Partenariat entre la Région Réunion (CRR) et le Kalakshetra Foundation

Une étape importante pour la connaissance de notre identité réunionnaise

23 mai 2009

Hier, la Région a signé un accord de partenariat avec une école de référence dans l’enseignement du Baratha Natyam, la Fondation Kakashetra. En Inde, le Baratta Natyam est un art millénaire pour plus d’un milliard de personnes. À La Réunion, c’est une des composantes de notre intraculturalité.

Le Baratha Nathyam n’est pas seulement une danse, c’est un art qui contient un volet social, un volet historique et une portée philosophique, c’est une recherche de la lumière, de l’illumination, c’est une démarche que l’on fait avec grâce, humilité et raffinement.
Ces mots de la directrice de cet établissement indien, Leela Samson, explique l’importance de ce que représente le Baratha Natyam dans un pays de plus d’un milliard d’habitants. C’est avec une école de référence dans cet art millénaire que le CRR et la Région ont signé hier un partenariat.
Paul Vergès a rappelé que cette signature est une étape d’une longue marche qui trouve sa justification dans l’histoire de La Réunion et cette connaissance de l’histoire est un axe essentiel pour bâtir l’avenir de notre île.
Rappelant que l’on ne trouve nulle part dans le monde un autre pays qui offre une si grande diversité dans son peuplement, le Président de la Région soulignait qu’il ne faut jamais oublier que la moitié de l’histoire de La Réunion a connu l’esclavage, que l’histoire de La Réunion est née d’un crime contre l’humanité.
L’apport indien dans l’identité, la culture réunionnaises est indéniable, il y a en outre une corrélation évidente entre l’arrivée de ces quelque 100.000 Indiens (soit ce qui constituait la population de l’île en 1848) et le développement économique de La Réunion. Si Aimé Césaire a dit : « la sueur du Nègre a fait l’essor de la canne à sucre », on peut dire que « la sueur des engagés indiens a fait l’essor économique de La Réunion ».
Un essor renforcé par la suite par la venue des Indiens du Gujarat, puis des peuples de Chine, du Yémen, du Vietnam, des Comores. Ainsi s’est construite, au fil des ans, une identité réunionnaise, dont l’une des marques les plus évidentes est le créole. Une identité nourrie de ces apports successifs, « nous nous sentirions amputés, mutilés si nous devions être privés, aujourd’hui, d’une part ou d’une autre de ces apports, tant ils font partie de nous-mêmes ».

L’importance de la MCUR

Ce que La Réunion a construit est unique, c’est la préfiguration d’une nouvelle ère pour l’humanité. Tout ce qui a été brimé durant les périodes d’esclavage ou de colonisation doit aujourd’hui être libéré. C’est l’objet même de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, symbole des musées du 21ème siècle, qui ne présentera pas seulement des œuvres, mais qui mettra au cœur de ses préoccupations les hommes et les femmes d’un pays qui, en s’appropriant leur histoire, construiront leur avenir. Tout comme il affirmera l’égalité de toutes les cultures de La Réunion, en détruisant l’idée qu’une culture peut être supérieure à une autre. Et c’est à partir de cela que se renforcera l’unité réunionnaise. La valorisation de ces cultures, l’hommage à nos ancêtres pour réaffirmer l’unité réunionnaise est tout aussi importante que d’autres réalisations. Les Réunionnais doivent se sentir fiers de ces différents apports, et tout en restant fidèles à la culture de leur pays d’origine, ils ont montré leur volonté de vivre ensemble. Et ainsi, le mot de La Réunion prendra un nouveau sens, être Réunionnais sera symbolique de l’universel.


Zot la di

Alain Armand, vice-président de la Région, délégué à la Culture
« Ce n’est pas une banale signature de convention entre deux établissements artistiques, mais la marque d’une volonté politique forte de la part de la Région Réunion : celle de réaffirmer les liens avec l’Inde. L’Inde est un pays avec lequel La Réunion doit avoir des relations fortes, et cela dans tous les domaines. Ces relations sont directement issues de l’Histoire de La Réunion, de son peuplement. En outre, le fait que la Région Réunion signe, pour le CRR, une convention avec un établissement aussi prestigieux que le Kalakshetra Foundation est la preuve de la démarche vers l’excellence, entreprise par le CRR, excellence pour les élèves, les professeurs, mais aussi pour La Réunion ».

Radjah Véloupoulé, président de la Commission de l’épanouissement humain : il a fallu deux ans de travail avant que cette signature ne soit effective, un délai d’introspection qui a permis de réfléchir aux meilleures voies à emprunter pour que ces échanges soient fructueux. Le Tamil Nadu a été constamment présent à La Réunion (100.000 engagés indiens dès 1848 ont été enrôlés pour venir travailler à La Réunion et permettre son développement). Cette convention est une étape, la Région continuera à développer ses relations avec l’Inde : c’est par exemple par la présence, en 2009, aux manifestations qui se dérouleront dans 6 grandes villes indiennes, à travers l’événement “Bonjour India”. La Réunion y sera présente, et outre la présentation de la danse, de la musique, des arts visuels, notre île présentera la MCUR. Les objectifs poursuivis par la MCUR donnent à la signature d’aujourd’hui, un sens concret.

Leela Samson, directrice de Kalakshetra Fondation
Leela Samson explique que le Kalakshetra Fondation a été fondé en 1936 par une jeune femme qui s’est entourée de figures de grande envergure militant pour l’indépendance de l’Inde. Le Baratha Nathyam a revêtu une importance considérable dans l’accès de l’Inde à son indépendance, car l’éducation à la culture, à l’art, sont des facteurs indispensables à toute éducation, explique-t-elle.
En 1993, la fondation a été reconnue d’utilité publique et dépend maintenant du ministère de la Culture. Les diplômes préparés à la Kalakshetra Fondation (correspondant à la Licence/Master en France) ont obtenu leur équivalence par rapport à ceux préparés dans les autres grandes universités indiennes. L’une des particularités de la Kalakshetra Fondation est le fait que tous les enseignements se font en face à face, ce qui tend à disparaître dans d’autres grandes universités, où les cours sont de plus en plus prodigués par le biais d’Internet.

Vincent Pinaut, Elève du CRR puis élève de la Kalakshetra Fondation
Vincent Pinaut a passé 7 ans au CRR, a décroché tous les diplômes et a décidé de poursuivre sa formation en se rendant en Inde à la Kalakshetra Fondation ; pendant 4 ans, il a suivi les enseignements, passé des diplômes et maintenant peut enseigner. Malgré des « cultures différentes » entre l’Inde et La Réunion, malgré la différence d’échelle, « une petite île et un immense continent », il a pu constaté qu’il existe une réelle union de toutes et tous autour de la danse et du Baratha Nathyam.


Le projet Pondichéry 2010

Julien Ramin, Président du Comité réunionnais pour la commémoration des liens historiques entre l’Inde du Sud et les îles de l’océan Indien, a présenté le projet Pondichéry 2010, initié en 2004 par Historun et la chaire de l’UNESCO à La Réunion (représentée par Sudel Fuma).
Après des étapes à Madagascar, au Mozambique, à La Réunion (Saint-Paul), l’ultime étape se situe en Inde, elle se déroulera en 2010. Les membres du comité de pilotage (associations, collectivités locales, partenaires institutionnels) ont multiplié les échanges pour que cette cérémonie (qui aura lieu du 20 au 23 janvier 2010) soit remarquable.
L’événement marquant sera la découverte d’une stèle, conçue et réalisée par des artistes indiens mais aussi des artistes réunionnais (ceux de l’École des Beaux-Arts du Port et les élèves du lycée Ambroise Vollard de Saint-Pierre). Outre cet événement, le Comité doit répondre aux multiples demandes formulées, tant à La Réunion qu’en Inde : jumelage entre communes, entre écoles, entre structures évoluant dans le domaine du commerce… Et la présence réunionnaise à Pondichéry en 2010 doit être celle de tous les Réunionnais, La Réunion devant y présenter sa diversité, sa richesse culturelles.


PAVÉ

Invitation

Le Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) de La Réunion vous invite à sa conférence-débat animée par le sociologue Laurent Médéa.

Thème : Évolution de la situation sociale, économique et symbolique du groupe Kaf à La Réunion

Samedi 23 mai 2009 de 16h à 18h
Salle : Tirouvallouvar, N° 60 A Rue Valmy Bel Air 97450 Saint-Louis
Route Score direction chemin Etang
Contact : 0692.00.54.81

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaiseSpécial 50 ans du PCR

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