
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
A quelques jours de la fin de l’enquête publique
6 janvier 2010, par
Une inflation de débats et de polémiques marque l’approche de la fin de la consultation dans le cadre de l’enquête publique relative à la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR). Point de départ de la plus récente de ces controverses : l’inauguration, à l’initiative de la MCUR, d’une stèle à la mémoire des ancêtres esclaves des Réunionnais « morts sans sépulture ».
Ce n’est pas moins de deux pages que le "Quotidien" accorde à cette kyrielle de critiques contre la MCUR. On pourrait, à première vue, se réjouir de cette opportunité -enfin- offerte à la société civile réunionnaise de débattre sur le fond des enjeux de mémoire et de la place que celle-ci doit occuper dans la cité… encore faudrait-il que les débats soient posés en termes loyaux, rationnels et apaisés.
Or, force est de constater que l’intention polémique qui brouillait déjà largement les échanges a atteint un nouveau pic hier, avec la publication dans le "Quotidien" d’une double page hostile à la stèle inaugurée le 31 Octobre…et au projet MCUR dans son ensemble. Au fondement de cette critique : un malentendu portant sur le seul terme de "sépulture", malheureusement entretenu avec bien peu d’honnêteté intellectuelle.
Un piètre procédé intellectuel
Afin de disqualifier la stèle dédiée à la mémoire des esclaves, Alexis Miranville, professeur du secondaire en retraite, et Olivier Fontaine, enseignant en lycée et doctorant en histoire se fondent sur un fait connu et reconnu : les esclaves défunts étaient inhumés. Cette affirmation que nul ne songe à contester - le Code Noir énonçait une obligation d’inhumer à l’égard des propriétaires d’esclaves- suffit aux deux enseignants pour adopter une posture d’opposants à la prétendue entreprise de « réécriture de l’histoire » à laquelle se livrerait selon eux la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Dès lors, posant aux grands démystificateurs, les deux essayistes entreprennent de « démonter » tous les "mythes" qui seraient selon eux au centre du projet scientifique de cet établissement.
Bien évidemment, aucun des promoteurs ou des acteurs de la MCUR n’a jamais prétendu que La Réunion ait été un charnier à ciel ouvert au cours de la période esclavagiste. En prêtant à leurs opposants un point de vue si stupide et caricatural, les deux polémistes montrent au mieux une ignorance complète du point de vue de ceux qu’ils attaquent, ou, au pire, un mépris complet pour leur intelligence… et pour celle de l’opinion publique.
Que signifie l’hommage aux « morts sans sépulture » ?
En soulignant que les ancêtres esclaves des Réunionnais sont demeurés sans sépulture, la volonté de mémoire rappelle que les Noirs arrachés à l’Afrique, à Madagascar ou aux Comores furent exclus du droit fondamental, premier et inaliénable, de rendre hommage à leurs morts selon les rites qui étaient les leurs. L’inauguration du monument par la MCUR voulait ainsi donner un site au souvenir… la stèle du cimetière du Père Lafosse prenait ainsi sa place parmi une série de monuments dédiés de par le monde aux victimes des différents systèmes qui, au cours de l’histoire, ont voulu posséder les hommes jusqu’à leur imposer une manière de mourir contraire à leurs origines et aux croyances héritées de leurs ancêtres.
Cette dépossession totale par le système esclavagiste, nommée « désancestrisation » par l’historien Prosper Eve, certains esclaves allaient jusqu’à prendre le risque d’encourir des peines redoutables pour y échapper. Ainsi, rappelle l’universitaire dans une interview publiée dans le "JIR", « les esclaves qui décident d’aller en marronnage (..) tentent d’apporter une réponse au problème le plus perturbant sur le plan psychologique, la « désancestrisation » (…) quand ils partent dans les Hauts, ce n’est pas seulement pour fuir les habitations côtières, mais avant tout pour honorer le rituel funéraire ». Le droit de mourir selon les rites de son groupe ou et de ses origines- et c’est cela seul que l’on peut nommer sans abus de langage « recevoir une sépulture »- est reconnu comme un droit premier par toutes les civilisations humaines...
Un courant mondial de mémoire
Pour peu qu’on s’intéresse un minimum aux politiques de la mémoire mises en œuvre dans le monde au cours des dernières décennies, on constate que plusieurs monuments à la mémoire des « morts sans sépulture » ont été érigés pour rendre hommage aux victimes des systèmes qui ont imposé une violence physique, sociale et symbolique jusque dans la mort.
Des monuments tels que le mémorial de la Shoah, Yad Vashem, ont été dédiés aux « morts sans sépulture », du Génocide des Juifs d’Europe ; d’autres l’ont été au Génocide des Arméniens… sans qu’une comptabilité macabre ne vienne ajouter au crime l’outrage d’une hiérarchie entre ceux qui furent gazés, fusillés, tués à la tâche, décimés par la maladie et par la faim.
La mémoire d’un crime contre l’Humanité… et la conscience de son héritage contemporain.
Les actes de mémoire en direction des victimes de crimes contre l’Humanité ne sont pas des actes comme les autres : ils ont vocation à agir tant sur les représentations du passé que sur la définition de l’avenir. « Institution totale » au sens ou l’entend le sociologue américain Goffman, l’esclavage a été une entreprise de destruction totale de l’identité. Aux esclaves arrachés à leur lieu d’origine par les traites négrières, on enlevait leur nom, leur langue, leur identité culturelle. De leur corps, les esclavagistes voulaient disposer comme de biens meubles. Dans la mort même, l’esclave était volé à ses origines. Ce dispositif d’oppression ne voulait rien laisser subsister de l’identité originelle de ses victimes. Indissociablement régime d’exploitation économique, régime de dégradation sociale et régime d’oppression politique, l’esclavage a occupé près de la moitié de l’histoire de La Réunion. Il a été reconnu en 2001 comme crime contre l’Humanité. Le travail de mémoire entrepris aujourd’hui a non seulement pour but de reconnaître les souffrances du passé, mais aussi de réparer sa transmission, bien réelle, aux descendants d’esclaves dans la société réunionnaise contemporaine.
Geoffroy Géraud
Quelle responsabilité pour les intellectuels ?
L’attaque en règle portée par MM. Miranville et Fontaine contre la MCUR revendique la filiation avec la tradition de l’engagement des intellectuels. On se souvient que des appels au meurtre avaient été lancés à l’encontre de Carpanin Marimoutou lors d’un « débat contre » (sic) la MCUR organisé et présidé par Pierrot Dupuy, animateur du site d’extrême-droite "Zinfos974.com". Plus récemment, Mme Couapel-Sauret, animatrice de l’association "Réagir", proche de la droite ultra, opposante épidermique aux projets de développement et à la MCUR, fut prise en flagrant délit de fraude lors des consultations portant sur la MCUR. Dans les deux cas, les opposants à la MCUR se signalèrent par des procédés brutaux... sans provoquer l’indignation des deux chercheurs. La « vigilance » que revendiquent ces derniers n’irait-elle que dans une seule direction ?
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