell Goubet qui se sent motivée par cette forme d’humanisme.
Inciter les artistes plasticiens à voler de leurs propres ailes, à gagner leur autonomie, s’inscrit également dans les priorités de l’UDAR. "Peindre, produire et progresser" : telles doivent être les prérogatives des adhérents de l’association pour prétendre présenter leurs œuvres au public métropolitain. Car l’UDAR favorise aussi les expositions en France où la population est friande des créations figuratives tropicalisées, représentatives du paysage réunionnais. C’est ainsi qu’en juillet prochain, quelques œuvres choisies de l’UDAR s’envoleront pour la Charente-Maritime où se tiendront les 11èmes Biennales de Marennes.

Vers plus de professionnalisme

L’association, qui répond déjà à des besoins à La Réunion, souhaiterait mener à bien une action formatrice. La première étape consiste à trouver un local, un "Espace-UDAR" pour conduire des animations éducatives, organiser des rencontres, des échanges de techniques, "susciter des vocations", confie la présidente qui, pour cela, compte sur l’initiative des adhérents pour prendre en main leur passion et la développer. Car "c’est aussi cela le professionnalisme".
Créée en 1980 par "une bande de copains" (Tony Manglou, Bruno Lajoinie ou William Zitte), l’UDAR a su tracer son chemin dans le paysage associatif réunionnais. Présidente depuis 11 ans, Rachell Goubet est très attachée à la culture réunionnaise et désireuse d’aller sans cesse à la rencontre du public pour leur faire partager cette beauté qui la comble au quotidien. Elle a su mener à bien sa mission et espère que d’autres seront honorés par leur investissement et le travail déjà accompli, avec le souci omniprésent de valoriser, de faire connaître et reconnaître les talents réunionnais.
Empruntant la phrase de Jean Cocteau pour répondre, à sa façon, aux éternels détracteurs de toutes les initiatives qui ne viennent pas d’eux, Rachell Goubet cite : "Ce que le public te reproche, cultive-le c’est toi". À méditer.

Estéfany

Renseignements : l’UDAR, Maison des Associations, 14 rue Moulin à Vent à Saint-Denis (0262-94-14-23) ou sur Internet : http://runisland.com/udar


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