Ciné-critique

“Tigres et Dragons” ou l’art de la chevalerie chinoise

13 août 2004

Le jeudi 5 août dernier, RFO-Télé a diffusé une soirée thématique sur la Chine. À cette occasion, nous avons pu voir le documentaire “Tigres et Dragons”. Un film qui mérite quelques commentaires dans le contexte cinématographique actuel, où les films dits d’arts martiaux sont particulièrement à la mode.

La sortie mondiale de “Tigres et Dragons” de Ang Lee (2001) a été un grand succès. Le film a surpris au premier abord le spectateur occidental par son exotisme et l’aspect spectaculaire de ses combats.
Dans le fond, le travail d’Ang Lee est un hommage à un genre méconnu du grand public, le “wu-xia-pian”, film de chevalerie. L’importance des femmes, dans le déroulement de l’action du film, a souvent été prise comme un fait singulier.
Le film de Ang Lee se réfère pourtant à des œuvres datant des années soixante. La femme guerrière est une figure récurrente du film de chevalerie chinoise. L’une des actrices de “Tigres et Dragons”, Chang Pei Pei, le personnage de la “Hyène”, fut l’une des grande dames de ce genre. Elle a notamment tourné dans deux films phares du studio des Shaw Brothers dans les années 60 : “Golden Swallow” de Chang Cheh et “Come drink with me” de King Hu.
Tout en gardant les principales caractéristiques de ses références, le classicisme de la mise en scène de “Tigres et Dragons” évite de dérouter le spectateur occidental.
“Hero”, de Zhang Yimou (2003), adopte un parti-pris peut-être plus audacieux, même si sa dimension esthétisante et son discours - allant soi-disant dans le sens des autorités chinoises - n’ont pas plu à une partie de la critique française.
Mais ces deux films, qui sont des productions à vocation internationale, ne sont pas les deux seules tentatives modernes de renouvellement du “wu-xia-pian”. Des cinéastes soutenus par la critique française ou les festivals s’y sont déjà attelés : Wong Kar-Waï, en réalisant “Les Cendres du Temps", a offert à ce genre une dimension intimiste ; et Tsui Hark, avec “The Blade”, a créé une œuvre étrangement réaliste.
Ces deux films, réalisés au milieu des années 90, malgré leur statut d’œuvres cultes, n’influenceront pas l’industrie cinématographique d’Hongkong. Ils en révéleront les limites.

Mounir Allaoui


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