140 Réunionnais en Chine pour la dernière étape des ’Routes de l’esclave et de l’engagé dans l’océan Indien’

Une nouvelle occasion de renforcer les liens entre les peuples frères de notre région

9 octobre 2013, par LB

Hier matin à Saint-Denis, s’est tenue une conférence de presse au Temple chinois de la rue Sainte-Anne, pour confirmer les informations déjà données sur deux pages dans ’Témoignages’ le 17 décembre dernier : du 10 au 19 octobre prochain, une délégation réunionnaise participera — notamment aux côtés d’une délégation mauricienne — à la 7ème et dernière étape des Routes de l’esclave et de l’engagé dans l’océan Indien, lancée en 2004 à Madagascar par la Chaire UNESCO de La Réunion et l’association Historun, dirigées par l’historien Sudel Fuma. À cette occasion, un hommage partagé par les divers peuples de notre région sera rendu à nos ancêtres ayant vécu ces épreuves terribles de l’esclavage et de l’engagisme à l’époque coloniale. En particulier, lors de l’inauguration d’une stèle le dimanche 13 octobre à Song Kou, dans la province de Guangdong.

À la conférence de presse hier matin ont pris la parole (de gauche à droite) : Catherine Chane-Kune, directrice des Affaires culturelles au Conseil général ; Josiane Chane-Hime, vice-présidente de la Fédération des Associations chinoises de La Réunion ; l’historien Sudel Fuma, directeur de la Chaire UNESCO à l’Université de La Réunion et président de l’association Historun ; Yoland Velleyen, vice-président du Conseil régional délégué au Patrimoine culturel ; et Charline Allane-Cheung, présidente de l’Association des Réunionnais d’origine chinoise.

Environ 140 Réunionnais participeront à cette mission, aux côtés — entre autres — d’une cinquantaine de Mauriciens. Outre Sudel Fuma, les personnalités réunionnaises présentes pour l’inauguration de cette stèle dimanche prochain seront : Yoland Velleyen, représentant la Région, André Thien Ah Koon pour le Département, le président de La Fédération des Associations Chinoises de La Réunion (FAC-Réunion), Daniel Thiaw Wing Kaï, et Charline Allane-Cheung, présidente de l’Association des Réunionnais d’Origine Chinoise (AROC).

Des universitaires mauriciens et réunionnais se retrouveront également à cette occasion pour des rencontres académiques autour de l’histoire de la diaspora des Chinois dans l’océan Indien, devenus aujourd’hui Mauriciens, Réunionnais, Malgaches, Sud-Africains, Seychellois, etc. Et hier matin, lors de la conférence de presse, les représentants des diverses institutions et associations réunionnaises partenaires de ce projet ont tous souligné que ce sera une nouvelle étape pour renforcer les liens entre les peuples frères de notre région afin de construire un co-développement régional solidaire.

Une action « citée comme exemplaire »

D’ailleurs d’emblée Sudel Fuma a souligné que lors d’une récente conférence internationale organisée par l’UNESCO à Brasilia, la commémoration de ces Routes de l’esclave et de l’engagé dans l’océan Indien a été « citée comme exemplaire, en raison des liens tissés à cette occasion entre les peuples réunionnais, malgache, africain, comorien, mauricien, seychellois, indien, chinois, etc. ». (voir sa présentation du programme en encadré) Il a également mis en avant le rôle joué par de multiples associations culturelles ayant participé à la réalisation de ces actions depuis une dizaine d’années, ainsi que le soutien apporté par diverses institutions.

La stèle en construction à Song Kou, dans la province de Guangdong, qui sera inaugurée dimanche prochain en hommage aux esclaves et engagés chinois partis dans l’océan Indien. Cette stèle sera située devant un bâtiment très ancien où se faisaient les formalités des départs de Chinois pour les pays de notre région.

À ce sujet, Yolland Velleyen a exprimé sa satisfaction que la Région ait contribué à la mise en œuvre de ce parcours depuis 2004 « car nous ne pouvons pas ne pas penser à nos voisins dans le cadre de la coopération culturelle » ; d’autant plus que nous célébrons tout au long de cette année 2013 le 350ème anniversaire du peuple réunionnais et que nous devons à cette occasion « améliorer notre vivre ensemble » . Au nom du Département, Catherine Chane-Kune a plaidé dans le même sens, en rappelant que cette institution « mène pendant toute l’année des actions pour renforcer les liens culturels entre les peuples de l’océan Indien pour bâtir une mondialisation heureuse ».

L’importance du culte des ancêtres

Josiane Chane-Hime, vice-présidente de la FAC-Réunion, qui regroupe plus de 30 associations, a rappelé que son mouvement — présidé à l’époque par Jerry Ayan — a souhaité apporter sa contribution à ce projet depuis son lancement et cela notamment parce que « le culte des ancêtres est un des piliers de ses actions ». « Cet hommage à nos ancêtres est d’autant plus important qu’ils se sont battus pour conserver et transmettre leur culture, mais aussi parce que beaucoup d’entre eux, victimes de l’esclavage et de l’engagisme, sont arrivés à La Réunion et dans les autres pays de l’océan Indien dans des conditions très difficiles ».

Charline Allane-Cheung, présidente de l’AROC, a donné d’autres informations sur le programme de ce voyage en Chine ; elle a signalé notamment qu’une troupe d’artistes de l’AROC — musiciens et danseurs — apportera sa contribution à ces échanges culturels lors des diverses visites et cérémonies. Elle a également annoncé que le cinéaste réunionnais William Cally va réaliser un film sur cet événement, « afin de transmettre notre culture et la connaissance de notre histoire pour faire avancer la construction de notre avenir ».

L. B.

L’histoire du programme

Le programme “Stèles Mémoire et esclavage dans l’océan Indien” a été mis en place dans 2004 dans le cadre du projet international de la Route de l’Esclave initié par l’UNESCO. À La Réunion, l’association Historun, présidée par Sudel Fuma, a porté le projet en relation avec la Chaire UNESCO de La Réunion, obtenant le soutien des institutions régionales et la labellisation de l’UNESCO pour la réalisation des stèles mémoires ainsi que le partenariat des gouvernements des pays et îles de l’océan Indien.

L’objectif du projet est de rappeler aux populations de la zone océan Indien les liens historiques et culturels existants entre elles. En effet, toutes les îles créoles — Ile Maurice, Rodrigues, les Seychelles, La Réunion — ont été peuplées à partir des continents africain et asiatique dans le cadre du système colonial et en particulier de la pratique de l’esclavage.

Un important processus de métissage s’est mis en place pendant plusieurs siècles. Les traditions orales, les religions, les coutumes sont étroitement liées — marquées par le système de l’esclavage — sans que les populations de la zone soient véritablement conscientes de leur patrimoine commun. Le programme des stèles Mémoire concerne les pays et continents qui ont marqué l’histoire de La Réunion et de l’océan Indien : Madagascar, l’Afrique, l’Inde, La Réunion. Quatre sites principaux — où ont été installées des stèles mémoire jusqu’en 2010 — ont été identifiés : Fort Dauphin à Madagascar, Saint-Paul à La Réunion, l’Ile du Mozambique en Afrique et Pondichéry en Inde…

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