Le Bato Fou et les salles du Réso orchestrent la rencontre de deux artistes de l’océan Indien, de deux identités musicales voisines. Le séga-maloya aux couleurs reggae de Thierry Gauliris, leader du groupe Baster, va fusionner avec le “Séga Typic” rodriguais de Marlin Augustin, pour que, fortes de racines communes, ces deux sensibilités musicales nourrissent l’émergence d’une culture commune.

C’est sur la scène du festival de l’océan Indien, en avril 2003 à Maurice, que Thierry Gauliris et Marlin Augustin se sont rencontrés, et ont décidé de planifier cette résidence musicale. Un projet soutenu par différents acteurs culturels locaux qui mutualisent ainsi leurs compétences pour favoriser les échanges entre les artistes de l’océan Indien et la promotion des musiques de la zone.
Qu’ils soient de Madagascar, de Maurice, des Comores, de Mayotte ou de La Réunion, les musiciens ont "naturellement très vite des atomes crochus", soutient Pierre Macquart, directeur du Bato Fou. Soulignant le bouillonnement culturel qui anime la zone, il estime qu’"on s’affranchit de l’Europe pour favoriser les échanges Sud-Sud".

Deux musiques, un même engagement

Après une résidence-échange en 2000 à Barcelone avec le groupe catalan “Dani Nello y la Banda d’El Zuco”, après la rencontre du début d’année avec “Ceux qui marchent debout”, Thierry Gauliris tente l’aventure musicale avec Marlin Augustin.
"Nou rejoin anou par la ritmik", note le leader de Baster ; et quoi qu’il en soit, "quand on est musicien, ça communique". Similitude rythmique mais aussi d’engagement, avec cette même passion pour la tradition musicale. Car si pour Baster, séga et maloya restent ses musiques de cœur, enrichies par sa créativité au fil de ses 20 ans de carrière et par son inspiration reggae, l’héritage culturel de Marlin, qu’il soit de La Réunion, de Bretagne ou d’Afrique, compose sa musique.
"La musique traditionnelle occupe une grande place à Rodrigues", précise Marlin, qui observe que l’héritage culturel réunionnais est "peut-être un peu endormi". Disons qu’à Rodrigues, les groupes de musique ont encore toute leur place dans les fêtes populaires, où l’accordéon est le gage d’une fête réussie.
C’est son arrière-arrière-grand-père, Marlin Breton, nommé Legoff qui a importé en 1870 l’accordéon diatonique à Rodrigues. Un accordéon qui ne le quitte jamais, et qu’il sauvegarde jusqu’à fonder une association d’accordéonistes et une école d’apprentissage pour les jeunes Rodriguais.

Marlin Augustin est aujourd’hui la figure de proue du “Séga Typic” rodriguais, né du télescopage de la musique de ses aïeuls basée sur le quadrille, la polka et autres mazurkas et de la musique esclave africaine très proche du maloya traditionnel réunionnais. Un séga méconnu à La Réunion et que Marlin, aux côtés de ses musiciens-chanteurs, fera apprécier avec un plaisir non dissimulé.
La rencontre étonnante et prometteuse de ces deux grands artistes symbolise les retrouvailles entre le séga et le maloya, opposés pendant longtemps sous l’effet de certains réfractaires aux mélanges.
Thierry et Marlin ont maintenant six répétitions devant eux pour proposer un répertoire de 4 titres rodriguais et de 4 titres réunionnais, offert au public à l’occasion de cinq spectacles. Le fruit de cette création sera proposé lors des événements du Bato Fou en octobre 2005, centrés sur l’accordéon, mais également lors du “Madacordéon”, au Centre culturel Albert-Camus à Madagascar.

Estéfany

Bientôt un accordéon indocéanique

Le Pôle régional des musiques actuelles (PRMA), qui contribue à la rencontre entre Thierry et Marlin (lire ci-dessus), a un autre chantier. Il travaille déjà avec Marlin Augustin sur un projet autour de l’accordéon diatonique (qui utilise la succession naturelle des tons et demi-tons de la gamme), qui vise à la fabrication de cet instrument dans l’océan Indien.
Il organisera des rencontres sur cette thématique, notamment avec l’aide de l’association “la Soufflette” regroupant des accordéonistes réunionnais. Marlin Augustin reviendra promouvoir cette opération en juin 2005 à La Réunion.
La création de la Fédération des accordéonistes de l’océan Indien sera également officialisée le 25 septembre, au Théâtre en Plein Air de Saint-Gilles. Grâce au partenariat du Réso, dont les salles coproduisent le spectacle, six journées en direction des publics scolaires de Saint-Pierre, des Avirons et de Saint-André sont organisées, comprenant prestation musicale et informations sur l’île Rodrigues.
Cette initiative permet d’amorcer l’opération “Chroniques lycéennes”, qui sera réalisée en avril 2005 avec le Rectorat, dans le cadre des classes à PAC, et qui donnera lieu à deux spectacles.

Cinq spectacles annoncés

Marlin Auguste, Thierry Gauliris et leurs musiciens se produiront : samedi 25 septembre à la salle Georges Brassens, aux Avirons, à 20 heures ; mardi 28 septembre à la salle Vladimir Canter, à Saint-Denis, à 20 heures ; vendredi 1er octobre à la salle multimédia de l’Entre-Deux ; samedi 2 octobre à la salle Guy Alphonsine de Saint-André ; et enfin, dimanche 3 octobre lors d’un concert donné à Manapany, à partir de 16 heures 30.
Pour tous renseignements, contactez le 0262.25.65.61.