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L’Église catholique et l’esclavage des Noirs XVIe - XVIIe siècles — 5 —
21 décembre 2012
Franscisco José de Jaca et Ephiphane de Moirans sont deux religieux de l’ordre des Capucins. Tout au long de leur vie, ils vont lutter pour que les autorités religieuses et civiles prennent position contre l’esclavage. Par leurs prêches et leurs écrits, ils ont dérangé les consciences pour changer les choses. Tous les deux sont morts à 45 ans, ils vivaient un siècle avant que ne commence la Révolution en France, qui décida de la première abolition de l’esclavage.
C’est grâce à ces deux œuvres majeures démontrant l’illégitimité de l’esclavage et la nécessité de rendre aux Noirs leur liberté en les dédommageant que nous connaissons ces deux hommes qui, bien avant les premiers abolitionnistes anglais, se sont levés envers et contre tous pour condamner la traite et l’esclavage, tout en vouant aux gémonies évêques et princes, auteurs et complices de ces abominations.
Libéré en 1685, Ephiphane de Moirans rentre en France. Il meurt le 6 janvier 1689, soit un siècle avant la Révolution française, au couvent de Tours. Il avait 45 ans. Quant à José de Jaca, on sait qu’il a été envoyé comme missionnaire apostolique à Caracas en 1678. Il meurt en 1690, à 45 ans également.
L’objectif de Franscisco José de Jaca et d’Ephiphane de Moirans est d’alerter les autorités sur les conditions insoutenables de la vie des Noirs dans les colonies en mettant à mal les principes mêmes de leur réduction en esclavage. Le manuscrit de Jaca est destiné au roi Charles II d’Espagne et c’est une présentation de la situation des esclaves de son temps, suivie d’un exposé analysant les arguments de ceux qui ont parlé ou qui parlent de l’esclavage, soit pour les rejeter, soit pour conforter ses idées sur la question.
Quant à Moirans, il nous livre dans son prologue les raisons qui l’ont poussé à rédiger son réquisitoire.
L’avertissement au monde
D’abord, pour obéir à Dieu qui ordonne la libération des captifs innocents : « Délivre l’opprimé des mains de l’oppresseur et n’aie pas honte de proclamer la vérité » (L’ecclésiastique 4, 9). Ensuite, pour informer les autorités religieuses que les esclaves ne sont pas évangélisés par mauvaise volonté des maîtres. Enfin, en lançant au monde cet avertissement : la fin de l’esclavage ou la damnation éternelle pour ceux qui le pratiquent. Ses conclusions en cinq points ne souffrent d’aucune ambiguïté sur ses positions fermement antiesclavagistes :
- personne ne peut acheter ni vendre aucun des esclaves d’Afrique communément appelé ″nègres ″ ;
- tous ceux qui en possèdent sont tenus de les libérer, sous peine de damnation éternelle ;
- les maîtres des esclaves sont tenus, en les libérant, de leur rembourser leurs travaux et de leur en acquitter le prix ;
- les nègres qui travaillent dans les sucreries, où ils reçoivent les traitements les plus indignes, doivent s’enfuir pour trouver un lieu où ils puissent s’occuper du salut de leur âme ;
- à cause de l’injustice commise contre les Noirs arrachés à leur terre natale et déportés comme esclaves, les Princes chrétiens seront chassés de leurs terres et périront misérables ; les évêques et les clercs passeront les mers en fugitifs et les chrétiens deviendront captifs et esclaves.
Sur la restitution du travail lors de leur libération, Jaca estime que les maîtres doivent, en outre, leur donner une compensation pour la violation de leur liberté et leur dignité, en réparation des maux qu’ils ont subis. Notons également l’identification qu’opère Jaca entre les esclavagistes et Pharaon, personnage biblique oppresseur du peuple hébreu, assimilant ainsi le peuple des Noirs au peuple choisi par Dieu [1].
Des principes anti-esclavagistes
Nos deux capucins se situent dans le prolongement des critiques des théologiens et juristes dominicains, voire du dominicain Fernando Olivieira (voir ci-dessus), contre l’illégitimité de la traite pour en tirer les conséquences ultimes. Ils s’appuient également sur eux pour réfuter les arguments en faveur de l’esclavage des Noirs, tout en allant plus loin. D’où les quelques principes qu’ils mettent en avant pour contrer leurs adversaires :
- la bonne foi (des acheteurs) ne peut justifier un acte immoral ;
- la tolérance de l’autorité ne peut légitimer l’esclavage, car la tolérance et la vertu ne se confondent pas (Moirans). En outre, les autorités civiles et religieuses ne sont pas bien informées des conditions de vie des esclaves dans les colonies et celles de leur capture. (Jaca) ;
- on ne peut faire connaître la religion de l’amour par la violence (Jaca) ;
- la liberté est l’état naturel de l’homme, créé libre. En conséquence, nul ne peut entraver cette liberté que la nature a établie (Jaca et Moirans). Quiconque s’oppose donc à la liberté s’oppose au droit naturel. Ainsi, « les nègres d’Afrique sont faits esclaves contre le droit naturel, et par conséquent tous ceux qui les vendent ou les achètent pêchent contre le droit naturel » (Moirans) ;
- l’esclavage va à encontre des droits des gens, parce que les guerres faites en Afrique pour produire des esclaves ne sont pas justes ;
- Dieu nous commande de nous aimer les uns les autres et d’aimer son prochain comme soi-même. Celui qui agit contre son prochain agit contre la loi divine. Ainsi l’esclavage est une atteinte au droit divin ;
- Jaca et Moirans s’appuient sur saint Paul pour dire que les esclaves sont des hommes libres : « Frères, nous ne sommes pas les fils de l’esclave mais de la libre. Pour que nous soyons libres, le christ nous a libérés. Donc tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage » (Galates 4, 31 et 5,1). Si les Noirs n’étaient pas esclaves avant d’être chrétiens, dit Jaca, il y a encore moins de raisons pour qu’ils le soient une fois baptisés ;
- l’Église est une mère libre. Donc tous ses fils, Noirs ou Blancs, sont libres de par cette filiation spirituelle, dit Jaca pour répondre à ceux qui justifient l’esclavage par l’hérédité : « le fils suit le ventre ».
Se battre jusqu’au bout
Jaca et Moirans ne se contentent pas d’affirmer des principes, ils sont dans l’action et cherchent non seulement à déranger les consciences par leurs prêches, mais à changer le cours des choses en provoquant une réaction des pouvoirs civiles et religieux, seuls capables, pensent-ils, d’arrêter le sale trafic négrier. D’où leur intervention auprès du confesseur royal pour arracher au roi une prise de position en faveur des esclaves. D’où leur effort pour mobiliser l’ Ordre des Capucins pour une intervention auprès de la Congrégation de la Propagation de la Foi , créée par le Saint-Siège en 1622 et ayant autorité en la matière. Ils vont se battre jusqu’au bout pour la liberté des Noirs avec quelques satisfactions.
En avril 1685, Charles II intervient auprès du Conseil des Indes pour lui demander de porter une attention particulière au traitement des esclaves et à leur instruction religieuse, tout en interdisant les excès dans les punitions infligées aux esclaves. Le 5 juillet 1685, une nouvelle intervention du roi auprès du Conseil des Indes pour s’informer sur la nécessité de la présence des Noirs et sur la licéité de leur achat. En mars 1684, les pères Capucins envoient à la Propagande leurs onze propositions contre l’esclavage. D’autres frères capucins vont monter au créneau en interpellant la Propagande. Les Dominicains de la Havane vont se joindre aux Capucins pour soutenir le Mémorial contre l’esclavage des Noirs de Jaca. A Madrid, deux frères dominicains vont descendre dans les rues pour le faire connaître. Tout cela pour dire qu’on pouvait réagir même si l’argument de la nécessité du recours à l’esclavage pour le développement économique des Nations européennes était d’un poids considérable [2].
Pour Epiphane de Moirans le péché n’est pas que du côté des responsables civils, il règne au sein de l’Eglise : « Si en effet les docteurs, les théologiens, les confesseurs, les religieux n’avaient pas été des chiens muets aux Indes, l’iniquité et l’injustice n’auraient pas pris une telle ampleur sans remède » [3].
(à suivre)
Reynolds Michel
Franscisco José de Jaca a laissé une trace dans l’Histoire, son engagement pour la libération des esclaves a éveillé les consciences, et il est un précurseur comme l’indique cet ouvrage universitaire intitulé "La première abolition de l’esclavage proposé dans la pensée espagnole".
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