
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
16 juin 2007
L’association Les Anneaux de la Mémoire de Nantes a été fondée dans et en partenariat avec cette ville en 1991. Elle s’est notamment fait connaître en organisant une exposition de plus d’un an dans le château des ducs de Bretagne, de décembre 1992 à février 1994, commémorant ainsi la découverte de l’Amérique mais surtout l’histoire de la traite. Depuis 1999, elle livre annuellement une publication consacrée à l’esclavage nommée “Cahiers des Anneaux de la Mémoire”. A La Réunion, on se rappelle particulièrement du numéro paru en 2000, intitulé “Esclavage et Engagisme dans l’Océan Indien”, avec des contributions de Prosper Eve, Haï Quang Ho, Edith Wong-Hee-Kam, Laurent Sermet ou encore David Gagneur.
Le n°9 des Cahiers de la Mémoire est sorti à la fin 2006. Quelques articles concernent particulièrement la zone. Parmi ceux-ci, on citera notamment l’excellent papier de Thomas Vernet sur “Les réseaux de traite de l’Afrique orientale : côte swahili, Comores et Nord-Ouest de Madagascar (1500-1750)”. Max Guérout livre une contribution intéressante intitulée “Le navire négrier L’Utile et la traite française aux Mascareignes”. On citera aussi l’article remarquable de Nigel Worden sur “L’esclavagisme dans l’Océan Indien et ses conséquences dans la colonie du Cap”.
Le commerce d’esclaves dans l’Océan Indien différent de celui pratiqué en Atlantique
Pour des raisons de place, une focalisation plus forte a été réalisée sur le papier de Gwyn Richard Campbell : “Le commerce d’esclaves et la question d’une diaspora africaine dans le monde de l’Océan Indien”. Ce dernier revient notamment sur l’opinion occidentale conventionnelle qui « veut que le commerce d’esclaves dans le monde de l’Océan Indien ait été identique, sur une moindre échelle, au commerce atlantique d’esclaves » (p256). Il met en évidence le fait que, contrairement à la traite atlantique, le commerce des esclaves dans l’Océan Indien concernait avant tout des femmes, qui se vendaient d’autant plus cher que les hommes qu’elles étaient jeunes. Une autre différence avec les pratiques d’Amérique réside dans l’occupation des esclaves. En effet, ces derniers n’étaient affectés qu’aux mines et aux plantations dans le “Nouveau monde”. Gwyn Richard Campbell souligne que dans le monde de l’Océan Indien, une minorité d’esclaves « participait directement et à plein temps aux activités de production ou commerciales. En fait, la plupart des esclaves étaient acquis afin de montrer la fortune et le pouvoir de leurs maîtres ». (p265).
L’auteur revient aussi sur la violence employée contre les esclaves. Selon lui, elle serait moindre que celle atteinte dans la traite atlantique. L’explication avancée ne réside pas dans un aspect humaniste, mais par un côté pratique : « (...) les esclaves ordinaires représentaient un capital dont la valeur devait se maintenir, voire augmenter. En fait, l’atteinte du degré maximum de production par les esclaves ne pouvait passer que par la reconnaissance de leur humanité fondamentale » (p266). En outre, il souligne le clivage beaucoup plus grand entre l’homme libre et l’esclave dans le monde occidental et dans le monde de l’Océan Indien. Il écrit : « Dans les sociétés du monde de l’Océan Indien, la notion de liberté individuelle était moindre, celles-ci intégrant les individus dans des hiérarchies sociales à l’intérieur desquelles chacun avait un statut qui supposait une multiplicité de droits et d’obligations ». (p266)
L’esclavage est également remis en lumière à l’aune des conditions socio-économiques. Ainsi, en Chine, des familles préféraient-elles vendre leurs enfants à des personnes plus riches pour qu’elles aient au moins de quoi manger. Il indique que « l’asservissement pour dettes, dans lequel la plupart des gens s’engageaient volontairement car ils le percevaient comme une stratégie sécurisante de prêt, se confondait souvent avec l’esclavage ». Selon l’auteur, une telle attitude pouvait toucher de très larges couches de la population, qui représentait parfois un nombre plus grand que les esclaves en tant que tels. Il souligne alors : « En fait, une “liberté” au sens de liberté individuelle au statut et aux responsabilités héréditaires aurait de fait détruit la toile des obligations offrant une protection contre les dangers naturels et humains. Ceci aide à expliquer la formidable absence de conscience de groupe et de révolte parmi les esclaves du monde de l’Océan Indien, qui cherchaient généralement à intégrer la communauté détentrice d’esclaves, celle-ci leur fournissant la nourriture indispensable et la chance, parfois, d’accéder à un niveau de vie plus élevé. Ceci explique pourquoi certains esclaves à qui l’on proposa de retrouver la “liberté”, (...) préférèrent garder leur statut d’esclave ». (pp.270-1)
Contrairement à l’esclavage occidental, l’opposition entre maître et esclave était nettement moins forte dans les sociétés de l’Océan Indien. Celles-ci « se caractérisaient par une importante mobilité sociale à l’intérieur de laquelle les individus ayant un statut d’asservis pouvaient parfois accéder à un statut de non-serviles, et vice-versa. Au Moyen-Orient et dans l’Inde musulmane, il existe de nombreux exemples d’esclaves parvenant à des postes de pouvoir politique importants ainsi qu’à la fortune » (pp.276-7). Allant encore plus loin dans son argumentation, l’auteur met en avant le fait que les esclaves étaient beaucoup mieux intégrés dans leur ensemble dans l’Océan Indien que dans l’esclavage atlantique : « Ceci tenait pour une grande part à l’influence islamique qui, au XIVème siècle, dominait une grande partie du monde de l’Océan Indien, de l’Afrique de l’Est à l’Indonésie. Selon la charia, la manumission [l’affranchissement des esclaves] des esclaves convertis se faisait au mérite, les esclaves pouvant se racheter, et les enfants nés de l’union des maîtres et de concubines héritaient d’un statut de non-esclave, tout comme les mères concubines à la mort de leurs propriétaires » (p277). Cet article présente aussi un autre aspect : celui de la diaspora africaine en Inde et les moyens pour elle d’accéder à une plus grande reconnaissance. Par manque de place, nous ne l’avons pas évoqué, mais nous invitons le lecteur à s’y intéresser.
Matthieu Damian
Lo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Le calendrier scolaire élaboré par le Rectorat pour les 3 prochaines années est désormais connu et fait débat. Pour cause, à l’exception de (…)
Sur proposition de Gérard COTELLON, directeur général de l’ARS La Réunion, Patrice LATRON, préfet de La Réunion, a décidé le retour au niveau 2 du (…)
Le Conseil départemental a décerné, le vendredi 27 juin, les prix « Thérèse Baillif » et « Célimène » lors d’une cérémonie organisée dans (…)
Les cours du pétrole ont connu une nette hausse à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin, portés par l’extrême tension au Moyen-Orient et (…)
Mé dam zé méssyé, la sossyété,dsi la késtyonn fors néna la fors natirèl, sak wi gingn an néssan épi an grandissan korèktoman. Mwin lé sirésèrtin (…)
Le 16 juin 2025, le Tribunal administratif de Paris a suspendu en référé l’arrêté du 26 février 2025 ordonnant le blocage de 17 sites (…)
Le Président des Etats-Unis, Donald Trump a ordonné le bombardement de trois sites nucléaires en Iran, dans la nuit du 21 juin 2025. Dans une (…)
Les élus de Guadeloupe ont adopté des résolutions « sur la fusion des deux collectivités, sur les compétences et l’autonomie fiscale », le 17 juin (…)
Des manifestants, réunis le 23 juin devant les institutions européennes, ont demandé la suspension de l’accord d’association liant l’UE à Israël. (…)
L’État poursuit son engagement en faveur de la transition énergétique et de la décarbonation de l’électricité à La Réunion. À l’issue d’un appel à (…)
Normalien et énarque, chercheur en philosophie politique, Bruno Guigue est professeur invité à l’Université normale de la Chine du Sud (Canton) et (…)
Messages
17 juin 2007, 18:04, par gillette staudacher-valliamee. enseignant-chercheur à l’Université de La Réunion
J’aurais aimé retrouver dans cet article le nom de gillette staudacher-valliamee : en effet, on peut passer sous silence sa contribution, mais l’Avant-propos mentionne que c’est elle qui a sollicité les auteurs et rassemblé les contributions pour que soit justement réalisé ce numéro des Anneaux de La Mémoire pour la Réunion dans l’océan Indien. très cordialement. GSV
20 juin 2007, 07:51
Madame, je suis l’auteur de l’article. Votre remarque est tout à fait pertinente et je m’excuse de ne pas vous avoir cité. Je vous propose d’ailleurs de me tenir au courant d’autres publications ou initiatives que vous aurez prochainement sur le sujet. Pour cela, écrivez simplement à la rédaction de Témoignages qui fera suivre. MD