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Enseignement et culture
Parution de "Français ET créole de La Réunion", du professeur Jean-Loup Gaillard
20 novembre 2003
« À La Réunion, pays créole, le français est enseigné sans partage - comme si la langue créole n’existait pas. Des générations d’écoliers créolophones ont appris et apprennent le français sans références (ou si peu) à leur parler, à leur vie ; les tout jeunes enfants créolophones sont loin d’avoir acquis la maîtrise de leur langue maternelle que déjà l’École plaque sur leur vécu la langue ’noble’, le français. Dans le primaire, les élèves sont tous initiés à une langue étrangère ; le créole ? On l’ignore... Bien sûr, on a créé le CAPES de créole, - avec un nombre de postes plus que restreint - et quelques collégiens et lycéens volontaires (dans certains établissements !) bénéficient d’un enseignement (en option !) de la langue et de la culture créoles : le créole est ’toléré’, il est loin d’avoir la considération et le respect qui lui sont dus... ».
C’est ainsi que la "quatrième de couverture" présente le livre paru récemment aux éditions de l’Harmattan sous la signature de Jean-Loup Gaillard. Un livre intitulé "Français ET créole de La Réunion", qui tombe à pic pour donner du sérieux et de l’intérêt au débat sur les meilleurs moyens d’améliorer l’enseignement du français dans notre pays et d’étudier la langue créole sous tous ses aspects.
En effet, ce livre se propose, à travers l’analyse concrète de nombreux ouvrages généraux sur la langue créole et d’ouvrages littéraires d’auteurs réunionnais très divers, de montrer la richesse, la variété de la langue et de la culture créoles. « Une langue et une culture qui enrichissent la langue française, la culture mondiale et doivent avoir toute leur place dans l’enseignement », souligne l’éditeur.
Celui-ci précise que depuis Jean-Loup Gaillard vit et travaille à La Réunion comme professeur de français depuis 1975. Il croit à l’apprentissage du français - en milieu créolophone - en constante référence avec le créole. Pour lui, l’idéal est d’arriver à un enseignement bilingue donnant sa part au français et sa part au créole pour que chaque élève de La Réunion maîtrise et le français et le créole, sans mélanger les deux comme c’est généralement le cas.
Détaché au Centre réunionnais de documentation pédagogique (CRDP) de 1981 à 1986, Jean-Loup Gaillard a écrit, en collaboration avec Alix Caro, plusieurs ouvrages pédagogiques mettant l’accent sur la nécessité de vraiment prendre en compte le créole dans l’enseignement. Son dernier livre compte plus de 900 pages.
La première partie présente 103 ouvrages généraux ayant abordé la problématique du bilinguisme réunionnais. La seconde partie présente 164 ouvrages d’intérêt pédagogique sur la même question. Enfin, une troisième partie porte d’une part sur les interférences créole/français dans les tests d’évaluation à l’entrée en 6ème, d’autre part sur des articles de journaux concernant les rapports créole/français.
Outre la richesse et la diversité des documents analysés dans cet ouvrage, celui-ci présente au moins deux intérêts majeurs. Premièrement, il montre l’attachement de très nombreux intellectuels réunionnais et métropolitains à l’enseignement et à l’étude de la langue créole. Cela confirme la grande vitalité et l’ancrage profond de cette langue dans la population réunionnaise.
Deuxièmement, l’immense majorité sinon la quasi totalité des points de vue exposés dans ce livre nous confirme que l’écriture, l’étude et l’enseignement de la langue créole ne sont pas des problèmes simples ni secondaires, à traiter de façon simpliste ou démagogique. Leur solution exclut donc la polémique, le sectarisme, l’approximation et encore davantage l’utilisation de ce débat à des fins bassement politiciennes.
La recherche concertée et la mobilisation de toutes les bonnes volontés doivent se poursuivre pour continuer à faire avancer la cause du créole. Cette cause noble est liée à celle du respect de l’identité réunionnaise et de la sauvegarde de la diversité culturelle sur la planète. Le livre de Jean-Loup Gaillard y contribue efficacement.
On lira ci-après le texte de la préface, qui expose clairement le positionnement de l’auteur.
« Prendre en compte l’univers réunionnais dans l’enseignement » |
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Cet ouvrage, volontairement long - parce que le sujet est vaste et si important qu’il faut lui consacrer beaucoup de temps -, comprend une présentation de nombreux ouvrages parfois difficiles à trouver : thèses, mémoires de maîtrise, articles, recueils, méthodes et ouvrages littéraires disponibles aux Archives Départementales, au Fonds Local pour la Recherche dans l’Océan Indien, à la Bibliothèque Universitaire de Saint-Denis, à la Faculté d’Aix-Marseille ou auprès de particuliers. La plupart des ouvrages et revues présentés ici sont disponibles au Fonds Local de la Bibliothèque Départementale, 52 rue Roland Garros à Saint-Denis. On peut en trouver un grand nombre aussi à la Bibliothèque de la Faculté des Lettres. On consultera les plus anciens aux Archives Départementales. Comme le lecteur n’a pas toujours le temps de courir à Saint-Denis pour emprunter ou acheter ces livres, il m’a semblé utile de faire une synthèse claire, fidèle et concrète du maximum d’ouvrages traitant des rapports créole/français pour inciter surtout à lire ces travaux, ces œuvres littéraires ou au moins en donner une idée globale précise, d’où ces fiches souvent assez détaillées et traduisant scrupuleusement la pensée des auteurs, sans l’édulcorer. Le présent ouvrage comporte un grand nombre de pages, mais il est loin d’être exhaustif, tant le domaine est riche et vaste... J’ai dû m’imposer des limites, mais il manque, en particulier, la présentation des autres livres de Boris Gamaleya, Jean-Claude Carpanin Marimoutou, Joseph Toussaint, Dhavid, "Matanans et langoutis" d’Anne Cheynet... J’aurais dû beaucoup plus insister sur l’action des militants culturels, sur le travail constant et considérable accompli par l’UDIR et Jean-François Sam-Long et par l’ADER, avec Alain Gili, qui se sont consacrés inlassablement à la promotion de l’expression réunionnaise. Et les interventions aux divers Colloques Internationaux des Études Créoles ! Et surtout le travail de certains enseignants, quotidien, patient, méconnu, pour adapter l’enseignement aux réalités locales ! Ce livre s’adresse bien sûr aux enseignants, aux étudiants, mais aussi à tout lecteur désireux de mieux cerner les problèmes liés à l’enseignement en milieu créolophone, notamment les interférences entre le créole et le français aux niveaux phonologique, syntaxique, lexical ; chacun appréciera, à travers les fiches, le travail considérable accompli (souvent dans un contexte difficile) par ceux - chercheurs, enseignants, écrivains - qui ont étudié, valorisé la langue créole et ceux qui ont cherché à adapter réellement l’enseignement au quotidien des élèves. Le présent livre se veut très pédagogique. D’où les caractères gras, en italiques, les passages soulignés, les résumés, les très nombreuses citations, et aussi certaines fiches de lecture particulièrement longues, telles "Le lexique du parler créole de La Réunion" de Robert Chaudenson, "Le français de La Réunion" de Michel Beniamino..., qui s’adressent notamment à ceux qui ne peuvent pas consulter ces livres. Ces fiches leur donneront donc une idée assez précise de la richesse de leur contenu. On entend régulièrement proclamer : « Ici, l’enseignement est calqué sur celui de la métropole. Il faudrait l’adapter, mais rien n’a été fait... ». Au contraire, beaucoup a été fait. Ce travail immense demeure malheureusement souvent méconnu : ouvrages divers, mémoires, thèses, articles traitant de la nécessaire prise en compte du vécu créole ne sont connus que d’un nombre restreint de lecteurs. Ce travail doit enfin être reconnu, largement diffusé, depuis l’œuvre de pionniers comme Boris Gamaleya, Robert Chaudenson, Axel Gauvin, Pierre Cellier, Alain Armand, Michel Carayol, Daniel Lauret... jusqu’aux travaux pédagogiques riches en propositions concrètes de Jean-François Baissac, de la Section 17 ou de la Deuxième Sous-Commission de l’EDRAP. En écartant la langue et la culture créoles de l’enseignement à La Réunion, on oriente bien sûr l’esprit des élèves vers la France, l’Europe en leur faisant pratiquer le français, langue internationale, mas ils continueront, à l’oral comme à l’écrit, à mélanger le créole et le français, à savoir approximativement ce qui appartient au français et ce qui appartient au créole, à vivre dans l’insécurité linguistique et culturelle. Or il est nécessaire de bien différencier le lexique, la phonologie, la grammaire des deux langues en présence, si proches mais si différentes, de les étudier, de les comparer scientifiquement (non de manière impressionniste) pour sortir de l’engrenage langue dominante / langue dominée. Bilingue, l’élève de La Réunion devrait être fier de bien parler créole et de bien parler français. Des livres pédagogiques illustrés, amusants et attrayants de vocabulaire créole/français et français/créole, de grammaire bilingue (ainsi que celle du français parlé), d’apprentissage de l’écrit, des recueils de textes créoles à traduire en français et vice-versa, des manuels de textes réunionnais d’expressions française et créole sont à réaliser pour que l’enfant distingue bien les deux langues, n’ait plus honte de son parler créole, découvre les richesses de sa propre langue comme celles du français. Loin d’être dicté par un quelconque séparatisme, un nombrilisme insulaire ou une idéologie déstabilisatrice, cette nécessaire prise en compte permettrait aux élèves créolophones de mieux maîtriser le français, de mieux en comprendre le mécanisme et le vocabulaire en les comparant à ceux du créole, et aussi de vraiment respecter, apprécier leur langue maternelle - transmise depuis environ trois cents ans - qui n’est pas un vulgaire patois, une langue bâtarde ou un "marche-pied" pour l’accès au français, mais un moyen d’expression riche, nuancé, varié, au vocabulaire étendu, aux structures syntaxiques souvent complexes. Pour leur plein épanouissement, nos élèves doivent posséder la culture française ET la culture créole. Puisse ce travail contribuer à montrer la complémentarité des apports culturels français et créoles - facettes tous deux de la Culture mondiale -, susciter l’envie de découvrir - notamment en classe - tous ces auteurs qui ont chacun apporté leur contribution à l’expression de l’identité réunionnaise et leur rendre hommage. Particulièrement à ceux - brillants, courageux - qui ont exprimé leurs opinions, leurs sentiments dans un contexte difficile : Boris Gamaleya, Daniel Lauret, Alain Armand, Pierre Cellier, Jean-François Baissac... Cette prise en compte de l’univers réunionnais dans l’enseignement ne peut qu’enrichir la personnalité, l’imaginaire, la culture de nos jeunes (qu’ils soient crélophones, bilingues et francophones), ancrer davantage leur identité dans ce qui les entoure, permettre au plus grand nombre de s’exprimer, d’une façon déculpabilisée... Jean-Loup Gaillard |
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