UCOI : des aides régionales à la production de vidéo-clips professionnels

Un soutien logistique aux artistes et producteurs réunionnais

11 juin 2005

Après l’appui à la production cinématographique, la Région met en place un dispositif d’aides aux artistes, pour la production de vidéo-clips de qualité professionnelle. Les premiers à en bénéficier sont les musiciens, avec l’appui du Pôle régional des musiques actuelles (PRMA) et la DRAC. Ils étaient plusieurs dans l’UCOI, jeudi, pour la présentation du dispositif.

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Le dispositif régional qui va s’appliquer à partir de ce mois a été étudié spécifiquement pour venir en aide aux artistes qui cherchent à faire connaître leur travail dans les circuits professionnels internationaux. C’est ainsi, du moins, que l’a présenté le conseiller régional Guy Jarnac, jeudi soir, sur l’agora de l’Université de la Communication de l’océan Indien : comme un élément de "valeur ajoutée" permettant à la musique réunionnaise de percer dans les circuits nationaux ou internationaux. À charge, pour les artistes et leurs circuits professionnels, de produire des films de qualité.
Les clips qui ont été projetés à l’appui de cette présentation ont été produits localement, et souvent “avec les moyens du bord”, ce qui ne leur permettait pas d’atteindre réellement la qualité exigée par les diffuseurs européens, lorsqu’ils acceptent de promouvoir les musiques du monde.
Mais ils témoignent au moins de la vitalité du monde musical et donnent une idée du parcours qui reste à faire. Les artistes savent désormais que, dans ce parcours, ils peuvent compter avec un appui logistique significatif.
Un des plus touchants, par la qualité de son écriture, même s’il peut être techniquement amélioré, est celui d’Oxid, un jeune rappeur de Saint-André qui a "cassé sa tirelire" comme l’a dit Alain Courbis du PRMA, pour auto-produire une chanson écrite pour venir en aide à un ami. Dans le même registre : “Désiré”, produit par Oasis avec des jeunes de Saint-Leu et Frédéric Joron, pour une campagne contre l’alcool au volant. On a vu aussi le dernier clip produit pour Gramoun Lélé, “Miasa”. D’autres productions, telles quelles, ne passeraient jamais les limites de l’île : des productions Discorama, Oasis ou Digital, appuyées sur des studios de production bien établis mais un peu à côté de leur métier d’origine dans ces premiers essais. Il existe aussi des choses très artisanales, comme le clip produit par Dubuisound pour le groupe de hip-hop “MLK” de la Plaine des Cafres. En revanche, les organisateurs n’ont pas pu projeter les productions Rivic qui leur ont été envoyées et c’est un peu dommage car on pouvait s’attendre à une qualité filmique plus affirmée.
Aux artistes, maintenant, de se mettre au travail.

P. D.


La Région Réunion s’est engagée depuis dix ans dans une politique volontariste de développement d’une production numérique, et en particulier d’une industrie de l’audiovisuel, du multimédia et du Cinéma. Cette politique a conduit à la mise en œuvre de cadres d’intervention pour accompagner notamment les auteurs et producteurs locaux.
Toutefois, pour ce qui concerne la production musicale, force est de constater qu’il n’existe que peu, voire pas du tout, de vidéo-clips (ou de vidéo musiques) de qualité, diffusés sur les antennes des chaînes nationales et internationales.
La création musicale réunionnaise est pourtant dynamique ; En 2004, les producteurs locaux ont sollicité 523 demandes d’autorisations préalables d’albums ou de singles, qui ont générées une fabrication totale de 438.898 supports CD audio (moyenne de 839 CD par album/single).

La production discographique réunionnaise, qui reste dynamique, est donc en constante régression depuis 4 ans. Si le marché s’éparpille moins en termes de nombre de demandes d’autorisations de sorties de phonogrammes par an (sauf un sursaut en 2002) et se resserre sur un nombre de titres de plus en plus restreint, la fabrication des supports CD est également en diminution constante d’année en année.

- Sur 523 phonogrammes produits en 2004, 5 titres représentent à eux seuls plus de 10 % du total de la production.

- Sur 438.898 exemplaires pressés en 2004, 5 producteurs pèsent près de la moitié du marché avec 204.771 CD pressés.

- Sur ces 5 plus gros producteurs, 3 se détachent nettement du lot avec plus de 50.000 exemplaires produits en 2004 : KDM Family - producteur de 3 des 5 plus grosses ventes -, Oasis et Discorama.

La situation en métropole est strictement la même en termes de variation sur deux ans (2003 et 2004) : - 15% par an. La cause semble être principalement le téléchargement pirate d’œuvres musicales sur Internet.
Toutefois, le nombre de disques vendus en métropole par album est sans commune mesure avec le niveau de vente à La Réunion. C’est pourquoi la production d’un clip vidéo de qualité est très rare de la part des producteurs locaux, ce qui pénalise la diffusion de la musique réunionnaise sur les chaînes de télévision, particulièrement celles qui sont spécialisées dans le genre (Trace TV, MCM, MTV...).
Cette situation représente incontestablement un frein à l’exportation de la musique réunionnaise et à la connaissance de notre patrimoine musical.
Les cadres d’intervention prévus pour accompagner la production audiovisuelle, multimédia et cinématographique ont déjà permis de financer des œuvres musicales (captations, documentaires consacrés à des musiciens réunionnais). En 2005, en concertation avec les professionnels du secteur, la Région Réunion peut adapter son dispositif d’aide pour mieux accompagner la création-production de clips vidéo.
En phase de démarrage, l’ambition de la Collectivité pourrait être d’accompagner les talents afin qu’une vingtaine de projets de vidéo-clips puissent être réalisés, sur des œuvres nouvelles, ou pour valoriser des (artistes confirmés) succès anciens.
Pour cela, un partenariat avec le CNC et la SACEM a été engagé. Le soutien de la Région Réunion sera, bien entendu, cumulable avec les aides du Fonds pour la création musicale (FCM) gérées par le CNC.


Clip vidéo : favoriser la diffusion de la musique réunionnaise

Cette mesure d’aide à la création de clips vidéo a pour objectif de favoriser la diffusion de la musique réunionnaise sur les chaînes de télévision hertziennes, du câble et du satellite.
Elle vise les artistes confirmés produits par une entreprise de production phonographique qui fera appel à une société de production audiovisuelle pour la réalisation du clip et surtout à un réalisateur de métier.
Elle permet l’accompagnement financier du producteur pour la réalisation d’un clip vidéo de promotion d’une chanson.
L’aide publique représentera 25% du budget prévisionnel du clip vidéo (à titre exceptionnel 50%) dans la limite de 10.000 euros par projet. Le coût d’un clip abouti étant d’au moins 20.000 euros pour 3 jours de tournage et autant de post-production.
Le bénéficiaire est le producteur de l’artiste.


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