Catalogue discographique de l’océan Indien

Un travail émérite pour la musique indocéanique

24 mars 2005

Outil incontournable pour les mélomanes, collectionneurs, ethnomusicologues, chercheurs, sensibles aux musiques des îles de l’Ouest de l’océan Indien, Arno Bazin signe le premier catalogue discographique de l’océan Indien, répertoriant près de 2.000 vinyles.

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Après 5 ans de travail acharné, de recherche et d’achat, Arno Bazin, co-fondateur du groupe Tapok, musicien dans l’âme, collecteur averti, collectionneur né, a réussi le tour de force de recenser une belle part du patrimoine musical de La Réunion, de Maurice, de Rodrigues, des Seychelles et de Madagascar. En tout, pour Maurice et La Réunion, il ne lui reste plus qu’à répertorier 10% de la production. Son travail s’ouvre maintenant davantage sur la production malgache, qui compte quelque 2.000 vinyles... à trouver.
Mais quand on connaît le personnage, Arno Bazin n’est pas du genre à se laisser intimider par l’ampleur du travail à effectuer. En signant ce catalogue, il prouve la richesse culturelle des îles de l’Ouest de l’océan Indien. Et il nous promet, ce n’est pas fini. Tout le monde peut participer. Arno Bazin, avec l’accord de la SACEM, récupère avec toutes personnes le souhaitant, les vinyles, en échange de quoi il grave les chansons mises à disposition pour son recensement.

D’une lecture facile

250 pages méticuleusement soignées, classées en 3 parties, ce livre fait tout pour que le lecteur-chercheur se retrouve sans difficulté. Les informations sont donc classées par interprètes, par titres ou par références. Ainsi, en s’aidant du nom de l’artiste recherché, ou d’un des titres de chanson ou par la maison éditrice, le mélomane averti ou néophyte pourra effectuer ses recherches avec succès. Du moins, tout l’aide dans ce sens. Arno Bazin rappelle que rien n’aurait pu se faire sans l’entourage d’amis "professionnels", dont Philippe Brunoro, qui a défini une base de données, qui a permis la réalisation finale de ce catalogue effectuée par Patrice Offman.
On saluera au passage l’intervention de Serge Huo-Chao-Si, l’auteur de "La grippe coloniale", qui a illustré la première et la quatrième couverture. Arno Bazin, plus collecteur que rédacteur, a par ailleurs confié l’écriture de l’avant-propos et du prologue à Fanie Précourt, doctorante en ethnomusicologie, qui travaille quant à elle sur les bals.
Une joyeuse et efficace équipe donc, qui apporte une large contribution à la musique réunionnaise, de la musique des îles de l’Ouest de l’océan Indien plus généralement. On note que grâce à ce travail pointu d’Arno Bazin, le Pôle régional des musiques actuelles (PRMA) a pu produire, dans sa collection Takamba, les titres de Jules Arlanda et Luc Donat. Bientôt devraient paraître les CD de Loulou Pitou et de Benoîte Boulard, toujours grâce au travail fourni par ce collecteur hors pair.

C’est une bonne idée de préserver la culture

Marclaine Antoine, musicien mauricien qui a gracieusement donné une large partie de son patrimoine à Arno Bazin, participait à la conférence de presse. Il notait le travail émérite de son homologue réunionnais. "En allant à Maurice, nous avons rencontré Marclaine Antoine. Grâce à lui, j’ai pu disposer de bon nombre de vinyles d’artistes mauriciens", confie Arno Bazin.
Pour expliquer son geste, l’artiste mauricien note la pertinence d’une telle collecte. "C’est une bonne idée de préserver la culture. La Réunion est un grenier de la culture de l’océan Indien", s’explique-t-il. Ségatier ayant joué avec les plus grands musiciens de l’océan Indien, il note l’importance de faire connaître ce patrimoine, aujourd’hui presque disparu. Mardi prochain, il donne une conférence à l’Université du Moufia, conférence intitulée "Séga, patrimoines oubliés".
Il souligne que l’exercice auquel s’est livré Arno Bazin est périlleux, mais salvateur pour le patrimoine. Nous en saurons davantage lors de son intervention. Pour l’heure, nous ne pouvons que saluer ce travail d’une grande valeur culturelle et scientifique. Le catalogue est paru en 500 exemplaires, sera vendu à 32 euros dans les librairies Gérard, Autrement et Cazal.

Bbj


Conférence de Marclaine Antoine
À l’amphi 5L de 18 à 20 heures
À l’Université du Moufia - Faculté des Lettres


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