
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Séminaire “Kozman kaf”
6 décembre 2008, par
Le séminaire “Kozman kaf, du déni à la réhabilitation” a commencé hier à l’Université du Moufia. Une rencontre dans la continuité du travail mené par l’association Rasine Kaf pour briser le tabou de la question cafre au sein de notre société arc-en-ciel. Aujourd’hui, deuxième journée de séminaire, toujours à l’Université.
“Kozman kaf, du déni à la réhabilitation”. Comment donner toute sa place au Cafre et à son histoire dans la société réunionnaise ? C’est le travail que mène depuis 10 ans l’association Rasine Kaf, à l’origine du séminaire sur la question cafre qui a commencé hier à l’université, avec le Département langues, cultures et sociétés des îles de l’océan Indien. Un séminaire pour aborder les représentations du Cafre au sein de la société réunionnaise et réfléchir sur l’héritage africain, sur l’africanité réunionnaise.
Les interventions de chercheurs et de représentants d’associations ont été riches d’enseignement sur « ce débat sensible, lourd, grave, cette histoire falsifiée qui se découvre depuis quelques années », dixit Gilbert Annette, le Maire de Saint-Denis.
Pour Paul Mayoka, anthropologue à Toulouse, l’africanité réunionnaise est niée. « Nou lé pa afrikin », « sa zistoir zansèt », lui a-t-on dit dans les années 1990 quand il a commencé à s’intéresser aux « survivances d’africanité à La Réunion ». Le Cafre est pourtant associé à l’Afrique, « il s’agit d’un Réunionnais dont le phénotype renverrait plus ou moins à l’origine africaine ou malgache ». L’absence d’étude sur la question cafre, à l’époque, a suscité l’interrogation suivante pour l’anthropologue : « Est-ce à dire qu’il y a une absence d’existence sociale du Cafre ? ».
Le Cafre « paresseux, bête, laid »
Lucette Labache, sociologue à la Maison des Sciences de l’Homme à Paris, s’est intéressée aux « approches psychologiques de la cafritude ». La question cafre est un « sujet tabou, un débat passionnel », a-t-elle constaté. Après un test sur un groupe expérimental, elle en a déduit que les Cafres constituaient le groupe le plus défavorisé, au taux d’alphabétisation faible, aux emplois dévalorisés, à la mobilité professionnelle exceptionnelle. « Ils ont des difficultés à se faire accepter en tant que cadres », explique-t-elle, citant l’exemple d’une Cafrine que la société ne conçoit que comme femme de ménage ou secrétaire.
Comment dès lors se perçoivent les Cafres ? « Comme un groupe qui n’a aucun prestige, peu de désirabilité sociale. Ceux qui ne sont pas naïfs reconnaissent la discrimination diffuse ou directe. Il est perçu comme non combatif, paresseux, bête, laid. Ce sont des stéréotypes bien intégrés par les Cafres. Si bien qu’ils pratiquent l’auto-dénigrement et l’auto-discrimination. Il n’y pas de création d’une fierté cafre. On peut parler du meurtre symbolique du Cafre par le Cafre. Il y a double discrimination, ils sont résignés car ils ne peuvent espérer l’aide de leurs propres frères ». Et quand la sociologue pose la question de l’avenir professionnel des enfants, les parents répondent, résignés : « secrétaire, chauffeur-livreur... érémiste ».
« Un phénomène de délaissement »
Laurent Médéa, sociologue réunionnais, a étudié la population carcérale de l’île et en est arrivé à la conclusion que 90% des détenus sont de type cafre, « une population qui n’a pas été métissée ». « Kaf charbon, kaf bleu », comme on dit en créole. L’analyse des noms avec le Cercle généalogique de Bourbon a laissé apparaître les origines mozambicaines, malgaches, comoriennes des détenus. « Au Port, pour les mineurs, 75% sont des cafres, 15% des cafres malbar et 9% des cafres yab ». Et puis, on retrouve souvent les mêmes quartiers représentés, une quarantaine sur 400, Chaudron, Camélias, Saint-Bernard, Bras-Fusil, Beaufonds, Cressionnière, etc... Résultat, ce sont des descendants d’esclaves ou d’engagés, employés en tant que manœuvres après l’abolition de l’esclavage, qui se sont retrouvés dans les quartiers populaires et précaires. Une hiérarchie sociale ancienne a donc été établie, et « aucune politique d’intégration n’a été mise en place après l’esclavage, laissant place à un phénomène de délaissement, aux conséquences psychologiques et matérielles », conclut Laurent Médéa.
Comment dès lors sortir de cette victimisation ? En reconnaissant le parcours et les origines des Cafres, en transcrivant cette histoire enfouie, en s’appuyant sur l’existence de porteurs de paroles que sont maloyèr et fonkézèr, a souligné Philippe Bessière, historien.
Autre piste, avancée par le président du CRAN Réunion, Eric Murin, porter le débat sur le plan électoral. « Comment, en effet, a-t-on pu érigé une société réunionnaise qui se respecte où les Noirs ne sont pas représentés ? ». C’est la question que tous devraient se poser. Le séminaire se poursuit aujourd’hui à l’Université de La Réunion.
E.P.
Elie Hoarau : « C’est le combat de tous »
« Il y a un groupe qui est resté sur le bord du chemin, c’est celui des Kaf, malgré la liberté, l’égalité, la fraternité. La raison principale, c’est l’esclavage, justifiée en dévalorisant l’esclave, le traitant comme un meuble. Et cela a duré pendant des siècles. D’où la difficulté de changer les mentalités. C’est le combat de tous, comme la lutte contre les violences faîtes aux femmes. Pour tirer cette catégorie sociale du bord du chemin, il faut une solidarité. La cohésion sociale en dépend, surtout dans les situations de crise où on cherche un bouc-émissaire. Aujourd’hui, le Kaf, demain le Comorien. C’est une bataille à mener comme on l’a fait pour le maloya, le moringue. Il faut continuer. L’esclave est un non humain, pire que l’engagé, même si sa situation était déplorable. Ce qui explique le comportement différent du descendant d’esclave et du descendant d’engagé, même s’ils ont la même couleur de peau ».
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