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Histoire : Conférence de Christiane Taubira à l’université
15 juin 2004
Vendredi dernier, l’Université de La Réunion accueillait Christiane Taubira pour une conférence portant sur la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et abordant la question de la réparation. Christiane Taubira était venue avec une grande impatience, celle d’entendre les Réunionnaises et les Réunionnais, qui ont débattu avec elle.
Avant de commencer sa conférence Christiane Taubira précise qu’elle s’est reconnue dans La Réunion : "Je suis, comme vous, issue d’une histoire coloniale de l’Europe, portant les stigmates d’une histoire d’oppression. La conspiration du silence nous a privés de la connaissance de nous-mêmes. Je parle en ayant intériorisé cette difficulté.
Je reste vigilante sur ce que j’ignore. Je ne prétends pas à l’objectivité. L’objectivité est un leurre, car les faits ne se passent pas dans une situation objective. J’assume pleinement le fait d’être fortement subjective sur le sujet.
Je parle depuis la Guyane, depuis l’Amazonie qui a connu le génocide amérindien. Cette histoire douloureuse faite de l’accumulation de strates de souffrances, n’a pas donné des individus tourmentés, habités par la haine et la rancune. Nous avons privilégié la compréhension, l’acceptation, la générosité".
Elle parle aussi "depuis les bancs de l’Assemblée nationale" en tant que responsable parlementaire pour évoquer son expérience de l’élaboration d’une loi désignant l’esclavage comme crime contre l’humanité. Si la visée ultime est la réparation, la première chose est bien de donner un nom et un statut au crime. Ce qui est fait depuis le 10 mai 2001. Restent à voir les insuffisances de son application plus de trois ans après l’adoption de la loi.
Dès l’article premier, poursuit Christiane Taubira, "la République Française reconnaît que la traite négrière et l’esclavage perpétrés contre les populations dans l’océan Atlantique et dans l’océan Indie constituent un crime contre l’humanité".
La définition de ce statut a été objet de contestation. La députée soulignait la souffrance des responsables des autorités françaises, la remise en cause qu’a été pour eux la révélation de cette vérité, bouleversant leur schéma, leur conviction. Oui, "la France a pendant des siècles commis un crime contre l’humanité et de toute époque il y a eu des personnes qui se sont levées" pour dire non.
Dans le deuxième article de la loi, explique-t-elle, "le droit reconnaît une équivalence entre les sources écrites de l’Histoire et les sources orales et archéologiques, considérées avant comme mineures. Les sources écrites sont de tradition et de culture européenne. Si cette écriture s’est figée, elle a été écrite par une main impliquée, concernée, par les négriers, par les gouverneurs... Ce sont des témoignages éminemment subjectifs. Il n’y a aucune raison que les autres sources ne participent pas à nourrir l’histoire". L’article 3 charge l’État de mettre en place une structure internationale, pour une reconnaissance universelle, afin de convenir d’une date de commémoration mondiale. L’article 4 fixe obligation de définir des lieux et des actions de mémoires.
L’article suivant modifie la loi Gayssot contre le négationnisme pour frapper toute tentative de nier ce fait reconnu. "Ne pas reconnaître c’est être complice", déclare Christiane Taubira, "c’est l’honneur, la gloire, la force de la France de reconnaître ce crime contre l’humanité. Toutes les religions se sont polluées en justifiant ce crime. La raison de l’esclavage a aussi été expliquée par les sciences humaines, les travaux pseudo-scientifiques. Ces découvertes font tomber bien des statues de commandeur".
Et la députée les bouscule l’une après l’autre. Hegel tout d’abord, qui nous dit après avoir longtemps observé le nègre que "tout en lui est sauvagerie". Mais aussi Voltaire, propriétaire d’actions dans la compagnie des Indes. Condorcet, lui, proposait une "abolition échelonnée" le temps d’apprendre la liberté. Plus violent : les travaux sur l’angle facial, expliquant l’asservissement par la morphologie. Ceux du naturaliste Buffon, qui avance que "les hommes sont égaux mais dans les contrées tropicales, la chaleur a des conséquences désastreuses pour le cerveau".
Tout cela aboutit à la théorie de la hiérarchisation des “races”.
Si nous avons en mémoire près de cinq siècles d’esclavage, Christiane Taubira rappelle qu’avant la route des Indes, les marchands arabes empruntaient la route du Sahara à partir du VIIème siècle pour ce commerce d’humains. Ce système esclavagiste explique l’écart considérable entre le Nord et le Sud. La richesse s’étant construite avec la capture d’être humain, le rapt, la violence codifiée...
Le Code Noir étant la super structure idéologique et religieuse. Tout cela explique "l’accumulation du capital grâce à la surexploitation des êtres humains, la confiscation de leur territoire, le pillage des richesses, la destruction des cultures".
Cette histoire de l’esclavage, qui l’a déchirée, lacérée, aurait pu la "naufrager". Elle ne veut pas que les enfants la découvrent seuls. Elle ne veut pas qu’elle écrase encore des générations.
Aussi faut-il la magnifier en rappelant ce qu’elle a été. Selon elle, l’important à dire c’est que "la résistance a commencé le jour de l’oppression. Il s’est trouvé des hommes et des femmes, dans le camp des victimes ou des oppresseurs, pour refuser l’esclavage".
C’est cet héritage commun de la résistance, cette solidarité, cette fraternité qui permet de magnifier l’histoire.
L’article 2 est le point cardinal de la loi car il touche au programme scolaire. Pour préparer l’avenir il faut que nos enfants sachent que le grand Napoléon Bonaparte, vaincu à Trafalgar en 1805 a d’abord été vaincu en 1803 à Saint-Domingue devant les troupes du général Toussaint Louverture parce qu’il avait osé tenter de rétablir l’esclavage. Il faut exposer à nos enfants que Colbert a participé à mettre en place un système économique national, organisant, structurant l’esclavage. Il est celui qui a élaboré le Code Noir promulgué par le Roi Soleil. "Toute l’histoire de l’Europe est traversée de l’histoire de l’esclavage", affirme Christiane Taubira. L’application de la loi doit être exigée.
Eiffel
Réparer l’irréparable
Comment réparer l’irréparable ? Christiane Taubira ne le sait pas, mais ce qu’elle sait c’est qu’on ne peut pas éviter la question de la réparation. C’est pourquoi elle l’a inscrite dans la loi. Cette seule inscription est apparue comme "trop périlleuse" par les députés. Ce qui révèle "à quel point ceux qui font les lois sont ignorants de cette histoire et ont peur de la vérité, car elle peut être tellement féconde, libérer tellement d’énergie" confie-t-elle. Soucieuse de regarder son époque en face, ainsi que ce qui fait la grandeur d’un homme ou ce qui fait de lui un homme faible, elle insiste sur les difficiles efforts accomplis par les députés même de bonne foi pour finir par accepter.
Ainsi les discussions autour de la loi à l’assemblée nationale ont ajouté encore à sa souffrance. Elle a du faire face à l’humiliation de questions tout simplement idiotes, formulée avec beaucoup de naïveté. Par exemple on lui a fait remarquer que si esclavage il y a eu c’est que les Africains étaient vendus par des Africains. Christiane Taubira s’insurge : "Quelle comparaison entre un système économique organisé au profit d’une entreprise odieuse, alors que les puissances européennes rivalisent entre elle, et des individus pris dans des guerres tribales ? C’est le capitalisme expansionniste qui avait besoin d’air, d’espace, de main d’œuvre".
Finalement elle trouve dans ces objections une "très belle humanité". Ce sont des remarques "sauve qui peut" de personnes à la recherche d’une planche de salut. Elles se disent qu’il y a forcément une raison, que nous ne pourrions pas faire des choses pareilles.
"Exigeons que la loi soit appliquée", terminait-elle, "ouvrons des manuels scolaires, que la conscience universelle s’élève au plus haut niveau. Pour sortir du silence et de l’oubli, portons en héritage la culture de nos ancêtres. Ayons le souci de l’autre. Partons en chasse de toutes ces formes d’aliénation de la liberté de l’Homme. Il nous faut livrer bataille, sans merci, à tous ceux qui exploitent leur semblable. En les frappant, ils nous frappent nous-mêmes. L’espèce humaine est diverse. L’altérité est une valeur fondamentale, c’est la force des peuples métissés".
Lors du débat avec la salle, la question de la réparation était au centre des échanges. Christiane Taubira n’adhère pas à la première école qui souhaite une indemnité financière. Elle se dit très attachée à une seconde école : "le crime est irréparable, mais il faut poser les conséquences du crime, étudier le mode de sortie de la colonisation. Les clivages sont encore là. Ce sont bien les mêmes qui disposent du patrimoine financier et foncier malgré l’apparition d’une classe moyenne. Les deux dynasties sont liées au système esclavagiste. Si en 1848 les colons ont été indemnisés, s’ils ont conservé les terres, l’esclave n’a rien eu. Pire, une loi a été votée contre le vagabondage, pour l’obliger à retourner travailler. Il a été organisé une société de domination avec le maintien des conditions de l’assujettissement".
Parler réparation c’est demander la fin des inégalités dues au mode de sortie de la colonisation. C’est revoir la politique agraire, la légitimité des propriétés foncières...
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