
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
“Pierre le Métis” d’Édith Wong Hee Kam
9 février 2005
L’histoire de Pierre Kichenapanaïdou écrite par Édith Wong Hee Kam se lit comme un roman. L’homme autodidacte, chaudronnier, syndicaliste, épris de lecture et d’écriture, a participé à l’histoire de son pays.
(Page 7)
L’histoire de Pierre Kichenapanaïdou, à “Témoignages”, nous l’avons croisée à plusieurs reprises. C’est que, comme le note Édith Wong Hee Kam, auteure de “Pierre le Métis”, "son histoire reflète les bouleversements de l’Histoire et l’évolution de la société de l’île de La Réunion".
L’homme est né au camp du Gol en 1909 d’une mère malbaraise et d’un père chinois, "à une époque où les communautés ne se mélangeaient guère". Il a d’ailleurs souffert dans son enfance de cette double origine, mais aussi d’être un enfant naturel.
Il quitte l’école à douze ans. "À regret", note l’auteure, puisque "rétrospectivement, il eut l’impression d’être passé à côté d’une chance en ne poursuivant pas jusqu’à l’âge réglementaire de quatorze ans".
Après un passage à la terre, Pierre Kichenapanaïdou accompagne son père putatif à l’usine de Pierrefonds. Il devient vers 17/18 ans, ouvrier chaudronnier. Un métier qu’il approfondit en travaillant au Gol, puis à Grands-Bois. Mais l’homme a soif de liberté, d’aventures, d’espace et malgré l’amour que lui voue une jeune femme avec qui il vit depuis trois ans, il s’envole pour Mayotte. Il entre comme cuiseur, puis comme chef d’exploitation à l’usine sucrière de Combani. Il y rencontre également l’amour et se marie le 18 octobre 1931 avec Marie-Marcelle, sa cousine. Son contrat arrivant à expiration, après quatre ans passés dans l’île à parfums, il rentre à La Réunion en emmenant sa femme enceinte, ses deux premiers fils et sa belle-mère.
Toute la famille s’installe à Saint-Pierre, rue Victor le Vigoureux, policier municipal pendant six mois, il intègre l’usine sucrière de Grands-Bois pour exercer ses talents de chaudronnier.
En 1937, après quelques refus, il s’engage dans le syndicat dont il devient le secrétaire général. Il se révèle vite comme un meneur. "Il conduit les grèves, présente les revendications, tient des discours publics. Sa vie familiale en prend un coup...", écrit Édith Wong Hee Kam. Malgré les avancées du Front Populaire, les temps sont difficiles pour les syndicalistes et Pierre Kichenapanaïdou qui défend la revendication de la diminution du temps de travail (Eh oui, déjà !), échappe même à des tentatives d’assassinat perpétrées par les vigiles du patronat.
Lors d’une élection partielle, sollicité par maître Augustin Mondon, il devient premier adjoint. On lui doit notamment le vote de crédits pour l’achat des cloches de l’église.
Avec Augustin Mondon, il crée “Le Rempart”, un hebdomadaire sudiste. Il en est le gérant et écrit sous le pseudonyme - si peu anonyme - du “Chaudronnier”. Le journal, selon l’auteure, "se fait l’écho des luttes ouvrières et syndicales et des nouvelles locales".
Le 20 janvier 1938, des journaliers agricoles se mettent en grève, "mécontents de leurs conditions de travail et de salaire". Les travailleurs obtiennent gain de cause. Mais le directeur, Adam de Villiers, licencie tous les travailleurs. Pierre Kichenapanaïdou prend sa plume et l’accuse "d’avoir une pierre à la place du cœur". Le syndicaliste est expulsé de l’usine, licencié le 7 mars 1938 et poursuivi pour diffamation.
Soixante-cinq des quatre-vingt onze ouvriers de l’usine se mettent en grève et procèdent à la première occupation d’usine, du 10 au 11 mars 1938. Ce licenciement entraîne des mouvements de solidarité à Saint-Pierre et la Fédération réunionnaise du travail obtient la réunion de la Commission de conciliation qui n’arrive pas à statuer. Après dix-sept jours, la grève se termine. Finalement les soixante-cinq ouvriers licenciés au début du mouvement sont réintégrés, mais Pierre Kichenapanaïdou n’est pas repris. Il est d’autant plus durement touché qu’il est condamné, quelques mois plus tard, à 15.000 francs d’amende pour diffamation.
Il ouvre alors, avec l’aide des amis qui lui restent, une boutique à Grands-Bois. Pendant la Deuxième Guerre-Mondiale, Pierre Kichenapanaïdou, père de quatre enfants, échappe à l’embarquement pour la Métropole et est affecté à la caserne Lambert à Saint-Denis. Mais il se fait escroquer par son beau-frère à qui il avait confié la gestion de sa boutique. Au chômage, il finit par être embauché aux Ponts et Chaussées et pour boucler les fins de mois, il reprend son métier de chaudronnier et de ferblantier.
Au milieu du siècle, la famille s’installe à Terre-Sainte. C’est le bonheur pour la famille. Mais il est de courte durée et Pierre Kichenapanaïdou est à nouveau licencié en 1954, on ne sait trop pourquoi. Et c’est un nouveau départ pour la famille qui déménage à la Rivière du Mât où il a trouvé un emploi de tôlier à l’usine sucrière. Après la mort de sa femme en 1967, Pierre Kichenapanaïdou est un homme brisé. Il entre à l’hôpital et n’en sort que "l’ombre de lui-même". À cinquante-huit ans, il part à la retraite et pendant les quinze années qui lui restent à vivre, il va mettre ses capacités au service de la population, en devenant une sorte d’écrivain public. Il décède le 27 avril 1982.
YVDE
Édith Wong Hee Kam
"Un tempérament de battant"
“Témoignages” : Que retenez-vous de la vie en ce début du 20ème siècle ?
Édith Wong Hee Kam : Je me suis rendu compte des conditions de vie difficiles dans lesquelles vivaient les enfants. Pierre Kichenapanaïdou aimait l’école, l’instituteur lui a donné une claque parce qu’il n’avait pas appris ses leçons alors que son père avait éteint la lampe pour économiser le pétrole. Il a beaucoup aidé ses sept frères et sœurs et à douze ans, il était manœuvre à l’usine du Gol.
La société ne semblait pas très ouverte ?
La société réunionnaise, au début du 20ème siècle, était encore très cloisonnée. Les mariages étaient endogamiques. Pierre Kichenapanaïdou a, me semble-t-il, beaucoup souffert d’être un enfant naturel et d’avoir une double origine. Il était doublement bâtard.
Que retenez-vous principalement du caractère de Pierre Kichenapanaïdou ?
Ce qui m’a frappé c’est son tempérament de battant. On a tendance à montrer les Réunionnais passifs, assistés même. Pierre Kichenapanaïdou a été licencié à plusieurs reprises. À chaque fois, il a remonté la pente. Et puis il y a ce côté autodidacte d’un homme qui a dû quitter l’école très tôt, mais qui avait une soif de connaissances, de lecture. Il a été journaliste et un de ses petits-enfants m’a raconté qu’il lui avait donné le goût de l’Histoire en lui racontant de mémoire l’épopée napoléonienne.
Comment vous est venue l’idée d’écrire cette biographie ?
Marc Kichenapanaïdou désirait faire le récit de vie de son père. Et moi j’avais collaboré à un ouvrage du GRAHTER, “Mémoire de Chine”, en traduisant un poème et des textes de NG Tock Nine et en écrivant la préface. Il a commencé à me raconter l’histoire de son père, j’ai écrit le premier chapitre sur la rencontre de ses grands-parents et j’ai poursuivi en rencontrant les autres enfants et les petits-enfants de Pierre. J’ai également utilisé un enregistrement de Pierre réalisé par Marc Kichenapanaïdou en 1978. Enfin, j’ai utilisé des articles de “Témoignages” signé Tristan Picrate, racontant la grève de 1938 à Grands-Bois.
Édith Wong Hee Kam digest
Édith Wong Hee Kam a publié en 1996, “La diaspora chinoise aux Mascareignes : le cas de La Réunion”, inspiré de sa thèse défendue en 1994. Elle a ensuite publié “L’engagisme chinois, combat contre un nouvel esclavagisme” à l’occasion du 150ème anniversaire, en 1999. "Une histoire qui n’était pas connue et qui a permis aux engagés chinois d’émerger à côté des autres engagés", explique-t-elle. Enfin, est paru en 1999 également, “Entre mer de Chine et océan Indien”, un roman épistolaire inspiré de récits authentiques. Avec cette biographie, elle aborde avec bonheur un nouveau genre qui est aussi "une façon d’explorer le réel". Cependant elle s’affirme plutôt chercheuse, sinologue, et si elle fait état de "beaucoup de projets", elle note également qu’il "faut du temps pour les concrétiser".
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