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HOMMAGE A LAURENT VERGÈS, LE JOURNALISTE
12 octobre 2006
Journaliste, Conseiller régional, Député, Laurent appliquait son analyse aux problèmes les plus divers.
Viol et violence, rassemblement des Réunionnais, la Kanaky, la culture, le RMI et l’égalité, etc... en sont l’illustration.
Lu dans “Témoignages” du vendredi 3 Avril 1987
“Le viol et la violence dans la société réunionnaise”
Retourner la violence
Notre journal a déjà évoqué tous les préjugés qui sont à la base de la violence contre les femmes à La Réunion, et de cette violence particulière que constitue le viol. Et puisqu’il s’agit de violence des hommes envers les femmes, il est nécessaire de ne pas perdre de vue l’histoire des rapports entre les hommes et les femmes sur cette terre réunionnaise durant les trois siècles de son Histoire. Trois siècles, dont deux marqués par l’esclavage (où la femme n’avait qu’une fonction de reproductrice) et le dernier siècle marqué par des rapports post-esclavagistes propres à une société coloniale. Toute cette histoire a marqué profondément les mentalités, non seulement des hommes mais également des femmes lorsque ces dernières intègrent, elles aussi, les préjugés qui véhiculent l’idée d’une domination “fatale”, “naturelle” de la femme par l’homme.
Où est la différence ?
Ainsi, pourquoi ce sont toujours les Réunionnais les plus pauvres qui se retrouvent sur les bancs du tribunal correctionnel ou des Assises, accusés d’attentat à la pudeur ou de viol ? Le viol serait-il la marque des plus pauvres ? Personne ne peut croire qu’il puisse exister un défaut héréditaire chez cette catégorie sociale.
En fait, là encore, concernant le viol, ce sont les plus pauvres qui payent le plus lourd tribut à une société qui ne veut pas voir qu’elle est malade. Or, tout le monde sait que le droit de cuissage (autre forme du viol) est largement répandu à La Réunion. Que ce soit dans les communes, dans les administrations, ou dans les entreprises, pour avoir ou pour conserver un emploi, les femmes en sont victimes. Cette forme de viol a-t-elle été comptabilisée dans les statistiques pour mesurer l’ampleur des violences contre les femmes à La Réunion ? Cela aurait notamment évité de transmettre l’idée : “viol = dans un champ de cannes”...
Car où est la différence, sinon dans les moyens de coercition ? D’un côté, nous avons ceux qui utilisent la force physique ou la menace d’un couteau pour satisfaire leurs pulsions sexuelles ; de l’autre, nous avons ceux qui utilisent leur position sociale, leur pouvoir économique pour obtenir le “consentement”, en fait le silence, de leur victime. (Le cas Lancry étant l’exception - qui n’en est pas tout à fait une d’ailleurs - qui confirme la règle).
On peut dire également que d’autres possèdent le luxe de n’être pas obligés d’utiliser l’arme du pauvre (le couteau ou le galet) puisqu’ils disposent tout simplement du fric. Il est clair que ces derniers ne se retrouvent jamais sur les bancs de la Cour d’Assises.
Le rêve des dirigeants
Si nous soulevons ces aspects de la question, c’est que nous souhaitons, devant l’unanimisme qui se fait jour (et dont nous espérons qu’il ne soit pas simplement de façade), que certains n’oublient pas ces aspects là parce que le viol à La Réunion est inséparable du problème de la violence (avec toutes ses facettes) dans la société réunionnaise. Mais ce qui nous tient le plus à cœur, c’est de chercher comment unir les Réunionnais face à ce problème. À partir de là, il est important de faire prendre conscience que des Réunionnais brisent, humilient d’autres Réunionnais, mais surtout que des Réunionnais tuent leurs sœurs de misère.
Comme l’a déjà dit Justin dans son billet quotidien, le Réunionnais se fait mal à lui-même en écrasant sa compatriote. En brisant la vie d’une Réunionnaise par le viol, le Réunionnais brise lui-même sa vie, pas tant parce qu’il perd une part de sa dignité, mais parce qu’il paiera ce crime dans les geôles de cette société de violence, dont les dirigeants rêvent de dormir sur leurs deux oreilles. Si à travers le problème du viol, on pouvait faire réfléchir les Réunionnais sur les violences qu’ils tournent contre eux (un véritable suicide en fait), un grand pas en avant serait fait. Personne n’oublie ce "fait divers” qui a eu pour cadre un immeuble des cités Vauban à Saint-Denis, et qui a vu un père de famille tuer son fils, en train de dormir, parce qu’il en avait assez de le voir sans travail.
Le slogan "Asé kraz anou nou memm" doit être discuté, expliqué et répandu, en lui donnant comme perspective la transformation de la société.
À notre sens, il ne s’agit pas seulement de "prendre en pitié" le sort des femmes réunionnaises qui sont victimes de la violence, notamment de la violence sexuelle, mais d’appeler l’ensemble des victimes à retourner cette violence contre cette société qui les a poussées jusqu’à présent à se faire violence à elles-mêmes.
Un regard sur soi
Perdre de vue que le problème du viol est inséparable du problème général de la violence générée par cette société hyper-inégalitaire et héritière de l’esclavagisme et du colonialisme, c’est aller à l’impasse. Car les éléments ne manquent pas qui nous montrent que cette violence va s’aggraver (1) . Il nous faut trouver le chemin de l’unité des Réunionnais sur ce problème du viol comme conséquence de l’oppression de tout un peuple.
Jamais problème de société n’avait autant obligé les Réunionnais à porter un regard sur eux-mêmes et à chercher les voies d’une libération.
Il ne s’agit pas seulement de réclamer encore plus de répression envers les “coupables-victimes” qui doivent comparaître devant la Cour d’Assises. L’aggravation de cette répression nous a déjà montré qu’elle n’est en rien dissuasive.
Sur le problème de la violence dans la société, chacun des citoyens qui vivent sur cette île est directement interpellé. Et sur ce plan, il faut demander la même exigence de la part de tous. Nous sommes persuadés que si les plus pauvres ont cette exigence envers eux-mêmes pour que les femmes ne soient plus les victimes de la violence, alors la transformation de cette société sera accélérée.
Mais ceux qui réclament plus de répression, il faut qu’ils soient aussi exigeants envers eux-mêmes qu’ils le sont envers les autres. Qu’ils s’interrogent notamment sur les raisons historiques et sur les causes sociales de la violence en général et du viol en particulier, si tous ensemble, nous voulons agir efficacement contre les violences faites aux Réunionnais.
Laurent Vergès
(1) À propos des élections cantonales prochaines, que certains réfléchissent à cette forme de violence que constitue le viol des consciences (particulièrement des plus pauvres) avec l’utilisation par les possédants de l’argent et de la corruption. Ou encore l’utilisation de jeunes chômeurs comme apprentis nervis...
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