Commémoration de l’assassinat d’Edouard Savigny

À Saint-André, il y a cinquante ans

7 décembre 2017, par Paul Dennemont

Dix ans après la disparition du Dr Raymond Vergès, le 2 Juillet 1957, et la fameuse élection municipale partielle du 15 septembre de la même année qui allait marquer le début de l’institutionnalisation de la fraude et des violences électorales à la Réunion, Saint-André va vivre une année 1967 particulièrement agitée, sur le plan politique et électoral.

Yves Allaguérissamy et Alber Préjean, de la Section de Saint-André, qui figuraient sur la liste de Paul Vergès en décembre 1967.

Tout commence par des manifestations répétées devant la mairie, les manifestants de divers bords politiques -et ils sont très nombreux et décidés-réclament le départ du maire, Jean Ramassamy, et son conseil municipal, en place depuis juin 1963 . Ils auront gain de cause. Suite à la démission de nombreux élus, une délégation spéciale est installée et une nouvelle élection a lieu le 24 septembre. Sont candidats, le maire sortant, Jean Ramassamy, le Dr Sully Dubard, médecin à Saint-André et Paul Vergès, le dirigeant du PCR. Le scrutin va se dérouler dans des conditions de fraude et de violences telles que le préfet Jean Vaudeville se voit contraint de stopper les opérations de vote. Une petite rue baptisée « Rue du 24 Septembre », à proximité de l’église, nous rappelle encore aujourd’hui cette triste journée.

De nouvelles élections (municipale et une cantonale) ont lieu le 10 décembre. Jean Ramassamy ne se représente plus. Sont en lice Paul Vergès et le Dr Dubard qui devient le candidat « national », comme l’on disait, à l’époque, pour désigner le candidat du Pouvoir en place. Pour l’anecdote, le Dr Dubard s’était offert le slogan « L’important, c’est la rose », du titre de la toute nouvelle chanson à succès de Gilbert Bécaud ! Des tee-shirts arborant le slogan avaient été distribués, en grande quantité, au cours de la campagne.

Cette journée du 10 décembre ne sera pas moins agitée que celles des scrutins précédents, et ce, en dépit du protocole signé par les représentants des deux camps. Les assesseurs communistes sont expulsés des bureaux de vote, des fraudes massives sont organisées. En fin de matinée, un militant communiste, Edouard Savigny est frappé à mort à proximité de la mairie. Dans l’après-midi Paul Vergès est arrêté par les forces de l’ordre sur réquisition du président de la délégation spéciale ! Le Dr Dubard est élu sans surprise maire de Saint-André. « L’important, c’est la rose » va résonner, mais pas pour longtemps puisque le scrutin validé - là encore, sans surprise - par le tribunal administratif sera, à juste titre, annulé par le Conseil d’Etat en novembre 1969. Les électrices et électeurs de Saint-André seront appelés une nouvelle fois aux urnes le 21 décembre. Le Dr Dubard renonce à se représenter malgré l’offre alléchante de la Préfecture qui - selon l’intéressé, lui-même, dans une déclaration à la presse en décembre 1995–lui aurait proposé une somme équivalent à quatre fois le prix de la maison qu’il était en train de construire !! !

Il ne s’agit là que d’un bref résumé des faits qui méritaient d’être rappelés, à l’occasion de ce 10 décembre 2017, date du cinquantième anniversaire de l’assassinat d’Edouard Savigny.

Paul Dennemont
Saint-André

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