’Les fondements philosophiques du développement durable’

Une pensée réunionnaise inscrite dans la dynamique du monde

6 avril 2009, par Manuel Marchal

Samedi à la Région, un nombreux public avait répondu à l’invitation du Cercle philosophique réunionnais pour débattre des fondements philosophiques du développement durable. Organisée à la Région, cette première a permis de souligner les diversités d’approche qui convergent vers l’importance d’une remise à plat du ’modèle’ né de l’abolition du statut colonial à La Réunion. Plus que la confrontation de concepts existants, la rencontre de samedi a dévoilé une pensée réunionnaise en pleine évolution, en accord avec la dynamique qui parcourt le monde.

Pour la première fois à La Réunion, la Semaine du développement durable accueillait une manifestation appelant les Réunionnais à philosopher. Organisé samedi à la Région, le colloque "Les fondements philosophiques du développement durable" a tout d’abord été marqué par la richesses des interventions.
Après l’introduction de Radja Vélopoulé, conseiller régional, Jean-Pierre Marchaud a lancé le débat. Il a été suivi par Pierre Vergès qui a expliqué les différentes dimensions des projets de développement durable lancés par la Région. Didier Dupont a ensuite pris la parole avant que Risham Badroudine présente un exposé économique sur la dynamique dans laquelle nous nous situons. Karine Pothin a ensuite expliqué les richesses et les enjeux de la biodiversité marine de notre île, avant qu’Arnaud Sabatier ne plaide pour un retour de l’acceptation de la mort dans notre société. Darmapalah Seethanen a ensuite démontré combien le libéralisme économique est à l’opposé du développement durable, avant que Ho Hai Quang ne rappelle que des actes commis contre l’environnement continuent à nuire à l’être humain plusieurs décennies après. L’agent Orange répandu par l’armée américaine au Vietnam en est une illustration.

La ravine

Les différentes réactions de la salle ont été aussi caractéristiques de ce que l’on commence à appeler le "génie réunionnais". C’est tout d’abord Alain Séraphine qui a souligné l’importance de rechercher des alternatives au modèle dominant. Un point de vue partagé par Jean-Pierre Espéret, alors que Bernard Payet, directeur de la culture au Conseil régional, mettait en avant la place importante et spécifique de la ravine dans l’imaginaire de la société réunionnaise. Une place qui est prise en compte dans tous les aménagements réalisés par la collectivité responsable de la planification économique, et donc d’infrastructures telles que le tram-train. Ce n’est qu’un court aperçu des différentes prises de parole ce samedi.
À l’heure de la conclusion, Radja Velopoulé soulignait la richesse des contributions, et notait le succès remporté par cette manifestation qui ne pourra que se répéter.
Elle a permis de rappeler une singularité de La Réunion par rapport aux autres pays. Notre peuplement a en effet commencé au moment où les échanges mondiaux ont commencé à s’accélérer, alors que la population du monde et la production des richesses ont commencé à croître de manière exponentielle. Cette si courte Histoire a été dense d’apports divers et riches issus de plusieurs civilisations ayant chacune une tradition philosophique millénaire.

Dans une dynamique

Dès le départ, notre pays a donc connu l’impact de la rencontre d’abord dans la violence des rapports coloniaux, puis dans des rapports plus apaisés jusqu’à connaître le point d’équilibre que nous connaissons aujourd’hui.
C’est alors que ce déroule ce premier colloque organisé par le Cercle philosophique réunionnais. Il révèle une pensée réunionnaise en mouvement, pleinement inscrite dans les changements rapides et fondamentaux que connaît le monde du 21ème siècle. Chacun prend acte en effet des impasses du modèle de développement issu du début de l’expansion européenne.
Cette pensée réunionnaise participe aux fondements d’une nouvelle philosophie, celle du nouveau monde qui est en train de se construire sur la faillite d’un modèle incapable de satisfaire les besoins élémentaires de tous les êtres humains.

M.M.

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