Installation au ministère de l’Outre-mer du Comité pour la mémoire de l’esclavage

Une date commune, pour activer le devoir de mémoire

9 avril 2004

Le Comité pour la mémoire de l’esclavage, installé hier et aujourd’hui à la rue Oudinot à Paris par la ministre de l’Outre-Mer, Brigitte Girardin, a été créé en janvier dernier par un décret (n° 2004-11 du 5 janvier 2004) du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, en application de la loi du 30 juin 1983 relative à l’abolition de l’esclavage. Dans cet intervalle de vingt ans, est intervenu le vote de la loi du 21 mai 2001 qui déclare la traite et l’esclavage crimes contre l’humanité.

Le comité est placé sous la présidence de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé. Il se compose de douze membres nommés pour cinq ans et choisis dans un équilibre difficile entre représentation des différents espaces géographiques et historiques, des domaines de recherche et des champs d’action de chacun.

Organisation du travail

Le décret précise que le comité se compose de "quatre personnalités choisies en considération de leurs travaux de recherche dans le domaine de la traite ou de l’esclavage ; quatre personnalités choisies en considération de leur activité associative pour la défense de la mémoire des esclaves et quatre personnalités choisies en considération de leur connaissance de l’outre-mer français".
La traduction de ceci réunit, dans une parité boiteuse, cinq femmes et sept hommes - trois de Guyane, deux de Guadeloupe, deux de La Réunion (Françoise Vergès et Gilles Gauvin), deux de Martinique et trois universitaires “de Métropole”, dont un est originaire du Cameroun. Tous les membres étaient présents hier au ministère de l’Outre-mer, à l’exception de Fred Constant, retenu en Egypte pour raison de santé. Tous ont été présentés au cours de la conférence de presse organisée le matin au ministère.
Après un déjeuner avec la ministre de l’Outre-Mer, les travaux ont commencé. Les membres se sont notamment attachés à préciser les modalités de fonctionnement du Comité et l’organisation du travail, selon les missions définies par le décret du 5 janvier et les moyens qui seront dégagés à cet effet.

"Des actions de sensibilisation du public"

Les missions du Comité, précisées à l’article 5, consistent à "proposer au Premier ministre la date de la commémoration annuelle, en France métropolitaine, de l’abolition de l’esclavage...". Il s’agit d’une date qui serait retenue pour l‘ensemble de la République, à l’appui des dates déjà commémorées dans les ex-colonies, au moment où l’abolition de l’esclavage a pris effet.
Le comité a aussi pour mission de proposer"des lieux de célébration et de mémoire sur l’ensemble du territoire national" et "des actions de sensibilisation du public".
Enfin, il peut proposer "aux ministres chargés de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche des mesures d’adaptation des programmes d’enseignement scolaire, des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires...".
Il pourra aussi "suggérer des programmes de recherche en histoire et dans les autres sciences humaines dans le domaine de la traite ou de l’esclavage".

Un prix

Selon d’article 6, le comité attribue chaque année "un prix destiné à récompenser une thèse de doctorat portant sur la traite ou l’esclavage" et il doit faire connaître chaque année (art. 7) les actions entreprises en matière de commémoration et de sensibilisation, par un rapport présenté au Premier ministre.
Enfin (art. 10), outre les services de Matignon et du Ministère de l’Outre-mer, quatre Ministères sont associés à l’exécution des missions confiées au comité : Intérieur, jeunesse-éducation nationale et recherche, économie et finances, ainsi que culture et communication. Les différents Ministères n’étaient pas représentés lors de la réunion d’installation, mais ils seront associés aux travaux selon leurs compétences respectives.

D. P.


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