Laurent Vergès vouait un profond attachement au peuple réunionnais - à travers ses amis, ses fréquentations - et à son histoire. Depuis l’enfance, il avait vécu des événements forts de la vie politique de son île et en avait tiré une culture qu’il a très tôt cherchée à traduire dans un engagement personnel très entier.
Un livre, publié à sa mort - “Laurent, jeunesse rebelle” - retrace cette courte et dense histoire d’un engagement trop tôt brisé : Laurent le rebelle depuis l’enfance à toutes les formes d’injustice, Laurent le journaliste reporter d’images, Laurent le politique, élu conseiller régional puis député, Laurent l’esprit curieux de tout ce qui faisait la richesse culturelle de son pays.
En ce 20ème anniversaire, quelques proches dalon ont préparé un hommage à sa jeune vie volée.
A l’initiative des écrivains poètes Annie Darencourt et Patrice Treuthardt, l’idée d’un Kabar fonnkèr “Laurent nout dalon” a pris naissance, pour dire à ceux et celles qui ont 20 ans aujourd’hui, et qui n’ont pas connu Laurent, quel exemple ils peuvent encore puiser à sa courte existence.
« 2008 nou lé ansanm » - c’est l’esprit du kabar - vient rappeler la permanence de l’amitié, par-delà la mort, et l’actualité des combats menés par Laurent : pour l’égalité de droit entre tous les citoyens, contre les vestiges du colonialisme et contre son mépris rampant (ou affiché) ; pour l’autonomie et l’identité réunionnaise, et au-delà - car il n’a jamais été refermé sur des positions aussi vaguement nationalistes que bornées - pour toutes les revendications de liberté dans le monde.
Il savait aborder les questions les plus difficiles en commençant par déjouer les pièges du conformisme et des “évidences” des idéologies dominantes, d’où qu’elles viennent. On ne défend pas les libertés en se laissant garrotter la pensée par les ennemis des libertés fondamentales. C’était un passionné des problèmes internationaux : jeune reporter photographe, il avait fait son premier reportage photographique lors de la visite du secrétaire général du PCF à La Réunion, en 1979 et s’était rendu ensuite en Erythrée et en Amérique centrale.
Autour du petit noyau initial se sont agrégés plusieurs anciens dalon qui, comme Jacky Ethéocle, ont multiplié les contacts vers des artistes : fonkézèr, peintres, graphistes, photographes, musiciens et chanteurs... Tous ont répondu très spontanément et interviendront gratuitement, en souvenir d’un jeune homme qui manifestait une profonde curiosité envers le travail des acteurs culturels et le sens de leur présence et de leurs interrogations, dans notre société. Le plasticien Jack Beng Thi a réalisé un triptyque qui a été repris pour l’affiche publiée ici. Toute la préparation du Kabar a été faite sous la responsabilité d’amis, et gratuitement. Loin des flots de millions dont on entend parler ici ou là...
Laurent Vergès avait une qualité rare qui faisait de lui un rassembleur et un guide. Tous ceux qui ont répondu présent pour le Kabar de samedi témoignent de la présence de Laurent Vergès, de la vie de ses idées parmi nous et de l’importance de transmettre toutes ces valeurs à la jeunesse.

Samedi 19 avril 2008 à 20 heures

 Kabardock, rue La Bourdonnais, Le Port 

Musique, fonnkèr, témoignages

Groupes : Ti Loune ; Ti Fock ; Christine Salem ; Thierry Gauliris ; Fami Mélodi ; Nathalie Natiembé ; Arsène Cataye et Dédé Lansor ; Alix Poulot ; Danyèl Waro

Fonnkézèr : Patrice Treuthardt ; Annie Darencourt ; Babou B’Jalah ; Krishna Damour ; Franky Lauret ; Carpanin Marimoutou.