La célébration de ’2011, l’Année d’Élie, un combattant réunionnais de la liberté’ continue à prendre de l’ampleur
Un hommage fort aux 25 esclaves condamnés à mort après la révolte de 1811
9 mars 2011
Ce lundi soir 7 mars, place de la cathédrale à Saint-Denis, dans le cadre de la célébration du 200ème anniversaire de la révolte des esclaves réunionnais en novembre 1811 à Saint-Leu autour d’Élie, a eu lieu une cérémonie en hommage à ces ancêtres combattants de la liberté, dont 25 ont été condamnés à mort le 7 mars 1812 dans cette église.
Plus d’une centaine de personnalités très diverses (élus, responsables associatifs, religieux, militants socioculturels, artistes, etc.) se sont rassemblées pour participer à cet événement organisé par le K.L.É. (Kolèktif Lané Élie). Ce collectif ne cesse de s’élargir et d’avoir des rencontres avec divers partenaires, notamment des collectivités réunionnaises, pour continuer à donner la plus grande ampleur possible à la célébration dans toute l’île de "2011, l’Année d’Élie, un combattant de la liberté".
En tout cas, l’hommage rendu ce jour anniversaire du 7 mars notamment aux 25 esclaves condamnés à mort par le Tribunal spécial du pouvoir colonial de l’époque fut particulièrement fort. Non seulement par le nombre et la diversité des personnalités et autres citoyens qui ont fait le déplacement mais encore par la qualité des interventions, le sens profond, actualisé et émancipateur donné par les uns et les autres à cette commémoration, ainsi que l’unité, la solidarité et la fraternité réunionnaises exprimées sous de multiples approches.
« Des artisans de paix, de vérité, de justice »
Tout a commencé par l’appel des noms des 25 esclaves condamnés à mort (voir encadré) . Vingt-cinq personnes, responsables d’associations culturelles, artistes, etc. étaient regroupées devant la fontaine de la cathédrale, près d’une exposition réalisée par le Komité Éli de Saint-Leu et par Rasine Kaf, et chacune, à tour de rôle, a déclamé le nom d’un esclave en brandissant un flambeau, symbole de la vie et de la résistance. Aussitôt, le public répétait en chœur le nom de chaque esclave. Ce fut très émouvant.
Après une brève présentation du K.L.É. par son coordonnateur, Sudel Fuma, directeur de la Chaire UNESCO à l’Université de La Réunion, le Groupe de Dialogue Inter-religieux de La Réunion, présidé par Idriss Issop-Banian, a lu sa "Prière réunionnaise pour la Paix". Cette prière est notamment un appel à « arracher de nos cœurs toute pensée fratricide » et à ce que nous soyons tous « des artisans de paix, de vérité, de justice ».
Un appel aux Réunionnais
Cette idée fut reprise par Sudel Fuma, qui lança un appel aux Réunionnais à combattre toutes les formes d’oppressions d’aujourd’hui et à être solidaires de tous les peuples du monde en lutte contre les différentes dictatures. « En effet, dit-il, comment pouvons-nous oublier nos ancêtres combattants de la liberté et ne pas rester fidèles à leurs valeurs ? »
Ensuite, une trentaine de personnes sont intervenues pour exprimer chacune à sa façon (message, chanson, poème…) son soutien à cette commémoration et à la célébration de l’Année d’Élie (voir encadré). Ce fut impressionnant. On notera que toutes les collectivités invitées à cette cérémonie ont répondu à cet appel… sauf la Région. Un nouveau signe du sectarisme et du négationnisme de la caste politicienne qui dirige cette institution au service du pouvoir UMP.
En conclusion, Sudel Fuma a remercié tous les participants à cet événement et il a invité toutes les personnes physiques et morales intéressées par la suite de la célébration de l’Année d’Élie à se retrouver à la prochaine rencontre du K.L.É., le mardi 15 mars à 17 heures à la salle du Conseil de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (Campus universitaire du Moufia).
Correspondant
Les 25 condamnés à mort
Élie (forgeron), Gilles (commandeur), Séverin (domestique), Benoît (cordonnier), Géreon (domestique), Jasmin (domestique), Benjamin (boulanger), Vincent (forgeron), Prudent (Noir de pioche), Soulange (Noir de pioche), Fulgence (Noir de pioche), Gaspard (Noir de pioche), Pierre Noël (charpentier), Pierre Louis (forgeron), Jean Marie (Noir de pioche), Benjamin (commandeur), Hypollyte (Noir de pioche), Hyacinthe (Noir de pioche), Paul (Noir de pioche), Bazile (commandeur), Jean Pierre (non précisé), Jacob (Noir de pioche), Denis (gardien de cour), Avril (charpentier), Zephir (charpentier).
Les intervenants
René-Louis Pestel (adjoint au maire de Saint-Denis), Alain Zaneguy (vice-président du Conseil général), Gélita Hoarau (sénatrice de La Réunion), Élie Hoarau (député au Parlement européen, conseiller régional, secrétaire général du Parti Communiste Réunionnais), Aline Murin-Hoarau (conseillère régionale, adjointe à la mairie de Sainte-Suzanne), le Frère Arnaud Blunat (curé de la cathédrale), Yvrin Rosalie (président du Komité Éli à Saint-Leu), Ghislaine Bessière (présidente de Rasine Kaf), Ketty Lisador (conteuse), Michel Nasseau, Éno Ash (artiste), Prosper Ève (historien), Maximin Boyer (artiste), Myriam Gauvin (secrétaire de l’Union africaine à New-York), Michèle Pétraz (Groupe de Femmes et Alliés de toutes religions, spiritualités et philosophies), Christian Jalma dit Pink Floyd (écrivain), Franswa Sintomèr (artiste), Janzo (militant socioculturel du Chaudron), Fernand Payet (poète), Dominique et Morgan Aupiais (artistes du groupe Renésens), Anaïs Maharoufou (étudiante), Charlotte Rabesahala (universitaire, responsable de l’association Miaro), Jean-René Dreinaza (cadre au Conseil général, militant culturel), Aude-Emmanuelle Hoareau (présidente du Cercle Philosophique Réunionnais).