Ce soir au Théâtre du Grand Marché

Voyage dans l’univers d’Alex Legrand

16 novembre 2007, par Edith Poulbassia

Une histoire vieille comme le monde, celle des rapports familiaux : c’est ce que l’auteur Nathalie Fillion a mis en scène dans “Alex Legrand”, une pièce produite par le Théâtre du Baldaquin. Les Théâtres du Grand Marché et Les Bambous se sont associés pour accueillir ce spectacle.

Alex Legrand n’est autre que le fils d’Alexandre et d’Alexandra Legrand. Rien à voir avec le personnage historique, le conquérant. Alex Legrand est écrivain, il vit dans une chambre avec son amie Annabel Lee. Sa chambre est son lieu de vie, et c’est dans cet espace qu’il accueille le spectateur pour un voyage dans son intimité, et celle de ses relations avec ses parents.
Alex Legrand vient de publier un livre intitulé “Avant que tes vers me bouffent” ! Mais voilà, ce livre concerne directement ses parents, il y règle ses comptes avec sa famille. C’est le même jour qu’Alexandre et Alexandra Legrand décident de rendre visite à leur fils : « Alex Legrand est dans un état de panique totale : ses parents vont arriver chez lui d’une minute à l’autre, ils ne savent rien du livre de leur fils, ils ne savent pas qu’il les a tués. Ils viennent simplement prendre le thé et faire connaissance avec Annabel ».
En attendant l’arrivée de ses parents, l’imagination d’Alex va lui jouer des tours. Monsieur et Madame Legrand vont surgir à plusieurs reprises de l’armoire, sorte de boîte de Pandore, et donner lieu à des scènes fantasmatiques, entrecoupées de retour à la réalité. Jusqu’à ce que les parents apparaissent pour de vrai, mais la réalité ne sera-t-elle pas pire que l’imagination d’Alex ? Monsieur et Madame Legrand vont tomber par hasard sur le “livre assassin”... « Alex Legrand est une histoire de rapports aliénés : un fils paralysé par ses parents, des parents paralysés par leur fils ; une histoire d’amour, des histoires d’amour invivables. Une histoire de mots aussi, de mots dits, de mots tus, de mots aux pouvoirs magiques, de mots qui créent la vie, de mots qui la condamnent ».

Un poème d’Edgar Poe

“Alex Legrand” est la troisième pièce de théâtre de Nathalie Fillion, produite par le Théâtre du Baldaquin, à Cergy Pontoise. « Interroger la fonction de la parole, explique Nathalie Fillion, telle est mon obsession quand j’écris pour le théâtre. Dans “Alex Legrand”, elle est au moins double. La parole tait et fait taire, autant qu’elle dit. Une parole qui échappe, trahit, dévoile, celle qui s’échange dans la complexité de la relation. Une parole de l’instant, non préméditée, qui s’énonce soudain parce que ce jour-là, à cet instant-là, empêtrés dans des émotions contradictoires, ces êtres-là ne pouvaient dire que ces mots-là, à ce rythme-là, dans ce désordre-là. Au cœur de ce désordre, sombre et limpide, un poème d’Edgar Poe : “Annabel Lee” ». La fiancée d’Alex est aussi un poème.
Ecrivain mais aussi actrice et metteur en scène, Nathalie Fillion est l’auteur de deux autres pièces : “Pauvre Télémaque ou pas facile d’être le fils d’Ulysse”, mise en scène par Stéphane Vallé, produite et créée à la Scène Nationale de Cergy Pontoise en 1997, et “Dans la gueule du loup”, spectacle itinérant pour un théâtre vide, dont elle est l’auteur et le metteur en scène. Pour Nathalie Fillion, « mettre en scène son propre texte, c’est accepter de se laisser surprendre par ce qu’on a soi-même inscrit dans un autre espace/temps. C’est se saisir d’autres outils, d’un autre vocabulaire, pour mettre à jour un mystère. C’est poursuivre sa quête autrement. C’est donner à la sensualité du plateau, à l’espace, aux corps et aux voix le soin d’éclairer sa part d’ombre ».

Le spectacle a lieu ce soir au Théâtre du Grand Marché (ainsi que samedi et dimanche).
Et au Théâtre Les Bambous mardi prochain, puis de jeudi jusqu’à samedi.


Edith Poulbassia


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