La fèt la libèrté o Port

Une fête du partage

21 décembre 2004

Au Port, comme partout dans l’île, la fête a été en partie perturbée par la pluie. Malgré tout, la soirée du samedi 18 décembre restera pour de très nombreux Portois une rencontre inoubliable de communion et de partage.

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Selon la tradition, pour célébrer la fête réunionnaise de la liberté au Port, un joyeux défilé s’est organisé samedi en fin d’après-midi devant le mur peint de l’ancien abattoir.
Les huit quartiers de la ville participaient chacun à sa manière au cortège, en musique, en danses, en bonne humeur. Enfants et adultes, associations et particuliers se mélangeaient joyeusement au son des tambours.
"Un seul son pour toutes les cultures, un seul pas derrière le son du tambour". C’est Patricia Fimar qui parle pour le quartier de la ZAC, dont elle est l’animatrice. "Des associations malgaches - Ravinal et Nivalia - ont enrichi notre défilé", ajoute-t-elle.
Des danses et chants tout au long du trajet, avec en tête de la marche, la traditionnelle charrette menée par son bœuf et transportant un orchestre.

Des enrichissements pour tous

Cette troupe exubérante avait rendez-vous au front de mer, sur le littoral Nord, devant la piscine du Port. C’est là que les échanges entre les habitants ont été à leur apogée. Depuis de nombreux mois, l’Association Pass’Port avait travaillé pour préparer minutieusement ce grand moment dont le thème était : “mélangeons nos cultures, partageons nos produits “lontan” cuisinés selon nos différentes traditions, apportons nos différences qui sont des enrichissements pour tous”.
Des chapiteaux de toiles avaient été dressés... ils seront particulièrement bien venus quand la pluie s’invitera à la fête ! Sous ces petites maisonnettes improvisées et artistiquement décorées avec tout ce que la nature met à profusion à disposition des esprits inventifs - bambous, vacoas, feuilles coco... - les nombreux participants étaient invités à venir déguster tout à fait gratuitement le produit que chaque quartier avait pour objectif de mettre en valeur.

Un feu d’artifice de gastronomie créole

La cité Ravine-à-Marquet a mis en fête le maïs sous toutes ses formes : maïs bouilli, maïs grillé, sosso-maïs avec rougail tomates et morue grillée, kari-kanar, riz-maïs, gâteau ti-son. Le tout dans un décor de maïs dessinés sur goni.
Les habitants de la SIDR ont travaillé le chouchou en présentant du gratin-chouchou, des brèdes, de la pâte de fruits, morue-chouchou, gâteau chouchou, achards. Un groupe de femmes de l’AS Rome s’est joint également à la fête pour préparer tous ces bons plats, très appréciés.
Dans le quartier de la ZAC, c’est le manioc qui a été travaillé : en brèdes, en galettes, en gâteaux, en maniocs salés avec rougail tomates, grillés ou en confiture.
Le songe a été mitonné par le quartier Ariste-Bolon, à travers les brèdes, les beignets, les frites, les gâteaux et bien sûr les songes bouillis.
Et la pistache ? Bien sûr, on ne l’a pas oubliée dans le quartier Évariste-de-Parny, avec le poulet-pistache, le galabert-colodent, les pistaches grillées, le rougail... Tous ces mets délicieux ont été offerts aux gourmands.
Le coco dans tous ses états : c’est le centre-ville et la communauté mahoraise qui l’ont cuisiné. Il y avait là du poisson et du poulet au coco, de la colle-coco, des bananes frites qui accompagnaient très bien ces recettes excellentes.
Le collectif des habitants de la ZUP a cuisiné papayes et patates douces, en confiture, en friture, bouillies et en bonbons. Un véritable feu d’artifice de gastronomie créole !

Le vrai trésor de notre population

Joseph Fock-Cheong, responsable de l’association Pass’Port, souligne que "Ce 20 décembre 2004 est le résultat d’un travail de longue haleine, mené par notre association avec les différentes associations de quartier, les collectifs d’habitants, les associations malgaches et mahoraises, et d’autres associations telle que Danses Afrique".
Pour lui, "la multiculturalité de notre population est une richesse et on l’a bien ressentie lors de cette commémoration. L’esclavage a vraiment existé, il a laissé des marques dans notre mémoire. Cet anniversaire devient l’occasion de communion, de générosité où chacun peut s’impliquer à travers le partage de ses richesses. C’est un élan vers plus d’échanges, de liens et d’unité entre les différentes cultures".
On comprend aisément pourquoi tout ce tissu associatif, généreux et dynamique, est le vrai trésor de notre population. Travail en profondeur et dans la durée, liens et amitié entre les habitants, fête et partage généreux des savoir-faire : voici, entre autres, de bonnes recettes pour la vraie cohésion sociale.
Mais pour que cette dynamique ne soit pas réduite à néant, il faut que l’État mène une politique de l’emploi, du logement et de l’insertion à la hauteur des besoins de La Réunion. Il faut aussi qu’il donne réellement les moyens aux collectivités et au monde associatif de soutenir de telles actions.

Simone Biedinger


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