An 5109

Une seconde du sommeil de Brahma

14 avril 2008

Depuis quarante ans, la mi-avril donne lieu à la célébration du « Nouvel an tamoul ». Elle fut d’abord célébrée dans les familles, autour des koïlou (ou koyil) qui à partir de la fin des années 60 - certains donnent 1968 comme référence précise - œuvrèrent au « renouveau du mouvement culturel tamoul » ; puis elle a pris au fil des ans sa place parmi les rendez-vous culturels partagés de la société réunionnaise. Aujourd’hui, bon nombre de municipalités - laïques - organisent des réjouissances à cette occasion.

C’est après 1947 que le nouvel an tamoul a pris en Inde un regain de vigueur.
(Photos PD)

Que fête-t-on ce jour-là ? L’an 5109 est la référence à l’un des très nombreux calendriers existant en Inde, où les autorités ont adopté le calendrier universel depuis l’Indépendance (1947). Mais les traditions hindoues ont gardé de nombreux calendriers, ponctuant des ères mythiques ou régionales, produits de l’extrême diversité de la civilisation indienne. Et c’est aussi après 1947 que le nouvel an tamoul - Tamij Varusha Purapu - a pris en Inde un regain de vigueur. C’est en Inde « une fête religieuse avec un fort volet culturel » explique Benoît Cadeby, du temple de Saint-Paul, « alors que le Pongol est traditionnellement en Inde la fête de la moisson, une fête sociale et culturelle avec un volet religieux ».
Nous serions donc en l’an 5109 de l’ère du Kaliyûga, à laquelle font référence des textes religieux hindous, ponctuée par des années solaires et luni-solaires et commencée approximativement en 3101-3102 avant l’ère chrétienne (appelée en Inde Kristabda). En fait, des Hindous auraient calculé que le début de cette ère correspondait au 18 février 3102 avant notre ère - ce qui correspond à la période ascendante de la civilisation de l’Indus, entre le milieu du IIIème millénaire et le milieu du IIème millénaire, avant l’arrivée des tribus indo-européennes dans le nord-ouest de l’Inde, vers 1500 avant JC - soit encore mille ans avant la naissance du futur Bouddha.
Pour des Réunionnais, qui n’ont que trois petits siècles d’histoire, cela donne un peu le tournis. Mais gardons les pieds sur terre.
Comme les peuples du Nord de l’Inde ont ensuite envahi le Sud, malgré la forte résistance des Dravidiens, leurs valeurs culturelles ont été plus ou moins adoptées par tous.
Le début de l’ère Kali yuga correspondrait à la fin de la grande guerre qui est le sujet principal du Mahâbhârata, grand poème épique (18 livres, plus un), texte fondateur et... première superproduction indienne, avec pas moins de 120 personnages et des centaines de figurants (membres des familles et des clans), de nombreuses villes, forêts, montagnes ou lacs qui dessinent les paysages du sous-continent et quelques hauts faits mémorables de ses premiers habitants.

P. D.


Cycles cosmiques

Kali yûga (âge des conflits ou âge de fer) est le dernier et le plus court (432.000 ans) des cycles cosmiques de la cosmogonie brahmanique. Chaque Yuga (cycle cosmique) est suivi d’un temps de « repos cosmique » puis d’un autre yuga, et ainsi de suite. Quatre yuga (ou Maha yuga) correspondent à 4.320.000 de nos années de Terriens. Chaque âge cosmique est un multiple de 432.000 (et multiple de 60).
Krita Yuga, le premier âge, est de 1.728.000 ans (4 fois notre ère) ; Treta yuga, le 2ème âge, est de 1.296.000 an (3 fois notre ère) ; Dvapara Yuga, le 3ème âge, est de 864.000 ans et Kali Yuga, 432.000 ans.
Et deux mille de ces Maha Yuga - appelées Kalpa, font « un jour et une nuit de Brahma » soit 8 milliards 640 millions de nos années terriennes. Ce qui fait à ce brave homme - Brahma, dans la métaphore « un jour et une nuit » - plus de deux fois l’âge du Soleil...


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