À la mémoire d’André Belleville : un grand ami des travailleurs réunionnais

26 mai 2006

L’enseignant et syndicaliste André Belleville, ancien dirigeant national de la F.E.N. en France, s’est éteint à Dijon, en Bourgogne, dans la matinée du mardi 23 mai à l’âge de 72 ans. Il était bien connu dans les milieux politiques et syndicaux de La Réunion, où il a effectué plusieurs séjours. Notre ami Eugène Rousse, avec qui il a beaucoup milité au service de La Réunion, lui rend hommage. “Témoignages” s’associe à cet hommage et adresse ses condoléances fraternelles à sa famille et à toutes les autres personnes touchées par cette disparition.

M’étant lié d’amitié depuis près de 40 ans avec cet infatigable militant que fut André Belleville, je voudrais évoquer ici brièvement ce qu’a été sa vie.
Fils de policier, André Belleville est né à Dijon en 1934. À sa sortie de l’École normale, où il prépare et obtient un diplôme d’instituteur spécialisé, il est chargé de l’éducation des jeunes en grande difficulté scolaire. Ce qui le conduira à diriger la première Section d’éducation spécialisée (SES) créée à Dijon en application de la loi René Haby du 11 juillet 1975.
Irréprochable au plan professionnel, André Belleville a été un militant syndical et social remarquable avant de s’engager avec beaucoup d’enthousiasme dans la politique active après son départ en retraite en 1990.
Au sein du mouvement syndical et singulièrement de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN), où il siégeait dans les instances dirigeantes, il a inlassablement œuvré pour que l’École publique ait les moyens de sa mission, pour que l’unité syndicale devienne réalité et pour que la société française soit plus égalitaire. Il a en outre accepté de s’occuper tout spécialement des problèmes extra-métropolitains et internationaux, ainsi que de tout ce qui touche à l’enfance inadaptée.

Pour l’application de la loi du 19 mars 1946

Les plus anciens d’entre nous se souviennent des courageuses prises de position d’André Belleville à la tribune des congrès nationaux de son organisation à l’époque où les partis progressistes des DOM revendiquaient avec force le "droit à l’autodétermination" des populations de leur territoire. Le syndicaliste dijonnais s’était alors employé à démontrer qu’une situation de "type colonial" subsistait dans les DOM et qu’il convenait d’y mettre fin. Il a ainsi contribué à obliger le gouvernement à étendre aux "confettis de l’Empire" la plupart des lois métropolitaines qui auraient dû y être appliquées dans les toutes premières années qui ont suivi le vote de la loi du 19 mars 1946 dont nous venons de célébrer avec éclat le 60ème anniversaire.
Après avoir été pendant 35 ans un dévoué serviteur de l’École publique et milité pendant près de 30 ans au sein de multiples associations, André Belleville s’engage après 1990 dans la politique, guidé par son souci permanent de justice et de progrès social.
Il devient rapidement un cadre du PCF, spécialiste des problèmes de l’Outre-mer français et des problèmes internationaux. L’essentiel de son temps se passe alors au siège national de son parti et dans de fréquents et interminables voyages en différents points du globe.

Pour une société plus solidaire

À La Réunion, où il s’est rendu à plusieurs reprises en compagnie de Denise, son épouse et où j’ai eu la joie de l’héberger, son agenda était toujours chargé. Ses rencontres avec le monde du travail, les responsables politiques et syndicaux locaux se prolongeaient parfois tard dans la nuit. Mais, grand amoureux de la nature, de cette nature réunionnaise devant laquelle il ne cessait de s’extasier, il consacrait ses week-ends à des randonnées à travers l’île.
Lors de son dernier séjour à La Réunion, du 10 au 23 novembre 2003, à l’occasion du congrès de la Fédération nationale des Pupilles de l’école publique (PEP) tenue à Saint-Gilles, alors qu’il était déjà engagé dans le combat contre le mal qui vient de le terrasser, il avait tenu à rendre visite à des amis résidant aux quatre coins de l’île (Cilaos, La Plaine des Cafres, Saint-Joseph, La Montagne...).
Une façon peut-être de leur dire adieu. Un douloureux adieu que nous sommes aujourd’hui très nombreux à La Réunion à lui adresser, en lui exprimant encore une fois notre gratitude pour sa contribution à l’édification d’une société plus solidaire.
À son épouse Denise, à ses enfants et à ses petits enfants nous souhaitons beaucoup de courage dans les moments d’épreuve qu’ils vivent et les assurons que nous resterons fidèles à la mémoire de celui qui va cruellement leur manquer.
Adieu André.

Eugène Rousse


Obsèques d’André Belleville

Les obsèques d’André Belleville se dérouleront comme suit à Dijon :

Samedi 27 mai
Veillée dans la salle Devosge (salle municipale) de Dijon.
À 10 heures : différentes allocutions seront prononcées, notamment par :

- Daniel Perron au nom des enseignants de la Bourgogne,

- le maire de Dijon,

- le syndicaliste Alfred Sorel,

- l’ancien ministre Michel Dufour ;
Interviendront ensuite des membres de la famille.

Lundi 29 mai
Incinération à Dijon.


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