Exposition “La Réunion Lontan” au Lycée de Bras-Fusil

Un autre regard sur notre histoire

26 avril 2005

Autour d’un sujet sur le patrimoine réunionnais, une cinquantaine d’élèves bénédictins du lycée de Bras-Fusil ont élaboré avec le plus grand soin une exposition, qui remonte dans le temps lontan, pour le temps présent. Un travail à saluer, et à réitérer.

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De filières et de corps de métiers différents, ces lycéens ont associé leurs compétences pour un projet autour du patrimoine, “La Réunion Lontan”, notamment les objets lontan. Ces élèves de la Terminale des métiers du secrétariat (TMS1) et de la Première d’adaptation des Sciences et techniques du tertiaire (STT) ont ainsi réalisé une exposition, retraçant les objets utilisés par nos aïeux. Il a d’abord fallu retrouver ces objets d’un temps révolu. Gramophone, machine à coudre manuelle, fer à repasser au charbon, lampe à pétrole, ces ustensiles deviennent de plus en plus rares. Les objets trônent dans le Centre de documentation et d’information (CDI), harmonieusement agencés. La communication a été à la charge des élèves de la Première STT. Et puis, comme il faut faire comme au temps lontan, quoi de mieux que d’entendre et de se délecter de danses folkloriques d’antan, comme la scottish, le quadrille ? Les gramounes du Club 3ème âge de Saint-Benoît ont préparé une démonstration de danses. Les élèves sont attentifs. Peut-être apprennent-ils déjà les pas pour faire revivre ce folklore endémique en voie de disparition. Pour ces élèves, comme l’atteste Elsa Ramalingom (TMS1), "c’est important, parce que c’est aussi un projet professionnel de fin d’année d’étude". Ces lycéens sont également notés sur ce projet, comme le sont - pour peu de temps - les lycéens soumis aux Travaux pratiques encadrés (TPE).

"Le créole est une belle langue..."

En tout cas, sans vouloir devancer le travail des professeurs chargés de noter ce travail intéressant, nous ne pouvons que féliciter une telle initiative lycéenne, soutenue par ailleurs par les professeurs Rose-Reine Nillameyom, Berthe Louise et une mystérieuse Madame Sainte-Rose, digne cheville ouvrière promouvant le module “Langue et culture(s) régionale(s) (LCR)”. Même si l’idée revient aux lycéens, elle a contribué, selon Rose-Reine Nillameyom, à ce que "chaque élève prenne conscience que le créole est une belle langue". Dans la cour du lycée, des poèmes ont fleuri sur les arbres, en anglais, en français, en espagnol et en créole. Cela s’est réalisé notamment avec la contribution de la Bibliothèque départementale de La Réunion. Une contribution simple, mais ô combien symbolique. Les lycéens, citoyens de demain, se prennent en main, avec un juste regard sur le passé, sur notre Histoire. Un retour souvent perçu comme passéiste, mais on se trompe souvent. Ici, l’idée, quoique naïve, est géniale, pertinente, parce qu’elle propose de prendre force sur une Histoire forte, belle, riche, celle qui fit les heureux jours d’une population pourtant meurtrie par la dureté du contexte des années d’après-guerre. Les gramounes parlent de ce temps indigent et sain. Le lycée devrait installer la rencontre intergénérationnelle dans son enceinte. Elle l’inaugure en grande pompe. Les élèves ont en effet organisé deux conférences, avec Daniel Honoré, notre Gramoun “la di national”. Prochainement, ils recevront Jean-François Sam-Long, romancier créolophone et francophone. Pour parfaire leur travail, ils accueilleront par ailleurs les architectes du CAUE, le Conseil d’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement. Programme fourni et intense, vous comprendrez.

Bbj


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