Villèle

Une religion emplie de tolérance

15 juillet 2010, par Cinthia Fontaine

Dimanche dernier a eu lieu une marche sur le feu à la Sapèl la Mizèr rassemblant de très nombreux fidèles. À cette occasion, Daniel Singaïny, président de la Sapèl la Mizèr et prêtre tamoul, nous apporte quelques éclaircissements sur l’événement.

« C’est l’histoire du "Mahâbhârata" en langue officielle hindoue, mais nous, à La Réunion, nous disons "Marbaldom", car nous sommes d’origine tamoule et non hindoue.
Pendant 18 jours, nous étudions l’histoire de Draupadî, dit Dolvédé à La Réunion, à qui est dédiée cette marche. Nous faisons carême, nous ne mangeons pas de viande et nous n’avons pas de rapport, les marcheurs se purifient par des prières et des cérémonies, et grâce à leur présence au temple, duquel les hommes ne sortent que pour aller travailler. Ils dorment au sein de la sapèl. Les femmes rentrent dormir à la maison. Nous vivons en communauté, seulement hommes et femmes restent chacun de leur côté.

2ème dimanche du mois de juillet

Le jour de la marche, nous commençons par préparer le feu vers 6 heures puis l’allumer. Puis une procession est organisée jusqu’à un point d’eau ou une rivière, pour nous, c’est la ravine Saint-Gilles. Nous sommes habillés en Indien. Pendant 18 jours, nous vivons comme des Indiens même si, avant tous, nous sommes Réunionnais. Enfin, à notre retour vers 16 heures, nous effectuons la marche sur le feu qui est la clôture de la cérémonie.
Comme la religion tamoule accorde une grande liberté, à chacun de choisir la date qui lui convient, le moment où toutes les conditions sont réunies. Nous avons choisi de faire cette cérémonie le 2ème dimanche du mois du juillet. Cette année, c’était la 42ème marche sur le feu à la Sapèl la Mizèr.
La marche sur le feu est un événement qui est arrivé en 2000 ans avant JC dans la religion hindouiste. Il vient de la région dont les Malbars de l’île sont originaires, c’est donc pour nous une très ancienne tradition qui a une grande importance. La religion hindoue offre une grande tolérance, nous pouvons choisir les divinités que nous préférons prier et honorer. C’est la seule religion qui permet cela.

Une belle revanche sur le passé

À la Sapèl la Mizèr, cet événement prend une saveur particulière car, pendant longtemps, M. De Villèle, malgré la loi qui autorisait les engagés indiens à pratiquer leur culte, a interdit les sapèl et les cérémonies sur son domaine. Aussi nous sommes fiers, 100 ans après, d’avoir créé cette première chapelle à Villèle il y a 42 ans et d’y organiser des marches sur le feu. D’autant plus que j’ai longtemps été rejeté en tant que prêtre tamoul du fait de mon métissage, mon père était malbar et ma mère yab. Aussi, j’ai parfois quelques conflits avec la Fédération tamoule de La Réunion dont je fais partie du Conseil d’administration. Certains disent que je suis une forte tête, mais j’ai toujours dit ce que je pensais. De toute manière, pour avancer, il est bon d’avoir une opposition ».

Propos recueillis par CF


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