Au phare de Sainte-Suzanne, avec Patrick Singaïny

Un monument pour le peuple réunionnais

26 décembre 2013

Dans le cadre du 350ème anniversaire du peuple réunionnais et de la fête du 20 décembre, vendredi dernier, l’artiste et écrivain Patrick Singaïny a « investi le phare de Sainte-Suzanne pour en faire un monument en l’honneur de la personnalité réunionnaise ». Le phare présente les couleurs de la République dans sa partie inférieure et le drapeau réunionnais dans sa partie supérieure. La présentation de cette œuvre de Patrick Singaïny a été enrichie par des textes de ses « plus fidèles soutiens, qui font œuvre de pédagogie : Gilles Gauvin, docteur en Histoire, et Françoise Vergès, politologue mais surtout spécialiste d’un concept : celui du musée du temps présent ». L’auteur souligne que « ce travail vient en droit fil de mes ouvrages : celui co-rédigé avec l’éminent sociologue Edgar Morin (’La France une et mullticulurelle’) et celui co-réalisé avec l’artiste photographe Séverine Chauveau (’Images hantées, anté-images’) grâce à qui j’ai mis en évidence une « esthétique du futur antérieur » qui anime ma proposition artistique présente ». Voici comment il présente lui-même ce monument réalisé au phare de Sainte-Suzanne pour le peuple réunionnais.

Pour souligner l’importance cardinale du 20 décembre 1981 — l’année où l’État a officialisé les différentes dates de l’abolition du régime de l’esclavage dans chacun des DOM —, j’investis le phare de Sainte-Suzanne — monument classé — pour le transformer à demeure en un monument en l’honneur de la personnalité réunionnaise ; ceci avec l’aval des autorités compétentes : le centre des affaires maritimes, l’architecte des bâtiments de France et la CINOR.

Le phare est un terme qui désigne un guide lumineux pour les voyageurs ou les visiteurs. Placé en apposition (exemple : projet-phare), le mot désigne un modèle.

Ériger le phare de Sainte-Suzanne [1] en modèle, en s’appuyant sur sa fonction première, est au cœur de cette appropriation artistique. Si le phare de Sainte-Suzanne guide le voyageur à plusieurs kilomètres au large, son éclairage, selon moi, peut se mettre au service de celui qui vit à terre en lui permettant de devenir un guide lumineux pour et en lui-même.

Jusqu’ici, quand la lumière du phare éclairait du côté de la zone terrestre, son rayon éblouissant rencontrait un adhésif opaque de couleur blanche destiné à empêcher que le voisinage soit gêné par son éclat. Aujourd’hui, en lieu et place de l’adhésif, c’est le drapeau de La Réunion [2] qui remplace ce cache vierge de couleurs. Ainsi, quand le phare indique à ceux du large la meilleure voie, il fait de même à ceux qui, à terre, se tournent vers lui.

Mon appareillage artistique, inspiré par ce que j’ai appelé une esthétique du futur antérieur [3], se double d’un habillage lumineux de la partie inférieure du monument historique : trois projecteurs diffusent continuellement les couleurs du drapeau français.

Le drapeau réunionnais associé aux couleurs de la République dessine non seulement une nation aux identités plurielles qu’à La Réunion nous vivons depuis plusieurs décennies, mais aussi une France du 21ème siècle que j’appelais de mes vœux en mai 2012 dans un livre [4] coécrit avec l’éminent sociologue et philosophe Edgar Morin.

Dorénavant, le monument en l’honneur de la personnalité réunionnaise fera également de tous les 20 décembre à venir la reconnaissance officielle du peuplement historique de La Réunion (350 ans en 2013) et celle de la multiculturalité de la République.

Patrick Singaïny


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