Victor Hugo soutient la MCUR

11 août 2009

« Personne plus que moi-même, messieurs, n’est pénétré de la nécessité de stopper le gaspillage de l’argent public ; seulement, à mon avis, le remède… n’est pas dans quelques économies chétives ; ce remède serait, selon moi, plus haut et ailleurs ; il serait dans une politique intelligente et rassurante, qui donnerait confiance à la République, qui ferait renaître l’ordre, le travail et le crédit
J’ai déjà voté et continuerai de voter la plupart des réductions proposées, à l’exception de celles qui me paraîtraient tarir les sources mêmes de la vie publique et de celles qui, à côté d’une amélioration financière douteuse, me présenteraient une faute politique certaine. C’est dans cette dernière catégorie que je range les réductions proposées (…).
Eh bien ! Quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts […] Et c’est dans un pareil moment, devant un pareil danger, qu’on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, de détruire l’ignorance !

On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs (…) des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire aussi dans le monde moral, et qu’il faut allumer les flambeaux pour les esprits ?

Il importe, messieurs, de remédier au mal : il faut redresser, pour ainsi dire, l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est là la grande mission, la mission spéciale…, il faut relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et là seulement, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même, et par conséquent la paix de l’homme avec la société

Pour arriver à ce but, messieurs, que faudrait-il faire ? Il faudrait multiplier les écoles, les chairs, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies.

Vous êtes tombés dans une méprise regrettable ; vous avez cru faire une économie d’argent, c’est une économie de gloire que vous faîtes. Je la repousse pour la dignité de la France, je la repousse pour l’honneur de la République »

* Extrait du discours de Victor Hugo prononcé le 10 novembre 1848 devant l’Assemblée nationale, discours toujours d’actualité (Cf. le texte intégral : Les deniers de la culture, in Libération, mercredi 22 novembre 1995).

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus